Fusions-acquisitions : vers une année record en 2021

Asset Management - L'année 2021 pourrait être celle de tous les records sur le marché des fusions-acquisitions. Fin septembre, Willis Towers Watson a publié son observatoire de l'activité M&A dans le monde aux trois premiers trimestres 2021. Que faut-il en retenir ?

« Acheter la rumeur et vendre la nouvelle. » Ce proverbe nous rappelle que prix d’une action intègre une part d’anticipation. Depuis le S1 2021, le marché des fusions-acquisitions (en anglais Mergers and Acquisitions, ou M&A) bruisse de rumeurs sur une année record. C’est aussi le fil conducteur du dernier Quarterly Deal Performance Monitor, publié le 30 septembre par Willis Towers Watson. L’étude fait le bilan des opérations de M&A de plus de 100 millions de dollars dans le monde, menées à terme de janvier à septembre 2021. Les entreprises concernées ont surperformé l’indice MSCI World de +2,3 % en moyenne.

Reprise économique

Dans un contexte de reprise économique, les « excellentes performances » des entreprises ont amplifié le phénomène. Le volume des opérations de M&A au T3 2021 correspond au « deuxième plus gros volume de l’histoire pour un troisième trimestre », d’après Willis Towers Watson. L’étude fait état de 264 opérations d’une valeur supérieure à 100 millions de dollars au T3 2021. C’est plus du double du volume enregistré à la même période l’an dernier. Les opérations M&A se poursuivent à rythme soutenu, avec déjà avec 748 opérations réalisées depuis début 2021. De quoi dépasser le précédent record (1041 opérations) établi en 2015 ?

L’incertitude économique liée aux différents confinements en 2020 s’estompe peu à peu. « Les entreprises se sont lancées dans une véritable course aux fusions et acquisitions pour se renforcer et pour combler les failles révélées par la pandémie. Les projets de M&A n’ayant jamais été aussi nombreux, il est peu probable que l’activité ralentisse dans l’univers des fusions-acquisitions à court terme (…) Après une période de forte volatilité, la multiplication des fusions-acquisitions ou des projets de M&A indique que le marché s’est stabilisé », analyse Jean Cazeneuve, directeur de l’activité M&A pour la France chez Willis Towers Watson.

Et la France, dans tout ça ?

Plus de la moitié des opérations au T3 2021 ont eu lieu en Amérique du Nord. « Les opérations de M&A en France suivent la même dynamique qu’aux Etats-Unis, mais il vrai que le taux de croissance est moins élevé. Au premier semestre, il était de +67 % en France contre +249 % aux USA. La principale différence est structurelle. Le marché nord-américain possède des sociétés de taille beaucoup plus importante. Les transactions Large Cap ont renforcé le marché international en valeur. Ces grands groupes représentent d’excellentes opportunités pour nouer des partenariats capitalistiques », explique Florent Jacques, Fondateur de Finkey, au Courrier Financier.

En France, « le troisième semestre a été très impressionnant en termes de levée de fonds, avec la plus grosse transaction (680 millions de dollars) portée par Sorare dans les secteurs des crypto-actifs (plateforme de NFT) . La toute jeune société a été valorisé plus de 4 milliards de dollars, ce qui démontre une très forte dynamique de notre économie », insiste Florent Jacques. Il y a moins de statistiques sur le marché des PME, mais « sur le terrain, nous observons toujours cette course aux actifs lancée depuis le début de l’année. Les TPE-PME en bonne santé financières sont ouvertes aux rapprochements capitalistiques pour accélérer leur développement ».

Vers l’Asie et le Private Equity

Au T3 2021 l’Amérique du nord et l’Europe ont eu du mal à faire aussi bien qu’au deux trimestres précédents. D’après Willis Towers Watson, ces deux zones géographiques ont sous-performé leurs indices régionaux respectifs de -7,2 % et -7,6 %. Seuls les acquéreurs de la région Asie-Pacifique ont surperformé leur indice régional (+27,8 %) sur la même période. Ils ont signé leur meilleure performance depuis le T4 2016 (+72,8 %). De quoi conforter l’intérêt croissant des investisseurs pour les marchés actions asiatiques en cette rentrée 2021 — à moins qu’ils n’optent pour le Private Equity.

« Les volumes de fusions-acquisitions et d’introductions en bourse de l’année 2021 sont deux fois supérieurs à ceux de 2020, ce qui conforte notre décision de surpondérer les fonds de capital-investissement et les hedge funds. Les acteurs du Private Equity sont à l’origine d’environ 25 % de la valeur des fusions-acquisitions en Europe cette année — contre presque rien en 2015 », indique César Perez Ruiz, Responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management, contacté par la rédaction du Courrier Financier. Le gérant anticipe « justement une vague des fusions-acquisitions dans le sillage de la pandémie ».

Des Hedge funds en embuscade

Les hedge funds « event driven » exploitent les événements marquants de la vie d’une entreprise, qui influencent sa capitalisation. « Les opportunités de bêta directionnel ont diminué, mais les opportunités en termes d’alpha et d’arbitrage demeurent robustes, d’autant que les anticipations de rendement se tassent, et les spreads de crédit sont inférieurs à leurs plus bas historiques. Les « accidents de parcours » augmentent au fur et à mesure que les entreprises cherchent à retrouver leurs marques après la pandémie. Notre intérêt pour les stratégies event-driven fait partie de notre prédilection pour les approches activistes en général », conclut César Perez Ruiz.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

Voir tous les articles de Mathilde