L’économie ralentit, les marchés espèrent… mais les banques centrales restent de marbre

Asset Management - En Europe, le ralentissement économique est déjà depuis quelques temps. Mais du côté des Etats-Unis, les signes de ralentissement commencent seulement à apparaître depuis quelques semaines. Les explications d'Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France.

Cela a commencé à se voir il y a deux semaines avec un rapport sur l’emploi plus faible qu’attendu (moins de créations d’emplois et petite hausse du taux de chômage) et une baisse de deux points de l’ISM Services, indice qui permet de mesurer l’activité dans le secteur des services, qui représentent la plus grande part de l’économie américaine.

Ralentissement économique

Les signes de ralentissement économique ont continué de se manifester la semaine dernière avec une poursuite de la hausse des demandes continues d’allocation chômage, qui reviennent à leur plus haut niveau depuis novembre 2021. Sans oublier la production industrielle qui vient de connaître sa plus forte baisse mensuelle depuis décembre 2022.

Nous le voyons clairement : depuis deux semaines l’expression « bad news is good news » pour les marchés s’applique pleinement. Les taux se détendent un peu et les marchés anticipent désormais les premières baisses de taux de la Fed à partir de mai-juin.

Le « problème » à ce stade est que les banquiers centraux n’abondent pas dans le sens des marchés. Ce n’est pas forcément une source de tension immédiate, mais si les membres de la Fed ou de la BCE n’incluent pas dans leurs prochaines interventions des éléments de langage allant dans le sens de l’anticipation des marchés, le doute pourrait s’installer dans la tête des investisseurs.

Politique monétaire « Hawkish »

En résumé : les marchés doutent que la position « higher for longer » des banques centrales concernant les taux puisse tenir longtemps, si les signes de ralentissement économique se multiplient. Mais dans les dernières interventions des présidents de la Fed et de la BCE, il semblait ne pas y avoir de place au doute.

Jerome Powell a déclaré que les membres de la Fed n’étaient pas encore « confiants sur le fait que les taux soient suffisamment hauts pour gagner la bataille contre l’inflation », ajoutant que la « bataille pour restaurer la stabilité des prix avait encore un long chemin à parcourir ».  Un ton faucon qui avait surpris les marchés et qui montre que la Fed craint probablement qu’une détente trop rapide des taux obligataires ne freine le retour de l’inflation vers l’objectif.

Même sentiment avec l’intervention de Christine Lagarde la semaine d’avant. Elle a déclaré que le niveau des taux d’intérêt, « s’il est maintenu suffisamment longtemps, contribuera au retour de l’inflation vers l’objectif », insistant sur le fait que le terme « suffisamment longtemps » n’est pas « négligeable ».

Rallye boursier, mais jusqu’à quand ?

Des messages encore assez faucon car l’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) est toujours deux fois supérieure à l’objectif, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. La poursuite du rallye sur les marchés devra probablement passer par des messages ostensiblement plus souples de la part des banques centrales. Plus ces messages tardent à arriver face au ralentissement économique observé, plus le doute va s’installer sur les marchés actions avec des prises de gain en conséquence.

Achevé de rédiger le 17 novembre 2023

Alexandre Baradez - IG France

Responsable Analyses Marchés

Voir tous les articles de Alexandre