Marchés financiers : vers une capitulation face à tant de risques ?

Asset Management - Les marchés sont de plus en plus nerveux face aux risques croissants de stagflation. Nous dirigeons-nous vers une capitulation des marchés face à tant de risques ? Les explications de Sebastian Paris-Horvitz, Directeur de la recherche, et Xavier Chapard, Recherche & Stratégie chez La Banque Postale Asset Management (LBP AM).

Le risque de stagflation continue d’augmenter. La vague Covid s’étend en Chine, avec la stratégie de tests de masse touchant désormais la quasi-totalité de Pékin. Surtout, la vague de Covid et de restrictions en Chine retarde les mesures des autorités pour soutenir l’activité, car ces dernières ne peuvent être efficaces qu’une fois les mesures de restriction levées. La situation chinoise pèse sur les perspectives de croissance mondiale et risque de prolonger les problèmes sur les chaines de productions mondiales.

Flambée d’inflation en Europe

La hausse du prix des matières premières depuis le début de l’invasion de l’Ukraine a entraîné une hausse de 1,2 % des prix à la consommation sur le mois de mars au niveau mondial selon JP Morgan, ce qui est la plus forte hausse sur un mois depuis plus de trente ans. Même si mars est probablement le point haut de l’inflation pour cette année, l’inflation devrait rester élevée et peser sur le pouvoir d’achat des ménages et la consommation.

De plus, l’inflation en Europe pourrait augmenter encore davantage si les importations d’énergie de la Russie sont davantage affectées. C’est le risque avec les prix du gaz en Europe qui s’envolent de nouveau et dessus des 100 euros par MWH depuis hier à la suite de la nouvelle que la Russie pourrait cesser ses livraisons de gaz à la Pologne et la Bulgarie dès ce mercredi 27 avril parce que ces pays refusent de payer leurs importations de gaz russe en rouble.

Marchés financiers : vers une capitulation face à tant de risques ?
Marchés financiers : vers une capitulation face à tant de risques ?

Des entreprises et de l’emploi

Pourtant, les données économiques sont toujours rassurantes. L’indicateur allemand IFO a rebondit d’un point en avril et est repassé au-dessus de sa moyenne historique après sa forte baisse de mars. Les entreprises allemandes indiquent que leur niveau d’activité reste soutenu et voient les perspectives comme un peu moins dégradées qu’en mars dans l’industrie comme dans les services. C’est en ligne avec les indicateurs PMIs publiés la semaine dernière qui avait étonnement augmenté.

Aux Etats-Unis, la confiance des ménages reste stable en avril malgré la nouvelle forte hausse de l’inflation en mars, grâce à la résilience du marché du travail. La confiance des ménages baisse depuis mi-2021 en raison de la hausse des prix qui pèsent sur le pouvoir d’achat et la consommation des ménages. Mais malgré une inflation à un plus haut depuis 40 ans, la confiance des ménages reste relativement élevée selon l’enquête du Conference Board, en ligne avec son niveau de 2017. Cela s’explique par l’exceptionnelle solidité du marché du travail.

L’écart entre les personnes indiquant que les offres d’emploi sont abondantes par rapport à ceux indiquant qu’elles sont difficiles à trouver reste proche de son plus haut depuis plus de 50 ans en avril. Cet écart est un très bon indicateur avancé du taux de chômage et suggère que le marché du travail américain est le plus tendu depuis la seconde guerre mondiale. C’est de bon augure pour la croissance de l’emploi et pour les salaires, qui seront nécessaires pour préserver le pouvoir d’achat des consommateurs.

Marchés financiers : vers une capitulation face à tant de risques ?

Marché du travail, quelle solidité ?

Surtout, la solidité des embauches et de l’investissement des entreprises dans les pays développés montre que le cycle est relativement solide. Les entreprises restent en mode croissance malgré les incertitudes et la hausse de leur coût. Or lors des retournements de cycle, c’est habituellement la baisse des dépenses des entreprises qui amplifie le mouvement vers la récession.

Marchés financiers : vers une capitulation face à tant de risques ?

La solidité du marché du travail ne concerne pas uniquement les Etats-Unis, comme le montre la nouvelle baisse du taux de chômage au Japon en mars, à un plus bas depuis le début de la crise covid (2,6%). Aussi, les commandes de biens d’équipements des entreprises restent exceptionnellement fortes en mars aux Etats-Unis et en avril en Allemagne et au Royaume-Uni. Cela indique que l’investissement des entreprises est encore bien orienté après son fort rebond post-Covid.

Sebastian Paris-Horvitz et Xavier Chapard - La Banque Postale Asset Management

Directeur de la recherche ; Recherche & Stratégie

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