Cryptomonnaies : qui sont les Français qui investissent ?

Patrimoine - Les Français s'intéressent de plus en plus aux cryptomonnaies. D'après un récente baromètre Sia Partners/Finance Innovation, environ un Français sur dix a déjà investi. Qui sont ces investisseurs ? Comment les accompagner ? Le point avec Le Courrier Financier.

Les cryptomonnaies s’invitent peu à peu dans le portefeuille des Français. Fin avril 2022, Sia Partners et Finance Innovation ont publié la première édition de leur Baromètre cryptomonnaies. L’étude a été menée auprès de 1 819 sondés représentatifs de la population française, selon la méthode des quotas. Les résultats indiquent qu’un Français sur deux (51 %) a déjà entendu parler des cryptomonnaies, même si seul un Français sur cinq (20 %) assure savoir précisément de quoi il s’agit. Près d’un Français sur dix (9,6 %) a déjà sauté le pas de l’investissement. Si nous nous appuyons sur le dernier bilan démographique de l’Insee, cela représente 6,5 millions de personnes.

Cryptomonnaies : qui sont les Français qui investissent ?
Source : Baromètre cryptomonnaies Sia Partners & Finance Innovation – avril 2022

Portrait-robot de l’investisseur en cryptos

Les cryptomonnaies sont-elles en train de devenir monnaie courante ? En tout cas, elles emportent l’adhésion des jeunes générations. La majorité des investisseurs (57 %) sont âgés de moins de 35 ans. Les deux tiers d’entre eux (68 %) sont de sexe masculin. L’attrait pour les cryptomonnaies doit beaucoup au succès du bitcoin. Le 28 mars dernier, Le Cercle de l’Épargne/Amphitéa dévoilait son enquête 2022 sur « Les Français, l’épargne et la retraite » — en partenariat avec AG2R La Mondiale. Chez les 18 à 24 ans, huit sondés sur dix (81 %) voient dans le bitcoin un placement rentable. Cette proportion descend à six sondés sur dix (59 %) dans la tranche d’âge des 25 à 34 ans.

D’après le baromètre de Sia Partners et Finance Innovation, une majorité des investisseurs en cryptomonnaies (53 %) sont près à y consacrer près de 10 % de leur épargne. Pour quatre investisseurs sur dix (43 %), les cryptomonnaies entrent déjà dans la catégorie des produits financiers grand public. Un investisseur sur trois (33 %) estime qu’il suffirait que sa banque principale lui propose des produits en cryptomonnaies qu’il investisse davantage sur ce segment. Les banques auraient tout à gagner à faire preuve de pédagogie auprès de leurs clients sur les cryptomonnaies, estime Justine Destobbeleire, Senior Manager chez Sia Partners, contacté par Le Courrier Financier.

Comment encourager l’investissement ?

« Le baromètre à mis en évidence que l’aspect connaissance est un véritable vecteur d’investissement », insiste Justine Destobbeleire. Chez les Français qui ont déjà investi dans les cryptomonnaies, près d’un sondé sur trois (29 %) pense qu’il investirait davantage s’il disposait d’une meilleure connaissance des cryptomonnaies. Cette proportion monte même à 43 % chez les Français qui ont l’intention d’investir prochainement. Les banques devraient miser sur la digitalisation pour accompagner leurs clients — en leur proposant d’acheter et de vendre de cryptomonnaies en ligne et/ou sur mobile, par exemple.

En outre, « les banques peuvent proposer des services plus élaborés — comme des prêts en stablecoin — et des offres de placements avec rémunération, comme du staking », insiste Justine Destobbeleire. Pour rappel, les stablecoins sont des cryptomonnaies qui s’adossent à une devise nationale telle que le dollar, l’euro ou encore le yen. Ce système doit permettre de limiter la volatilité qui caractérise les cryptomonnaies, comme c’est le cas du bitcoin depuis fin 2021. De son côté, le staking consiste à immobiliser ses cryptomonnaies dans un smart contract (contrat intelligent). Objectif, permettre à l’investisseur de participer aux opérations sur une blockchain — et d’engranger des revenus passifs.

Un marché entre croissance et volatilité

Depuis ce lundi 9 mai, les turbulences sur le marché des cryptomonnaies risquent de refroidir l’ardeur des investisseurs français. Si le bitcoin a perdu près d’un tiers de sa valeur en l’espace d’une semaine, l’effondrement brutal de TerraUSD — quatrième plus gros stablecoin au monde jusqu’à sa chute — affole les investisseurs. Les stablecoins représentent 170 milliards de dollars de capitalisation boursière. Nous touchons aux limites des stablecoins algorithmiques, ou « décentralisés ». Contrairement aux stablecoins classiques, les stablecoins algorithmiques ne disposent pas de réserves d’actifs pour garantir leur stabilité.

« Souscrire à une crypto n’est pas souscrire à un contrat. Le risque est permanent. Ce marché fonctionne sur la confiance, ou peut-être l’inconscience. D’où l’importante de partir sur des volumes financiers peu élevés », prévenait Maître Jérôme Barré, Avocat associé chez Yards, le 6 mai dernier dans une interview accordée au Courrier Financier. « Aujourd’hui, quelqu’un qui veut investir en cryptomonnaies peut le faire tout seul sur internet. Le conseiller financier est là pour rassurer et sécuriser sa démarche », rappelle Enzo Hallot, Fondateur de Probe, ce jeudi 12 mai dans notre émission « La Voix de l’Expert ». Un sillon à creuser.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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