Cryptomonnaies : la chute du bitcoin, une « bonne nouvelle » ?

Asset Management - En 2022, le bitcoin débute l'année avec une chute de valorisation. La reine des cryptomonnaies a-t-elle amorcé son déclin ? Faut-il au contraire y voir une opportunité pour les investisseurs ?

Même au royaume des cryptos, les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. En 2021, rien ne semblait arrêter le bitcoin. Le 10 novembre dernier, la reine des cryptomonnaies atteignait presque 60 000 euros — soit un peu plus de 67 000 dollars. L’année 2022 s’ouvre sur des perspectives beaucoup plus incertaines. La publication des minutes de la Fed de décembre a mis un terme au rallye du bitcoin, le 5 janvier dernier. Afin de maîtriser l’inflation, la banque centrale prévoit trois hausses de taux en 2022. Les valeurs tech ont aussitôt plongé au Nasdaq (-3,3 % en une seule séance) et les acheteurs de bitcoin se sont positionné à la vente.

Cryptomonnaies : Bitcoin, pourquoi un tel rodéo de la valorisation ?
Source : Statista

Corrélation avec les marchés financiers

« Depuis le durcissement de la politique de la Fed, nous constatons une corrélation entre le bitcoin et le marché des valeurs technologiques américaines. Le bitcoin suit la composante la plus spéculative du marché, avec un effet amplificateur », explique Patrick Lo Schiavo, gérant de Tétra Finance, contacté par Le Courrier Financier. Dans sa Cartographie 2020 des marchés et des risques, l’Autorité des marchés financiers (AMF) rappelle que « la corrélation du bitcoin avec le CAC 40 s’est renforcée pendant la crise de la Covid-19. Elle s’élevait à 65 % depuis 2015 mais s’est accentuée pour atteindre 96 % entre le 17 février et le 18 mars 2020 ».

Depuis 2020, les crypto-actifs sont devenus plus grand public. De nouveaux investisseurs sont arrivés sur ce marché — c’est le cas de certains institutionnels, ou encore des Hedge Funds dans le secteur privé aux Etats-Unis. « Ils réagissent sur le bitcoin comme ils le feraient sur d’autres actifs », relève Patrick Lo Schiavo. Le premier risque lié aux crypto-actifs reste leur volatilité, et l’éventualité d’une baisse de leur valeur d’après l’AMF. Le 13 décembre dernier la Banque centrale d’Angleterre (BoE) mettait ainsi en garde les banques et les entreprises financières réglementées contre la volatilité du bitcoin.

L’attrait d’un bitcoin à 37 000 euros

A l’heure où nous écrivons ces lignes, le bitcoin vaut un peu moins de 37 000 euros — soit un peu plus de 42 000 dollars. Mais ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour les investisseurs qui souhaitent entrer sur ce marché. « Je ne voulais pas faire rentrer de nouveaux investisseurs avec un bitcoin entre 60 000 et 70 000 euros. Ce qui monte très vite redescend tout aussi vite ! En termes de volatilité, je trouve que le bitcoin a plutôt bien réagi ces dernières semaines. C’est un signe de maturité du marché. Il y a plus d’institutionnels, avec des positions plus long terme », nous déclare Enzo Hallot, Fondateur de Probe.

D’après lui, le marché du bitcoin reste néanmoins « un marché de particuliers » dont l’équilibre souffre de l’arrivée de produits dérivés qui prennent les cryptomonnaies comme sous-jacents. En 2018, l’AMF avait conduit une analyse sur la qualification juridique de ces produits. Cette offre nécessite un agrément, et sa publicité en ligne est interdite. Mais la valorisation de ces produits dérivés représente quatre fois celle du bitcoin. « Il y a plus de vendeurs que d’acheteurs, c’est ce qui produit toutes ces cascades de liquidations. Mais le seuil des 40 000 dollars a bien résisté, nous avons peut-être atteint un plancher », précise Enzo Hallot.

Quelles perspectives en 2022 ?

Début janvier 2022, la capitalisation boursière totale du bitcoin s’élève à 774 milliards d’euros. Le bitcoin affiche une domination totale du marché de 39,3 % — son plus bas niveau depuis mai 2018. « L’année 2021 a apporté son lot de difficultés, notamment dans les secteurs financiers. Dans cette tempête d’incertitudes, une chose reste claire : le bitcoin reste l’un des actifs les plus performants — même s’il est bien sûr volatil et plus risqué que l’or, qui existe comme réserve de valeur depuis longtemps », affirme Giulia Mazzolini, directrice de Bitpanda France, interrogée par Le Courrier Financier. Le bitcoin n’a pas dit son dernier mot.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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