France : une inflation entre 3 % et 3,5 % d’ici juin prochain, d’après l’Insee

Asset Management - Ce mardi 8 février, l'Insee publie son dernier point de conjoncture. L'inflation devrait « se situer entre 3 % et 3,5 % » en glissement annuel d'ici juin prochain. Quelles perspectives pour la croissance économique française ?

Début 2022, l’inflation poursuit sa progression en France. D’ici juin prochain, elle devrait « se situer entre 3 % et 3,5 % » estime l’Insee ce mardi 8 février. Dans son dernier point de conjoncture, l’organisme pointe « une nouvelle vague épidémique (Omicron) et une nouvelle hausse des cours du pétrole, dans un contexte de tensions géopolitiques persistante ». Après une année 2021 de rebond économique (+7 % de croissance), l’activité devrait ralentir au premier trimestre 2022 (+0,3 % prévu après + 0,7 % au T4 2021) avant de repartir au deuxième trimestre (+0,6 % prévu). Les turbulences seront-elles temporaires ?

Crise sanitaire, l’incertitude économique

La France s’efforce d’effacer les stigmates économiques de la crise sanitaire. Fin 2021, le PIB trimestriel français dépassait son niveau d’avant-crise. En revanche, les contrastes sectoriels persistent dans le paysage économique. L’hébergement-restauration reste à la peine, tandis que l’industrie — dépendante des chaînes d’approvisionnement — poursuit sa traversée du désert dans l’automobile et le secteur manufacturier. Par contraste, les services informatiques poursuivent leur progression. L’investissement numérique des entreprises françaises soutient cette tendance, avec la démocratisation du télétravail.

Entre décembre 2021 et janvier 2022, l’arrivée du variant Omicron a réveillé les incertitudes. « Depuis deux ans, les effets économiques des vagues successives sont allés en s’amenuisant, grâce à l’adaptation des comportements et à la vaccination », tempère l’Insee. La consommation des ménages devrait ralentir au premier trimestre 2022. En janvier dernier, le contexte sanitaire a pesé sur les dépenses dans l’hébergement-restauration, les services de transport ou les loisirs. Le deuxième trimestre pourrait voir une hausse de la consommation, « sous l’hypothèse d’une amélioration de la situation sanitaire ».

Créations d’emplois au rythme de la reprise

Après un ralentissement en début d’année, l’activité économique devrait accélérer au printemps. L’acquis de croissance mi-2022 devrait ainsi se porter à + 3,2 %. « C’est le taux de croissance annuel que l’on obtiendrait pour 2022 si l’activité économique restait figée aux troisième et quatrième trimestres à son niveau prévu pour le deuxième », écrit l’Insee. La reprise économique devrait se poursuivre en 2022, entre rebond des services marchands et « lente dissipation des difficultés d’approvisionnement » dans l’industrie — 45 % des entreprises du secteur les mentionnaient en octobre 2021, contre 35 % en janvier 2022.

L’Insee relève ici « la désorganisation des chaînes de valeur mondiales face à une forte demande ». Pour rappel, l’économie française a créé près de 650 000 emplois salariés dans le secteur privé en 2021 — après en avoir détruit 315 000 en 2020, d’après l’Insee. Au T4 2021, l’emploi salarié du secteur privé a augmenté de +0,5 % soit la quatrième hausse trimestrielle consécutive. Ce rebond plus rapide que prévu provoque aujourd’hui des difficultés « record » de recrutement. Début 2022, le phénomène affecte 77 % des entreprises du bâtiment, 61 % dans le secteur manufacturier et 54 % des entreprises de services.

France : une inflation entre 3 % et 3,5 % d'ici juin prochain, d'après l'Insee

L’inflation, une équation à plusieurs inconnues

En décembre 2021, les prix à la production affichent + 16,9 % en glissement annuel. Au S1 2022, l’augmentation des prix de production devraient se répercuter en partie sur les prix à la consommation. La hausse des tensions géopolitiques, notamment à la frontière ukrainienne, entraîne celle de l’énergie. Le cours du Brent atteint 90 dollars le baril, contre 75 dollars en décembre. Selon l’Insee, le « bouclier tarifaire » sur les prix du gaz et de l’électricité devrait contenir l’inflation « d’au moins un point de pourcentage » — en parallèle avec d’autres mesures, comme le chèque énergie et l’indemnité inflation.

La courbe des prix de l’énergie en 2022 dépendra de l’évolution des relations internationales. Plusieurs facteurs pourraient encore peser sur ces prévisions de PIB et d’inflation. L’ampleur de la vague Omicron pourrait perturber de nouveau les chaînes d’approvisionnement… ou au contraire, le variant pourrait se résorber naturellement, et sonner ainsi le glas de la menace sanitaire. Par ailleurs, à l’heure où la Banque centrale européenne (BCE) semble durcir son discours, difficile d’évaluer les conséquences du resserrement de la politique monétaire en zone euro. L’inflation en 2022 reste donc une équation à plusieurs inconnues.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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