Chine : le promoteur Country Garden évite le défaut de paiement

Immobilier - Ce mercredi 6 septembre, le promoteur chinois Country Garden a évité de justesse le défaut de paiement. Quelle stratégie adopte-il pour faire face à ses échéances ? Et quelles perspectives pour le secteur de l'immobilier chinois ? Le point avec Le Courrier Financier.

Chine : le promoteur Country Garden évite le défaut de paiement

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

Une bouffée d’oxygène temporaire. Ce mercredi 6 septembre, le promoteur chinois Country Garden s’est acquitté in extremis d’un remboursement de 22,5 millions de dollars d’intérêts sur des emprunts obligataires. Depuis le début de l’été, le géant chinois de l’immobilier était en sursis. Le 31 août dernier, l’agence américaine Moody’s avait d’ailleurs abaissé la note de solidité de Country Garden — le considérant déjà en défaut de paiement. Country Garden « ne dispose pas de sources de trésorerie suffisantes pour faire face à l’échéance prochaine de ses obligations», avait estimé Moody’s. Le pronostic a été déjoué de justesse.

Danser sur la corde raide

Confirmée par plusieurs médias chinois, cette annonce rassure les investisseurs. L’entreprise a refusé de s’exprimer pour le moment. Le spectre de la faillite semble s’éloigner, mais le promoteur n’est pas encore tiré d’affaire. Fin 2022, Country Garden affichait 1 430 milliards de yuans de dette — soit 180 milliards d’euros. Pour survivre, le promoteur se livre à un jonglage permanent entre les échéances. Le 2 septembre dernier, Country Garden a obtenu de repousser en 2026 l’échéance d’un emprunt obligataire de 3,9 milliards de yuans, rapporte Bloomberg. Encore une fois, le couperet n’est pas passé loin.

« Country Garden s’efforce de remplir ses obligations en matière de dette, mais la poursuite de cette stratégie dépendra de l’efficacité des mesures de relance et de l’assouplissement de la réglementation des restrictions imposées au secteur immobilier », déclare Gary Ng, économiste principal de Natixis Asie-Pacifique, pour Reuters. « Avec la faiblesse de la demande intérieure et la baisse des prix de l’immobilier dans les petites villes chinoises en particulier, des inquiétudes subsistent quant à la fragilité du secteur immobilier », ajoute Susannah Streeter, responsable des finances et des marchés chez Hargreaves Lansdown, au Royaume-Uni.

Le poison de la dette

Comme Evergrande avant lui, le promoteur souffre de la crise du secteur immobilier. Ce mardi 5 septembre, le cours de l’action Country Garden a terminé en baisse de 1 %, après avoir chuté jusqu’à 5% plus tôt dans la journée. Par ailleurs, l’indice Hang Seng Mainland Properties et l’indice chinois de l’immobilier CSI 300 ont perdu plus de 2 % chacun. Pour l’heure, Country Garden a toujours réussi à honorer ses dettes, qu’elle soit onshore ou offshore. D’ici fin 2023, le promoteur doit encore payer environ 162 millions de dollars d’intérêts sur des obligations, d’après les données publiées par CreditSights.

Dans les semaines à venir, le promoteur devra sûrement négocier d’autres plans de remboursement avec ses créanciers nationaux et étrangers. « L’extension de maturité de trois ans proposée par Country Garden semble meilleure que les plans de restructuration de la plupart des autres promoteurs en difficulté. La clé est de savoir si le plan pourra se dérouler sans problème, ce qui ne pourra être réalisé que si la Chine parvient à inverser la spirale descendante de son marché immobilier », résume Ting Meng, stratège crédit senior chez ANZ. Chez Country Garden, la dette reste une fleur vénéneuse et dangereuse…

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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