Marchés financiers : en proie au divertissement…

Asset Management - En 2020, la crise sanitaire et le confinement ont porté les valorisations de l'industrie du divertissement. Comment comprendre ce segment de marché ? Les investisseurs peuvent-ils miser sur une tendance de long terme ? Les explications de Thomas Planell, Gérant-analyste chez DNCA.

« La compétition pour le temps et la fidélité des utilisateurs reste rude », commentait Netflix : outre ses concurrents naturels (Disney, AT&T), le géant aux 195 millions d’utilisateurs est attaqué par Youtube, TikTok ou les conglomérats asiatiques comme Tencent. 

Formidables machines à monétiser notre temps libre, de plus en plus passé devant les écrans, les plateformes multimédia (vidéo à la demande, jeux vidéo) ont bénéficié d’une disponibilité record de nos pupilles pendant le confinement.

Victime de l’effet d’aubaine ?

Mais dans les régions matures (Etats-Unis) les effets exceptionnels de l’épidémie commencent à disparaître. Netflix a ainsi recueilli 2,2 millions de nouveaux utilisateurs seulement contre près de 27 au cours des deux premiers trimestres. Et l’âpre bataille pour la conservation des parts de marché commence.

De même, les fournisseurs de logiciels d’entreprise et de services de digitalisation des processus ont tiré profit de la nécessité de numériser de bout en bout l’activité, de la gestion des achats, jusqu’aux ventes, de plus en plus réalisées sur internet. Mais le risque de tarissement de ces effets d’aubaine a commencé à se faire sentir sur ces valeurs technologiques, dont le niveau de valorisation élevé laisse peu de place à l’erreur.

Tendances structurelles

A bien des égards cependant, la crise a accéléré des tendances visiblement structurelles. Le PDG de l’Oréal s’apprête ainsi à prendre la retraite d’un groupe dont le quart de la croissance procède désormais du commerce en ligne, notamment tiré par la Chine, dont la vigueur de la reprise aide aussi bien les géants du luxe et des cosmétiques que les exportateurs de biens et services industriels. 

L’industrie exportatrice européenne — notamment allemande — qui a su rapidement adapter son outil aux contraintes sanitaires profite de la bonne tenue des marchés finaux asiatiques. Les valeurs cycliques recouvrent ainsi du terrain, également aidée par la poussée des taux longs aux Etats-Unis et la remontée des anticipations d’inflation.

Consommation en berne

D’un point de vue domestique, la situation européenne est au contraire de plus en plus fragile : après une nette reprise à partir de mai, l’apparition de nouveaux foyers infectieux a cassé la dynamique de la consommation dont les économies espagnoles et françaises dépendent tant.

La vision très stratégique de la relance française — majoritairement tournée vers l’investissement et la modernisation des secteurs industriels — est louable, mais le plan ne pourra pas produire assez vite ses effets sur l’économie.

A court terme, un soutien tactique à la consommation pourrait être nécessaire pour consolider le terrain gagné depuis le grand confinement. A condition que les consommateurs ne soient pas à nouveau contraints de passer le plus clair de leur temps libre devant les écrans…

Thomas Planell - DNCA

Gérant analyste

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