Marchés financiers : pouvez-vous compter jusqu’à 4 200 000 000 ?

Asset Management - Sur le calendrier électoral, l'année 2024 devrait battre un record du nombre de scrutins dans le monde. 4,2 milliards de personnes dans 76 pays seront appelées aux urnes. Quelles perspectives sur les marchés financiers ? Les équipes de Muzinich & Co. publient leur commentaire de marché hebdomadaire.

La fin de la saison de publications des résultats du troisième trimestre, une semaine boursière écourtée en raison des vacances de Thanksgiving et un calendrier macroéconomique peu chargé, il n’est pas surprenant que les marchés financiers ont peu fluctués la semaine dernière, l’indice VIX atteignant son niveau le plus bas de l’année.

Fed, une politique monétaire prudente

L’événement clé pour les marchés développés a été la publication du « FOMC minutes » (Federal Open Market Committee) de novembre. Les participants ont largement convenu de « procéder avec prudence » en ce qui concerne les futurs mouvements des taux d’intérêt.

C’est devenu une habitude du comité de dire qu’ils estiment que la balance du risque entre la croissance et l’inflation est approprié, et que les taux d’intérêt actuels permettront d’atteindre le double objectif d’inflation et d’emploi. Tout changement de position de la part du comité sera déterminé par les futures données économiques.

Pour les marchés émergents (EM), la banque centrale turque a surpris les investisseurs en augmentant les taux directeurs à 40 %, alors que le consensus prévoyait une augmentation à 37,5 %. La banque centrale prévoyant elle-même une baisse de l’inflation à 36 % d’ici la fin 2024, la Turquie a désormais normalisé sa politique monétaire, faisant passer les taux réels en territoire positif.

Pendant ce temps, en Chine, les autorités continuent d’accélérer leur politique de soutien au secteur immobilier. Les nouvelles mesures annoncées cette semaine comprennent un projet de liste d’entreprises éligibles au financement bancaire et des programmes qui permettraient aux banques d’offrir aux promoteurs immobiliers des prêts non garantis.

Le grand retour du risque politique

La semaine dernière, des marchés financiers atones ont laissé place à la politique pour attirer l’attention des investisseurs. En Argentine, l’économiste libertaire Javier Milei a surpris les sondages en remportant une victoire écrasante au second tour des élections, avec 55,7 % des voix.

L’administration entrera en fonction le 10 décembre et aura pour mandat de redresser l’économie du pays qui, depuis des années, cumule les déséquilibres. La tâche n’est pas aisée, compte tenu des réserves internationales appauvries, de l’ampleur du déficit budgétaire dû aux largesses, d’un marché de dette exsangue et de la surévaluation considérable de la monnaie.

Cependant, Javier Milei a affirmé qu’il n’y avait pas de place pour le gradualisme ; les investisseurs s’attendent à un énorme resserrement budgétaire pour ramener le gouvernement à un financement excédentaire, ainsi qu’à une dévaluation majeure du peso — même la possibilité d’une dollarisation complète a été discutée — et enfin, au rétablissement de ses relations avec le FMI (Fonds Monétaire International).

La deuxième surprise est venue des Pays-Bas, où les élections nationales ont produit un énorme bouleversement politique avec la victoire du politicien d’extrême droite controversé Geert Wilders, qui a mené une campagne contre l’UE et des politiques d’immigration strictes.

Marchés financiers : pouvez-vous compter jusqu'à 4 200 000 000 ?
« Citoyens qui se rendront aux urnes cette année, en milliards »
Source : Muzinich & Co.

Quelles perspectives en 2024 ?

La politique pourrait jouer un rôle clé pour les investisseurs l’année prochaine. 2024 sera l’année électorale la plus chargée jamais enregistrée, avec 4,2 milliards de personnes vivant dans 76 pays qui seront appelées à voter (voir le graphique ci-dessus). Le continent européen compte le plus grand nombre de pays votants (37), avec notamment l’élection du Parlement européen en juin et les élections nationales en Grande-Bretagne.

Toutefois, les élections les plus attendues se dérouleront aux États-Unis, le 5 novembre, avec un nouveau duel très probable entre Donald Trump et Joe Biden. Les 435 représentants de la Chambre des représentants et les 34 sièges du Sénat seront soumis au vote. Dans les pays émergents, les élections qui pourraient avoir des implications macroéconomiques concernent Taïwan et son effet potentiel sur les relations entre les États-Unis et la Chine. En Inde, les élections se dérouleront en avril-mai et Narendra Modi briguera un troisième mandat.

En juin, le Mexique devrait élire sa première femme présidente. L’Afrique du Sud se rendra aux urnes entre mai et août, le Congrès national africain (ANC) risquant actuellement de voir son taux de soutien passer sous la barre des 50 %. Des élections locales importantes sont également prévues en Turquie et au Brésil. Il sera intéressant de voir s’il y a un vote de soutien pour le parti AK de Turquie après son revirement vers une politique orthodoxe de gestion de l’économie, et si Lula au Brésil peut consolider le soutien à ses politiques sociales.

Les équipes de Muzinich & Co. - Muzinich & Co.

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