Label ISR — 3 questions à… Fanny Picard, fondatrice et dirigeante d’Alter Equity

Private Equity - Ce mardi 6 novembre, Bercy a présenté la prochaine refonte du label Investissement socialement responsable (ou label ISR). Quel impact dans l'univers de la finance durable ? Fanny Picard, fondatrice et dirigeante d'Alter Equity, répond en exclusivité au Courrier Financier.

Ce mardi 6 novembre, Bercy présentait la prochaine refonte du label Investissement socialement responsable (ou label ISR) qui entrera en vigueur dès mars 2024. Cette mise à jour du label s’appuie sur les travaux du comité du Label ISR — créé en octobre 2021 par Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Après deux consultations publiques, le comité du label ISR avait remis ses propositions de nouveau référentiel l’été dernier. Objectif, créer un label « plus exigeant et faisant de la lutte contre le changement climatique un incontournable ».

Créé en 2016, le label d’Etat ISR distingue les supports d’épargne qui intègrent des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Avec la loi Pacte, les fonds labellisés ISR sont systématiquement référencés dans les unités de compte (UC) en assurance-vie et dans les plans d’épargne retraite (PER). Actuellement, il existe 1 174 fonds labellisés ISR, pour un encours total de 773 milliards d’euros. Comment la dernière mise à jour du label ISR va-t-elle influencer l’industrie de la finance durable et à impact ? Fanny Picard, fondatrice et dirigeante d’Alter Equity, répond en exclusivité aux questions du Courrier Financier.

Le Courrier Financier : Ce mardi 7 novembre, Bercy a annoncé la refonte du label ISR d’ici mars 2024. Comment cette évolution va-t-elle transformer l’industrie de la finance durable en France ? Qu’est-ce qui change en termes de politique climat ?

Label ISR — 3 questions à... Fanny Picard, fondatrice et dirigeante d'Alter Equity
Fanny Picard

Fanny Picard : La refonte du label ISR rend désormais inéligibles les fonds investissant dans des entreprises qui exploitent ou lanceraient des projets d’exploration, d’exploitation ou de raffinage d’énergie fossile ou celles qui n’auront pas établi de plan de transition en phase avec l’Accord de Paris. La direction prise transmet un signal fort sur la nécessité de décarboner pour être qualifié de « responsable ».

C.F. : Chez Alter Equity, comment intégrez-vous le bilan carbone des entreprises dans vos stratégies d’investissement ? Comment contribuez-vous à la transition énergétique ?

F.P. : Nous avons investi au capital d’entreprises ayant un impact considérable en matière de transition énergétique. Elles ont permis d’éviter plus de 5 millions de tonnes de CO2, ce qui représente plus de 1 % des émissions annuelles de la France et forme un record en France au regard des montants investis.

En ce qui concerne le bilan carbone, nous avons été le premier fonds d’investissement français dans le non-coté — c’est-à-dire le private equity — à imposer depuis 5 ans à toutes ses participations d’y procéder. Nous avons depuis co-construit avec Carbone 4, une nouvelle méthodologie d’évaluation transversale des impacts des entreprises sur l’environnement — non seulement sur le climat, mais aussi sur la biodiversité et les autres ressources non vivantes.

C.F. : Comment envisagez-vous le développement du secteur du Private Equity à impact ? Quelles sont les perspectives de développement d’Alter Equity en 2024 ?

F.P. : L’investissement à impact va continuer à se développer rapidement, constituant l’un des rares segments à forte perspective de croissance. Il me semble que les évolutions vont porter à la fois sur la taille de plus en plus grande des fonds, le nombre d’acteurs qui s’y engageant, les zones visées d’un point de vue géographique et la spécialisation sectorielle — comme avec le fonds agriculture régénérative lancé par Tikehau Capital.

En 2024, Alter Equity maintiendra son rôle de référent et annoncera le closing de son troisième fonds. Ce dernier s’inscrit dans la parfaite continuité des deux premiers, en direction d’une finance plus responsable, au service d’un monde plus durable.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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