Groupe RAYNE : Jérôme Rusak et Laurent Halimi veulent créer « une fabrique à CGP »

Patrimoine - Le 31 octobre dernier, le Groupe RAYNE annonçait son lancement à Paris. Son modèle repose sur une stratégie de croissance organique et sur l'incubation de nouveaux cabinets de conseil en gestion de patrimoine. Le Courrier Financier s'est entretenu en exclusivité avec Jérôme Rusak, cofondateur du Groupe RAYNE.

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Laurent Halimi (à gauche) et Jérôme Rusak (à droite), cofondateurs du Groupe RAYNE.
Source : Groupe RAYNE

Le 31 octobre dernier, Jérôme Rusak et Laurent Halimi annonçait le lancement du Groupe RAYNE à Paris — qui regroupe aujourd’hui cinq cabinets de CGP, dont L&A Finance. L’ensemble compte une centaine de conseillers et gère plus d’1,6 milliard d’euros d’encours. « Nous sommes un acteur généraliste avec une vision à 360° sur l’ensemble de l’offre disponible pour nos investisseurs, en placements financiers ou immobiliers (…) Nos clients sont en phase initiale de construction de patrimoine avec des petites enveloppes d’investissement, jusqu’à 10 millions d’euros », explique Jérôme Rusak, PDG et cofondateur de RAYNE, au Courrier Financier.

« Nous avons segmenté notre clientèle en fonction de nos différents cabinets et de leur savoir-faire, de leur volonté d’aller chercher des clients. Au sein du cabinet L&A Finance par exemple, notre client-type est un cadre supérieur ou un dirigeant de petite entreprise (PME) d’une quarantaine d’années, qui paye ses impôts en France. Il veut organiser son patrimoine, le diversifier mais aussi le protéger — en organisant sa fiscalité, sa retraite, sa succession. C’est le genre de profil qui pourrait être concerné par la réforme du pacte Dutreil [actuellement débattu au Parlement dans le cadre du PLF 2024, NDLR] », nous explique Jérôme Rusak.

Modèle de croissance organique

Source : Groupe RAYNE

Le Groupe RAYNE suit un modèle de croissance organique, avec l’incubation de nouveaux cabinets de conseil en gestion de patrimoine. Au sein du groupe, chaque cabinet conserve donc son autonomie. « Nous voulons réunir le meilleur du monde de la banque/assurance et celui de la gestion de patrimoine. Nous allons industrialiser les outils et les méthodes de la gestion privée, pour les rendre accessible à un plus large public. Avec le groupe RAYNE, nous serons présents de manière horizontale et verticale. Notre stratégie est simple, il faut grandir intelligemment pour former la prochaine génération de CGP », nous explique Jérôme Rusak.

« Nous avons su nous-mêmes gérer, intégrer de nouveaux talents, leur donner au travers de nos voies d’évolution des possibilités d’aller au-delà de leur métier — vers du management, devenir des associés. Nous étions deux associés au départ, aujourd’hui nous sommes une quinzaine. Nous avons su créer d’autres filiales, nous diversifier. Il faut continuer en ce sens, mais ne pas s’interdire d’avoir de la croissance externe dans les mois et les années à venir », ajoute-il. Le Groupe RAYNE vise les 2 milliards d’euros d’actifs conseillés d’ici 2024. D’ici la fin de l’année prochaine, le groupe vise un effectif total de 150 conseillers.

3 questions à… Jérome Rusak, cofondateur du Groupe Rayne

C.F. : Quel accompagnement proposez-vous aux jeunes conseillers en gestion de patrimoine (CGP) ? Comment peuvent-ils rejoindre le Groupe RAYNE ?

Groupe RAYNE : Jérôme Rusak et Laurent Halimi veulent créer « une fabrique à CGP »
Jérôme Rusak

Jérôme Rusak : Notre savoir-faire c’est notre capacité à recruter de jeunes talents, qui sortent d’école de commerce, de l’université voire d’écoles d’ingénieurs — jusqu’au jeunes actifs avec 3 ans d’expérience. Nous savons les faire venir, leur donner envie d’embrasser ce métier qui est peu connu au sortir des écoles. Ensuite, nous les formons. Ils passent par notre académie.

Nous avions créé au départ la L&A Académie, qui va devenir l’Académie au sein du groupe RAYNE. Nous leur proposons chez nous une formation initiale de deux mois minimum. Ensuite, nous assurons leur formation continue, tout au long de leur carrière (formations validantes et partenariats avec des organismes spécialisés). Dans un deuxième temps, nous les incubons.

Aujourd’hui, la plupart de nos conseillers sont indépendants. J’utilise volontairement le verbe incuber : nous allons les amener à devenir de vrais CGP en deux à trois ans, de vrais CGP autonomes. Ils font partie à part entière du groupe RAYNE, où ils évoluent sous différentes marques. Notre savoir-faire, c’est d’être aujourd’hui une fabrique à CGP. Nous créons vraiment cette nouvelle génération.

Je parle de cible de recrutement, ce sont des jeunes gens qui ont la tête sur les épaules. Ils sortent des meilleures écoles, des meilleures facultés. Ils peuvent avoir un Master en gestion de patrimoine, en finance, etc. Ils ont parfois déjà travaillé dans des cabinets de notaires, d’avocats ou en banque. Nous voulons les rendre encore meilleurs, et à l’écoute de nos clients.

Nous nous occupons d’eux de A à Z — formation obligatoire, obtention de leurs accréditations ou encore création de leur structure (choix comptables, etc.). Nous mettons tous nos outils à leur disposition. Dans ce métier, les jeunes professionnels veulent souvent démarrer vite, consacrer leur esprit à leurs clients et pas à des sujets administratifs. Nous les délestons de ces sujets, que nous traitons en interne.

C.F. : Comment voyez-vous l’avenir du métier de CGP ?

J.R. : 2023 n’est pas simple, c’est une année technique et complexe. Elle nous rappelle que notre métier peut connaître des périodes fastes, et d’autres plus compliquéss. C’est ce qui rend notre métier très important pour les particuliers — qui sont dans une sorte de brouillard depuis un ou deux ans sur la lecture des marchés financiers et immobiliers. A long terme, je pense qu’il faut intensifier les investissements pour être présents sur le terrain.

Le gros changement depuis 2020, c’est la digitalisation. Nous avons gagné en 6 mois ce que nous pensions faire en 10 ans, entre 2020 et 2030. Aujourd’hui, les outils digitaux sont devenus incontournables — et une grande partie du métier en dépend. Par ailleurs, nos clients ont désormais les mêmes interrogations, qu’il s’agit d’investir 100 000 euros ou 1 million d’euros. Nous avons créé le groupe RAYNE pour mutualiser nos moyens, et donner vie à nos ambitions.

C.F. : Vous visez 2 milliards d’euros d’actifs conseillés et 150 conseillers en 2024. Comment allez-vous vous développer ? Quelle est votre feuille de route ?

J.R. : C’est déjà en musique. Nous sommes présents sur de nombreux sujets, notamment celui d’aller à la rencontre de nos futurs CGP — nous avons des partenariats avec des écoles, nous sommes présents sur les réseaux sociaux (notamment LinkedIn). Nous avons tout un parcours d’intégration, chacune des structures est organisée pour pourvoir intégrer. Nous voulons grandir sans nous dénaturer. L’idée n’est pas de recruter pour abandonner ensuite les personnes.

Chacune de nos structures intègre les jeunes avec un système de mentor/mentoré, puis les forme pendant deux trois ans pour les mener vers l’autonomie. Vous ne devenez pas conseiller en gestion de patrimoine du jour au lendemain. C’est un travail d’orfèvre que nous déployons dans tout le groupe, à destination de nos CGP actuels que nous venons de recruter et de ceux que nous allons recruter d’ici fin 2024.

Ce système de binôme entre CGP [entre mentor et mentoré, NDLR] renvoie à la notion de compagnonnage, pour transmettre un savoir-faire. S’appuyer sur un CGP senior ou des associés qui ont 10 à 15 ans d’expérience, c’est précieux. C’est comme ça que notre groupe grandit et qu’il va continuer à grandir — peut-être un peu plus lentement que d’autres groupes. Je dis cela parce que l’écosystème de la gestion de patrimoine est sensible à l’effet de consolidation.

Nous avons beaucoup de concurrents qui ont choisi de faire rentrer des fonds et qui, par un jeu de financiarisation, arrivent à recruter beaucoup plus vite. Mais nécessairement, vous vous dénaturez quand vous allez trop vite. Nous, si nous sommes 150 à la fin de l’année ce sera génial. Si nous sommes 200 avec le même niveau de formation, d’intégration, ce sera très bien. Il faudra que nous sachions ne pas nous dénaturer, c’est très important pour nous.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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