Discours de la BCE : les marchés révisent leur interprétation

Asset Management - En février 2023, la Banque centrale européenne (BCE) maintient sa politique monétaire contre l'inflation. Comment les marchés financiers réagissent-ils ? Julien-Pierre Nouen, CFA, Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Frères Gestion, partage son analyse.

Le 2 février 2023, la Banque centrale européenne (BCE) a de nouveau relevé ses taux directeurs de 50 points de base (0,50 %) et a confirmé qu’une hausse semblable devrait avoir lieu le 16 mars. Christine Lagarde a annoncé que la BCE « évaluera » ensuite la trajectoire de sa politique monétaire avant la réunion du 4 mai 2023.

Combat maintenu contre l’inflation

Sur les marchés obligataires, cette annonce a immédiatement été suivie d’une baisse significative des « taux sans risque » (Bund à 10 ans allemand notamment), mais ce recul a été effacé au cours des jours suivants. L’annonce a été perçue dans un premier temps comme le signal d’une inflexion dans la politique monétaire de la banque centrale, avec une éventuelle hausse des taux directeurs de seulement 25 points de base le 4 mai prochain. Néanmoins, cette conviction a rapidement disparu.

Un assouplissement de la politique monétaire de la BCE reste très hypothétique à ce stade. Bien que l’inflation globale ait commencé à ralentir en zone euro grâce à la baisse des prix de l’énergie, l’inflation sousjacente reste élevée (5,2 % en décembre). Le combat contre l’inflation n’est donc pas encore gagné, ce qui pourrait conduire la BCE à maintenir une politique restrictive en 2023, au risque de mettre à mal l’optimisme initial des marchés.

Des marchés trop optimismes ?

Nous noterons que cet optimisme pourrait également susciter des déceptions aux Etats-Unis, où le marché de l’emploi reste en surchauffe — 517 000 créations d’emplois dans le secteur non agricole en janvier 2023, contre 185 000 attendues. Or, Jerome Powell a clairement indiqué que la lutte contre l’inflation nécessiterait de réduire les tensions sur le marché du travail. Jusqu’à présent, les chiffres empêchent donc les banques centrales d’amorcer un revirement de leur politique monétaire.

Achevé de rédiger le 10 février 2023

Julien-Pierre Nouen - Lazard Frères Gestion

Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée

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