Marchés financiers : duration courte

Asset Management - Cette semaine, les investisseurs guettent la fin du cycle de hausse des taux. Faut-il miser sur cette tendance ? Comment adapter sa stratégie d'investissement ? Les équipes de Muzinich & Co. publient leur analyse hebdomadaire des marchés financiers.

La semaine dernière, les marchés étaient plus calmes en raison de la faiblesse du sentiment du marché suscité par les nouvelles politiques et économiques, conjuguée à une faiblesse saisonnière des facteurs techniques. Alors que les investisseurs reviennent de la pause estivale, rien ne semble différent à première vue.

La Chine continue d’apporter des mesures de soutien, annonçant un assouplissement significatif pour les acheteurs d’un premier et d’un second logement au niveau national. Les responsables politiques chinois et américains continuent de se livrer à un bras de fer soutenu en matière de sanctions.

Croissance versus stagnation

Aux États-Unis, les données économiques montrent qu’un marché du travail robuste et persistant stimule la croissance, comme l’a démontré cette semaine l’indice ISM des services, qui a dépassé les attentes à 54,5 contre un consensus de 52,5. Toutes les sous-composantes ont contribué à ces données meilleures que prévu, la composante emploi augmentant à 54,7. Dans le même temps, le rapport hebdomadaire sur les demandes d’allocations chômage est tombé à 216 000, le niveau le plus bas depuis février.

En Europe, tous les signes de stagnation se sont poursuivis ; la publication finale de l’indice PMI composite de la zone euro pour le mois d’août a été révisée à la baisse à 47,9, les indices de l’industrie manufacturière et des services étant tous deux en forte contraction. La dernière révision de la croissance du deuxième trimestre dans la zone a été abaissée de 0,2 %, ce qui signifie que la croissance du premier et du deuxième trimestre n’a été que de 0,1 % d’un trimestre à l’autre.

Vers la fin des hausses de taux ?

Plusieurs banques centrales occidentales continuent de signaler la fin de leurs cycles de resserrement, la Banque de réserve d’Australie et la Banque du Canada ayant laissé leurs taux directeurs inchangés lors de leur réunion de septembre. Au Royaume-Uni, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, a déclaré que la politique était « proche du sommet du cycle ».

Les investisseurs s’attendent actuellement à ce que le FOMC (Federal Open Market Committee) et la Banque centrale européenne (BCE) maintiennent leur taux d’intérêt inchangé ce mois-ci. Les banques centrales des pays émergents continuent d’assouplir leur politique ; la semaine dernière, la Pologne et le Chili ont tous deux réduit leurs taux directeurs de 75 points de base.

Deux indicateurs de tendance

Toutefois, deux indicateurs ont attiré notre attention, car ils ne correspondent pas à une supposée poursuite de cette tendance. Tout d’abord, les prix du pétrole, qui ont augmenté tout au long du mois d’août sous l’effet de la décision de l’OPEP+ de maintenir les réductions de l’offre jusqu’à la fin de l’année.

Si les prix du pétrole restent à leurs niveaux actuels pendant une période prolongée, ils sont à la fois inflationnistes et contraignants pour la croissance. Cela mettrait à mal le consensus sur l’atterrissage en douceur aux États-Unis, exacerberait la stagflation en Europe et mettrait brusquement fin à l’assouplissement monétaire dans les pays émergents.

Le deuxième indicateur est la prime de risque des actions aux États-Unis, qui est très faible (voir le graphique de la semaine). La baisse du ratio bénéfice/cours indique que le sentiment des investisseurs est positif et que le potentiel des bénéfices est sous-estimé à l’avenir. Cette évolution est conforme au scénario d’atterrissage en douceur de l’économie américaine et à l’amélioration de l’état d’esprit observée au cours des mois d’été.

Choisir la duration courte

Toutefois, certains signes indiquent que ce sentiment positif se dissipe au début du mois de septembre — la croissance des bénéfices pourrait être remise en cause par la tension sur le marché du travail et l’inflation des prix du pétrole.

Par ailleurs, la faible prime de risque des actions indique plutôt que les investisseurs exigent désormais une prime de risque plus élevée pour détenir des obligations d’État américaines, par rapport à l’histoire récente. Les investisseurs sont désormais préoccupés par la combinaison d’un endettement croissant, d’une augmentation de l’offre et de l’anticipation d’une hausse de l’inflation.

Cela nous amène à recommander des stratégies d’obligations d’entreprise de duration courte pour éviter la correction probable des valorisations sur les marchés d’actions et la hausse de la prime de risque sur les obligations d’État à plus long terme, tout en tirant parti de la forme inversée de la courbe des obligations d’État.  

Les équipes de Muzinich & Co. - Muzinich & Co.

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