Marchés financiers : Détroit en grève ?

Asset Management - Cette semaine, les marchés financiers suivent de près les chiffres de l'inflation et la politique monétaire des banques centrales. Sommes-nous arrivés à la fin du cycle de hausses des taux ? Quels facteurs macroéconomiques faut-il surveiller ? Les explications de César Perez Ruiz, Responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management.

Après une semaine difficile pour les actifs risqués, les marchés scruteront dans les prochains jours les chiffres de l’inflation américaine et la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Ils attendront également de voir si le syndicat United Auto Workers obtient des augmentations de salaire sensibles des trois grands constructeurs automobiles américains d’ici jeudi soir, alors que plane une menace de grève.

Vers la fin des hausses de taux ?

En ce qui concerne l’inflation américaine du mois d’août, le consensus anticipe une nouvelle baisse de l’inflation sous-jacente de 4,7 % à 4,3 % en glissement annuel, mais une reprise de l’inflation globale à 3,6 % en raison d’effets de base défavorables dans le secteur de l’énergie. Les risques inflationnistes pourraient ressurgir sur fond d’anticipations mesurées et de hausse des prix de l’énergie.

Un rapport du Wall Street Journal évoquant un changement de cap des responsables de la Réserve fédérale (Fed) renforce notre opinion selon laquelle le cycle de hausse des taux touche à sa fin, ce qui impliquerait le risque d’un excès d’optimisme si l’inflation devait surprendre à la hausse. La plupart des indices boursiers et obligataires ont clôturé en baisse la semaine dernière.

Si les bons du Trésor américain affichaient une performance annuelle négative pour la troisième année consécutive en 2023, ce serait une première. La vigueur du dollar joue un rôle de plus en plus important, alors que l’économie américaine s’avère plus résistante que celles d’autres pays.

Perspectives sur les marchés

Un haut responsable japonais a déclaré que les autorités n’excluraient aucune option pour contrer la « spéculation » sur les devises et le gouverneur de la Banque du Japon, Kazuo Ueda, a déclaré que la banque centrale disposerait sans doute de données suffisantes d’ici la fin de l’année pour déterminer si elle peut mettre un terme aux taux négatifs.

La semaine dernière a été marquée par un volume record d’émissions de la part d’entreprises bénéficiant de notations solides. Nous préférons la dette « investment grade » à la dette « non investment grade ». Au niveau microéconomique, les marchés suivront la sortie du nouveau produit d’un géant de la technologie.

La Banque centrale européenne (BCE) devrait relever une dernière fois ses taux directeurs cette semaine pour les porter à 4 %, mais le vote des gouverneurs s’annonce serré. Depuis le début du cycle de resserrement en cours, la BCE a fait valoir que le risque de sous-réagir était plus élevé que le risque d’en faire trop.

Ce principe devrait rester d’actualité lors de la réunion de ce jeudi 14 septembre. Mais si la BCE de relève pas ses taux cette semaine, la probabilité qu’elle le fasse ultérieurement devrait diminuer dans les mois à venir.

Chine morose et prix du pétrole

En Chine, les exportations comme les importations ont reculé moins qu’attendu en août. Il semble néanmoins que la demande intérieure se soit tassée. Mais le pessimisme à l’égard de la Chine est exagéré, car les mesures de relance contribueront à stabiliser le secteur immobilier et l’économie. 

Les prix du pétrole ont de nouveau augmenté durant la semaine. Alors que les réserves stratégiques américaines sont proches d’un plancher de 40 ans, la situation ne s’améliore guère sur le front de l’offre, ce qui incite à un optimisme modéré quant à l’évolution des cours. Enfin, les graves inondations en Grèce ont une nouvelle fois mis en évidence l’impact du changement climatique.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

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