Thomas Perret – Mon Petit Placement : inflation, « le portefeuille Sérénité permet de s’acheter un taux fixe pendant 5 ans »

Patrimoine - Pourquoi s'intéresser au portefeuille Sérénité en période d'inflation ? Quels sont les avantages de ce produit d'épargne par rapport au Livret A ? Thomas Perret, Président et Fondateur de Mon Petit Placement, répond en exclusivité au Courrier Financier.

En matière d’épargne, les Français privilégient le Livret A pour se protéger de l’inflation. Si ce produit a été revalorisé à 3 % en février dernier, son taux reste inférieur à l’inflation (5,9 % en France pour le mois d’avril 2023). Dans cette période d’instabilité, la fintech lyonnaise Mon Petit Placement propose des alternatives — disponibles dans les contrats d’assurance vie d’Apicil et Générali. Quels sont les avantages du portefeuille Sérénité, lancé en mars 2023 ? Quelles perspectives pour Mon Petit Placement en 2023 ? Thomas Perret, Président et Fondateur de Mon Petit Placement, répond en exclusivité au Courrier Financier.

Le Courrier Financier : Mon Petit Placement, qu’est-ce que c’est ?

Thomas Perret : Mon Petit Placement est une plateforme d’épargne en ligne, lancée en 2020. Notre fintech est implantée à Lyon (Rhône). Nous regroupons aujourd’hui 50 collaborateurs, dont la moitié sont des conseillers. Notre vocation particulière, c’est de rendre l’investissement financier accessible à tous — peu importe le niveau d’éducation financière et le niveau de revenu ou de patrimoine.

Thomas Perret - Mon Petit Placement : inflation, « le portefeuille Sérénité permet de s’acheter un taux fixe pendant 5 ans »
Thomas Perret

Le mot-clé de notre projet, c’est l’accessibilité de l’investissement pour les particuliers. Cela passe par de la pédagogie, une simplicité d’usage et un accompagnement personnalisé. Fidèle à cette philosophie de proximité, nous avons fait le choix de proposer une gamme restreinte de quatre portefeuilles d’investissement. La pédagogie financière est un de nos points forts.

Nous proposons deux types d’accompagnement. Le premier est un accompagnement personnalisé. Tous les six mois, le client interagit avec son conseiller (souvent par téléphone). Le deuxième accompagnement permet de se former. Nous organisons ainsi un webinaire toutes les six semaines, et nous diffusons une newsletter mensuelle. Notre comité d’investissement se réunit tous les trimestres pour produire une « note de gestion ». Il s’agit d’expliquer ce qu’il y a dans nos portefeuilles et comment ceux-ci fonctionnent.

C.F. : A quelle clientèle de particuliers vous adressez-vous ? Qui est votre client-type ?

T.P. : En trois ans d’existence, nous avons convaincu 22 000 clients-investisseurs. Nous avons deux profils client principaux. Le premier est un jeune actif urbain (18 à 35 ans) plutôt CSP+. Il cherche un outil d’épargne digital simple à utiliser. Le deuxième est plus âgé (35 à 50 ans), c’est plutôt un CSP intermédiaire. C’est un épargnant moins averti, qui cherche à faire fructifier son épargne sans avoir à y passer trop de temps.

Nos clients-investisseurs sont en majorité des hommes (75 %) sauf pour notre offre destinée aux enfants. Par rapport au reste de notre gamme pour les majeurs, nous y trouvons une surreprésentation des mères de famille — qui investissent pour leurs enfants. Nous distribuons nos produits en France uniquement (métropole et outre-mer) principalement auprès de clients français. Pour le moment, notre plateforme n’est accessible qu’en français.

C.F. : Pourquoi avez-vous lancé le portefeuille Sérénité ? Qu’est-ce qui caractérise ce produit ?

T.P. : Dans le contexte inflationniste actuel, le portefeuille Sérénité a vocation à répondre aux besoins des Français en termes de sécurité, de visibilité et d’outils d’épargne. Le taux du Livret A est très important en ce moment (3 % à l’heure où nous nous parlons) parce qu’il est corrélé à l’inflation [La France a connu 5,9 % d’inflation en avril 2023 sur un an glissant, d’après les chiffres de l’Insee]. Ce lien fait à la fois sa force et sa faiblesse. Quand l’inflation diminuera de nouveau, le taux du livret A devrait suivre la tendance.

Avec le portefeuille Sérénité, le capital est garanti à l’échéance — c’est-à-dire pendant 5 ans. La rémunération garantie est de 2,7 % par an nette de frais de gestion (3,2 % brut). C’est un produit structuré construit et garanti par la banque Morgan Stanley — indirectement, c’est un peu une obligation. Ce produit n’est distribué que via Mon Petit Placement. Sur notre plateforme, nous proposons un autre produit structuré : le portefeuille Anti-Inflation. C’est un portefeuille dont le capital est garanti à l’échéance et dont la rémunération égale le taux de l’inflation de la zone euro. Nos autres produits sont des OPCVM classiques.

C.F. : Les produits structurés sont perçus comme complexes. Comment accompagnez-vous vos clients avec le portefeuille Sérénité ?

T.P. : Nous avons éliminé les produits structurés « complexes » à formule — ceux qui dépendent d’indices financiers pour un éventuel remboursement à échéance. Nous ne proposons que deux produits structurés simple. Le portefeuille Sérénité n’inclut pas de conditions sur la performance (2,7 % net frais de gestion, capital garanti à horizon 5 ans). La seule condition étant que Morgan Stanley ne fasse pas défaut.

Notre deuxième produit structuré est notre portefeuille Anti-Inflation, qui est adossé à un indice, celui de l’inflation. Aujourd’hui, c’est un indice qui parle beaucoup aux Français. Bien que ce soit un produit structuré, il reste quand même compréhensible par une grande partie de la population française, selon nous. Nous le voyons comme un bouclier contre l’inflation.

C.F. : Pourquoi choisir le portefeuille Sérénité plutôt que le Livret A ?

T.P. : Le premier avantage du portefeuille Sérénité, c’est son taux garanti pendant 5 ans. C’est une grande différence avec le Livret A, dont le taux peut être réévalué chaque trimestre. Nous savons que les banques centrales agissent pour que l’inflation retombe autour de 2 %. Quand l’inflation va diminuer, le taux du Livret A sera évalué à la baisse. Vraisemblablement, le Livret A va retomber entre 1 % et 1,5 % d’ici 18 à 24 mois.

En complément d’un Livret A, le portefeuille Sérénité permet au client de « s’acheter un taux fixe » pendant 5 ans. Rappelons que le taux du Livret A peut être réévalué chaque trimestre. Le deuxième avantage du portefeuille Sérénité, c’est son absence de plafond. Le Livret A est plafonné en termes de montant [22 950 euros pour les particuliers et 76 500 euros pour les personnes morales NDLR], alors que le portefeuille Sérénité n’a pas de limite. Depuis son lancement le 1er mars 2023, nous comptons environ 1 000 souscriptions.

C.F. : Quels sont les frais associés ? Comment Mon Petit Placement se rémunère-t-il ?

T.P. : C’est relativement simple. Morgan Stanley prélève des frais de souscription à la signature. Nous touchons 1,5 % du montant qui est investi par chaque client — c’est notre unique rémunération. Le client payera aussi les frais de gestion du contrat d’assurance vie dans lequel est compris le portefeuille Sérénité. Nous ne prenons pas de commission de performance sur ce produit d’épargne.

Le minimum pour investir est de 1 000 euros. En moyenne, chaque investisseur place 4 000 à 4 500 euros dans le portefeuille Sérénité. Toutefois, le montant qu’il y consacre dépend de la structuration de son patrimoine. Nous avons des clients avec de gros patrimoines (100 000 euros), qui considéreront que c’est intéressant de placer cette somme pour éviter la dévaluation liée à l’inflation. A l’inverse, nous avons des clients petits porteurs qui vont mettre 1 000 euros en considérant que c’est mieux que de les laisser dormir sur leur compte courant.

C.F. : Quelles sont vos perspectives de développement en 2023 ?

T.P. : En 2022, pour notre troisième année d’existence, nous avons passé le cap des 100 millions d’euros investis. Ce résultat montre l’effet boule de neige de notre modèle, parce que nos clients investissent régulièrement pour maîtriser leur risque dans la durée. Cela nous permet d’avoir une croissance intéressante. Nous visons 180 millions d’euros d’encours sous gestion à fin 2023. Cela fera 100 millions d’euros de collecte nette sur l’année glissante.

Nous avons un objectif de 50 000 clients-investisseurs — cela nous permettra d’atteindre un certain niveau d’équilibre. Nous devrions atteindre cet objectif d’ici 18 à 24 mois. D’ici la fin de l’année, nous travaillons sur une offre retraite sous la forme d’un Plan d’Epargne Retraite (PER). Nous réfléchissons aussi potentiellement à un Plan Épargne Entreprise (PEE) d’ici 2024. Ce sont des demandes récurrentes de nos clients.

La piste du complément retraite rentre bien dans la proposition de valeur de Mon Petit Placement. Ce n’est pas forcément adressé par le marché de l’épargne, qui se concentre aujourd’hui sur les entrepreneurs ou les professions libérales. Ces derniers ont déjà des retraites conséquentes qu’ils cherchent à optimiser. Chez Mon Petit Placement, nous voudrions plutôt nous adresser aux Français qui touchent de petites retraites.

[D’après le site officiel Vie Publique, la « petite retraite » désigne une pension mensuelle brute d’un montant inférieur à 1 000 euros — ce qui correspond à peu près au seuil de pauvreté pour une personne seule. Début 2020, plus d’un tiers (37 %) des 15,5 millions de retraités en France étaient dans cette situation NDLR]

C.F. : Le PER est-il vraiment adapté pour les petites retraites ?

T.P. : D’un point de vue pure défiscalisation, c’est vrai que le PER intéresse les tranches d’imposition supérieures. Mais la formule reste pertinente, indépendamment de l’avantage fiscal ! Si vous versez 50 euros par mois sur un PER, vous pouvez compter sur un complément de retraite de 200 à 300 euros mensuels. Pour une petite retraite, c’est non négligeable.

C.F. : Comment voyez-vous l’avenir de l’épargne en ligne et du secteur fintech en France ?

T.P. : Aujourd’hui dans le monde des fintechs et de l’épargne, beaucoup d’acteurs se positionnent assez vite sur les gros montants. Chez Mon Petit Placement, nous voulons vraiment être un peu le Robin des Bois qui rendra cela accessible. C’est important de ne pas céder à l’appât du gain. Nous pouvons gérer de gros volumes d’investissement, sans pour autant sacrifier l’accompagnement humain. Gérer cette équation, c’est notre travail quotidien.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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