Brad McGill — Aperture Investors : small caps US, « des opportunités d’achat exceptionnelles » en 2023

Asset Management - Pourquoi s'intéresser au segment des petites capitalisations américaines en 2023 ? Comment identifier les entreprises dans lesquelles il est intéressant d'investir ? Brad McGill, responsable de la stratégie small caps US chez Aperture Investors (Generali Investments) et gérant du fonds « Aperture investors sicav discover equity », répond aux questions du Courrier Financier.

En 2022, les petites valeurs américaines ont sous-performé. Les investisseurs ont été ballotés entre une inflation à 6,5 % sur l’ensemble de l’année et la crainte d’une récession en 2023. Par nature, ce segment de la cote reste plus volatil que celui des Larges Caps. Aux Etats-Unis, les « petites valeurs » (small caps) regroupent les capitalisations boursières inférieures à 2 milliards de dollars. Ces entreprises sont orientées vers le marché intérieur américain. Leur santé reflète celle de l’économie nationale. Quelle place donner aux small caps US dans son portefeuille ? Brad McGill, gestionnaire de portefeuille chez Aperture Investors (Generali Investments), répond en exclusivité au Courrier Financier.

Le Courrier Financier : Comment les petites capitalisations américaines se comporteront-elles en 2023 ? Pourquoi surperforment-elles ?

Brad McGill — Aperture Investors (Generali Investments) : small caps US, « des opportunités d’achat exceptionnelles » en 2023
Brad McGill

Brad McGill : L’attention du marché américain a commencé à se détourner des craintes inflationnistes et des hausses de taux de la Fed pour se recentrer sur la croissance économique et les bénéfices des entreprises. Depuis ses plus bas de 2022, l’indice des petites capitalisations s’est apprécié en termes absolus. Le Discover Fund a commencé à surperformer, alors que les fondamentaux des entreprises et les seuils de valorisation associés ont pris le pas sur les performances orientées catalyseurs et secteur.

En général, les petites capitalisations américaines surperforment les grandes capitalisations au sortir des marchés baissiers. Compte tenu de l’écart de valorisation relatif des petites capitalisations par rapport aux grandes capitalisations américaines et de la pondération élevée des valeurs technologiques à grande capitalisation au sein du S&P (Standard & Poor’s 500), il semble que nous entrions dans une période plus longue de surperformance des small caps.

Nous pensons que les perspectives de marché des petites capitalisations 2023 sont favorables. Les fortes chutes des marchés, comme celles que nous avons connues l’année dernière, entraînent généralement une augmentation des corrélations et une réduction de l’efficience des prix dans l’univers des petites capitalisations. D’après notre expérience, ce manque de différenciation de la qualité nuit à la performance à court terme.

Elle crée aussi des opportunités d’achat exceptionnelles. De nombreux investisseurs étant toujours positionnés de manière défensive, nous voyons un bon potentiel de génération d’alpha en mettant l’accent sur les bénéfices et les fondamentaux des sociétés par rapport au marché de ces dernières années à fortes rotation, très corrélé et dirigé par les catalyseurs.

C.F. : Comment choisissez-vous les petites entreprises américaines dans lesquelles vous investissez ?

B.McG. : L’équipe d’investissement identifie les entreprises qui sont des facilitateurs, des bénéficiaires et des cibles de processus de transformation dans les secteurs de la consommation discrétionnaire, de la technologie, de la santé, de l’industrie et des matériaux. En particulier, le processus d’investissement s’appuie sur quatre piliers lorsqu’il s’agit de sélectionner des actions :

  • premier pilier : des changements transformationnels — qui s’appuient par exemple, sur de nouvelles applications technologiques, des changements au niveau de la direction, de nouveaux produits ou des efficacités opérationnelles ;
  • deuxième pilier : une position forte sur le marché et un pouvoir de fixation des prix ;
  • troisième pilier : des thèmes émergents ou à long terme qui fournissent des moteurs pour le développement de l’entreprise ;
  • quatrième pilier : une valorisation attrayante — tous les attributs qui soutiennent la durabilité et la résilience fondamentales.

C.F. : Quelle est votre stratégie d’investissement dans le fonds Aperture Discover Equity ?

B.McG. : La recherche et l’analyse rigoureuses d’un univers d’investissement de plus de 2 000 sociétés de petite capitalisation cotées aux Etats-Unis produisent deux résultats : l’identification d’investissements ayant un potentiel d’appréciation de plus de 50 % en deux ans, et un portefeuille concentré de 20 à 30 lignes.

Le portefeuille reflète les meilleures idées de l’équipe d’investissement et s’appuie sur un processus complet de gestion des risques pour chaque position. Ce processus de gestion du risque se fonde sur une analyse détaillée des scénarios et des valorisations, et évalue si la thèse d’investissement répond aux attentes et aux critères.

C.F. : Le segment des petites capitalisations américaines est considéré comme moins résilient dans les environnements économiques difficiles. Devons-nous nous inquiéter d’une éventuelle récession aux États-Unis en 2023 ?

B.McG. : Le marché des petites capitalisations est vaste, et nous pensons que les tendances en matière de bénéfices seront plus spécifiques aux secteurs et aux sociétés qu’à l’ensemble de l’univers d’investissement. Par exemple, de nombreux secteurs de l’économie ont déjà connu un ralentissement significatif, tandis que d’autres bénéficient encore de prix insoutenables et réalisent des bénéfices excessifs.

Compte tenu de notre processus de concentration et de génération d’idées, nous avons la possibilité de nous concentrer sur des opportunités idiosyncratiques, spécifiques à une société ou à un secteur. De plus, nous donnons généralement la priorité aux entreprises qui ont un bilan sain et une bonne génération de free cash-flow.

C.F. : Dans ce contexte macroéconomique, quelle place les investisseurs européens doivent-ils réserver aux petites capitalisations américaines dans l’allocation de leur portefeuille ?

B.McG. : Alors que les multiples des petites capitalisations sont à des niveaux historiquement bas et que les craintes liées aux bénéfices de 2023 sont de plus en plus envisagées, nous continuons de penser que nous sommes dans un processus de stabilisation significatif pour les actions de petites capitalisations. Nous notons que depuis les années 1960, les petites capitalisations ont toujours offert une surperformance spectaculaire par rapport aux grandes capitalisations au cours des 12 mois qui ont suivi les points bas des marchés baissiers.

Aujourd’hui, les perspectives à plus long terme de surperformance des petites capitalisations semblent être brillantes. Au cours de la dernière décennie, les méga-capitalisations de croissance (principalement les géants de la technologie) ont généré une part disproportionnée de la performance des actions américaines. Si cette situation était sans doute méritée, car ces émetteurs présentaient des caractéristiques de croissance, de rentabilité et de cash-flow supérieures, les résultats récents des bénéfices montrent une détérioration significative du leadership fondamental des mégacapitalisations.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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