Marchés obligataires : les courbes de taux et les banques centrales commencent à être plus alignées

Asset Management - En juillet 2023, la politique de hausse des taux des banques centrales semble toucher à sa fin. Faut-il s'attendre désormais à un resserrement monétaire plus modeste ? Quelles perspectives pour les investisseurs sur les marchés obligataires ? Les équipes de gestion de Muzinich & Co. publient leur commentaire de marché hebdomadaire.

Les mois de mai et juin ont été marqués par une accentuation de l’inversion de la courbe des taux. Les courbes du Trésor américain et du Bund allemand sont à nouveau proches du niveau d’inversion le plus élevé que nous ayons connu au cours de ce cycle. Notre graphique hebdomadaire montre la différence entre les rendements des obligations d’État à 2 ans et à 10 ans aux États-Unis et en Allemagne, un chiffre plus négatif indiquant un degré plus élevé d’inversion de la courbe des taux.

Des taux directeurs plus élevés

Plus précisément, au cours de cette période, les taux de la partie courte de la courbe sont sortis de leurs fourchettes récentes et ont progressé, entrainant cette inversion. Le rendement américain à deux ans a augmenté de près de 100 points de base (pb) depuis le début du mois de mai et le rendement allemand à deux ans a augmenté de près de 60 pb.

Le marché semble adopter des taux directeurs « plus élevés pour plus longtemps », repoussant les baisses de taux conformément aux messages de Jerome Powell, président de la Réserve fédérale (Fed), et de Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE). Les taux courts ont réagi en premier, les taux longs commençant à rattraper leur retard au cours de la première semaine de juillet (voir le graphique ci-dessous).

Marchés obligataires : les courbes de taux et les banques centrales commencent à être plus alignées
Source : Muzinich & Co.

Banques centrales VS inflation

Le forum annuel de la BCE à Sintra, au Portugal, a vu les banquiers centraux présenter un front uni dans leur lutte contre l’inflation. Les politiques doivent rester restrictives et la récession n’est toujours pas l’hypothèse de base. Le président Powell et la présidente Lagarde sont tous deux restés fidèles à leur discours.

Bien que la porte ait été laissée ouverte à d’autres hausses, voir à des hausses consécutives de la part de la Fed, il est largement admis que nous sommes désormais dans la dernière ligne droite du cycle de hausse actuel. Les minutes du Comité fédéral de l’open market ont mis l’accent sur les délais longs et variables de la politique monétaire et ont noté l’incertitude persistante concernant les conditions d’octroi de crédit.

Vers un resserrement plus modeste ?

L’ampleur des retombées de la crise du secteur bancaire reste incertaine ; ensemble, ces éléments plaident en faveur d’un resserrement plus modeste à partir d’aujourd’hui. À Sintra, le président Powell a commenté : « Bien que la politique soit restrictive, elle ne l’est peut-être pas assez et elle ne l’a pas été assez longtemps ». Ce commentaire reflète un message de plus en plus clair : moins de hausses, mais une période plus longue de taux restrictifs.

Associé à des données économiques qui suggèrent que l’économie américaine peut tolérer
cette stratégie, ce message a conduit à une hausse de la partie courte de la courbe des
taux. Le marché a longtemps fait fi du bluff de la Fed et de la BCE, prévoyant des baisses
de taux à court terme malgré l’opposition du président Powell et de la présidente Lagarde.

Divergence entre l’UE et les USA

Compte tenu de la solidité persistante des données économiques américaines et de l’inflation qui reste supérieure à l’objectif, le marché jette peut-être enfin l’éponge et admet que si les taux ne peuvent pas augmenter beaucoup, ils pourraient rester au niveau actuel dans un avenir proche. Il est vrai que les données économiques en Europe brossent un tableau moins optimiste et qu’il semble qu’il y ait une certaine divergence avec les États-Unis.

Mais pour l’instant, le marché des taux semble au moins plus aligné sur les messages des banques centrales qu’il ne l’a été depuis un certain temps. Jusqu’à présent, en juillet, les données d’ADP (Automatic Data Processing) et les demandes d’allocations chômage ont été solides aux États-Unis.

Bien que les chiffres de l’emploi non agricole (non-farm payrolls) aient été inférieurs aux attentes, le marché du travail reste robuste et les créations d’emplois se poursuivent. Un scénario d’atterrissage en douceur aux États-Unis semble se dessiner avec plus de netteté, tandis qu’en Europe, le jury n’a pas encore rendu son verdict.

Les équipes de Muzinich & Co. - Muzinich & Co.

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