Inflation : la BCE ne veut pas être complaisante et reste vigilante

Asset Management - Si la Banque centrale européenne (BCE) a suspendu ses hausses de taux fin octobre 2023, elle refuse d'adopter une politique monétaire accommodante. Quelles perspectives pour les marchés obligataires ? L'éclairage d'Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France.

Alors que les taux obligataires se détendent depuis près d’un mois en Europe, dans un contexte de ralentissement économique et de baisse de l’inflation, la Banque centrale européenne (BCE) veut éviter la complaisance et n’écarte toujours pas la possibilité de nouvelles hausses de taux.

Eviter la complaisance

C’est globalement le même type de communication que nous observons de part et d’autre de l’Atlantique, la Fed et la BCE refusent pour l’instant d’abonder dans le sens des marchés obligataires (et donc indirectement des marchés actions). La rhétorique reste semi-faucon pour que les conditions financières ne se détendent pas trop rapidement et alors que l’inflation sous-jacente évolue encore à 4,2 % en zone euro, c’est-à-dire toujours très loin du mandat de la BCE.

Les minutes de la BCE publiées aujourd’hui indique que le Conseil des gouverneurs doit être prêt, sur la base d’une évaluation continue, à de nouvelles hausses de taux, même si ce n’est pas le scénario de base. Des minutes qui indiquent que l’excès de confiance et la complaisance doivent être évitées avec un constat globalement partagé au sein du Conseil des gouverneurs que « le dernier kilomètre », pour ramener l’inflation à l’objectif, est le plus difficile. Les minutes indiquent que le Conseil des gouverneurs doit être persistant et vigilant.

Perspectives de taux élevés

Nous percevons donc assez clairement à travers ces minutes le rappel implicite au « higher for longer » et donc que même si les taux ne sont plus relevés, il faudra les maintenir à des niveaux élevés pendant plusieurs mois. Et donc on peut légitimement s’interroger sur les prochains mouvements du marché obligataire : le taux 10 ans allemand qui était monté à plus de 3 % début octobre, est retombé ces derniers jours à près de 2,50 %.

Une détente non négligeable que nous observons aussi sur le taux 10 ans français et qui peut gêner la BCE : une telle détente en l’espace de quelques semaines des conditions financières ne va-t-elle pas freiner le retour de retour de l’inflation vers l’objectif ?

Sachant également que la BCE anticipe un petit rebond de l’inflation dans les mois qui viennent… Pour l’instant la BCE montre clairement, par sa communication, qu’elle refuse d’inscrire ses pas dans ceux des marchés, peut-être même a-t-elle la volonté d’infléchir un peu le sentiment de détente qui s’est emparé des marchés obligataires ces dernières semaines.

Alexandre Baradez - IG France

Responsable Analyses Marchés

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