Investir en actions : les Français plus ouverts au risque, selon l’AMF

Asset Management - Ce mardi 7 décembre, l'Autorité des marchés financiers (AMF) publie la cinquième édition de son baromètre de l’épargne et de l’investissement. D'après cette étude, les Français semblent plus ouverts aux placements en actions, surtout les plus jeunes. Quelles sont leurs attentes ? Comment les conseillers peuvent-ils les accompagner ? Le point avec Le Courrier Financier.

Qui ne risque rien n’a rien. Les Français sont-ils en train d’intégrer ce proverbe à leurs habitudes d’épargne ? C’est l’idée qui ressort du Baromètre AMF 2021 de l’épargne et de l’investissement, publié ce mardi 7 décembre. Pour cette cinquième édition, l’institut Audirep a interrogé en ligne 2 000 Français (méthode des quotas) entre septembre et octobre derniers. Le risque doit en valoir la chandelle. Près de quatre Français sur dix (39 %) acceptent le risque « dans l’espoir d’avoir une meilleure rémunération ». Ils étaient 34 % l’an dernier. Le contexte économique marqué par la crise sanitaire favorise cette évolution.

Investir en actions directes

Les Français sont plus fourmis que cigales. 86 % déclarent épargner régulièrement. En 2021, ils ont mis en moyenne 240 euros de côté tous les mois. Que faire de cet argent dans les mois à venir ? Plus d’un Français sur deux (52 %) s’informe « de temps en temps » à « régulièrement » sur l’actualité boursière. Près d’un Français sur trois (29 %) reconnaît son intérêt pour les placements en actions. Reste à franchir le pas. Investir en direct leur semble plus facile (39 %) que de miser sur un fonds actions (34 %) comme un FCP ou une SICAV.

« Les actions en direct sont plus adaptées pour les investisseurs de long terme qui souhaiteraient constituer un portefeuille diversifié. Les actions en direct donnent droit au vote lors de l’assemblée générale et représentent le droit de détenir une fraction du capital d’une entreprise. L’un des avantages qui en font un actif très recherché pour les investisseurs de long terme est le dividende versé à l’actionnaire. C’est pour cela que les actions à dividendes rencontrent un franc succès auprès des investisseurs », confirme Réda Aboutika, Chef Analyste chez XTB France, contacté par Le Courrier Financier.

Investir en actions : les Français plus ouverts au risque, selon l’AMF
Source : Baromètre AMF de l’épargne et de l’investissement – Novembre 2021

Des Français en quête de rendement

La rentabilité joue un rôle clé dans la motivation des investisseurs. Pour être jugée satisfaisante, une épargne investie sur les marchés financiers doit assurer un rendement d’au moins 5,9 %. La rentabilité le premier argument invoqué en faveur des actions, devant l’absence de frais de gestion, ou l’opportunité de donner du sens à son épargne. Près d’un Français sur deux (49 %) considère que les placements en actions ont été rentables ces 5 dernières années, avec un taux de rendement annuel estimé à 4,6 %. En revanche, ils s’inquiètent de la rentabilité sur les cinq prochaines années, estimée à 4,2 % seulement.

Seul un Français sur sept estime que la période est propice aux placements en actions. Mais tous les analystes ne partagent pas cette opinion. « De nombreux indices boursiers se rapprochent de leurs records. Ainsi, le repli lié au nouveau variant Omicron est-il quasiment effacé et certains secteurs semblent se démarquer, à l’image du secteur technologique, porté par le rebond des constructeurs de semi-conducteurs, qui pourrait permettre au Nasdaq de marquer de nouveaux records en cette fin d’années. Le secteur de l’énergie est quant à lui porté par la hausse des cours du pétrole », nous explique Réda Aboutika.

Investir en actions : les Français plus ouverts au risque, selon l’AMF
Source : Baromètre AMF de l’épargne et de l’investissement – Novembre 2021
Investir en actions : les Français plus ouverts au risque, selon l’AMF
Source : Baromètre AMF de l’épargne et de l’investissement – Novembre 2021

Et les conseillers, dans tout ça ?

De la théorie à la pratique, il y a un fossé que les conseillers peuvent combler. Près de sept Français sur dix pensent qu’investir en bourse reste une activité chronophage (63 %) et réservée aux connaisseurs (69 %). « N’investissez pas seul si ce n’est pas votre métier. Faites vous accompagner par un professionnel indépendant. J’insiste sur l’importance de l’indépendance, afin de vous garantir un conseil réellement objectif », nous conseille Karl Toussaint du Wast, fondateur de Netinvestissement. Sa marketplace cible les Français « qui ne sont pas des spécialistes de la finance ou de la gestion de patrimoine ».

Les conseillers dirigent surtout leurs clients vers l’assurance vie, sans risque (70 %) ou en unités de comptes (62 %), vers l’immobilier locatif ou encore le PER (56 %). Ils recommandent beaucoup moins les actions individuelles d’entreprises cotées (39 %). Pourtant, l’appétence des Français est bien là… surtout à l’heure du développement des plateformes digitales. 56 % des investisseurs qui détiennent des actions individuelles indiquent s’être renseignés et avoir souscrit en ligne « de leur propre initiative ». L’investissement en actions reste donc un terrain vierge à conquérir pour les conseillers.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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