Energie : la France surveille la flambée des prix du gaz et de l’électricité

Actualités - Cette semaine, Paris tente d'adapter sa politique énergétique à la flambée des prix du gaz et de l'électricité. Comment réformer un marché européen interconnecté ? Quel avenir pour le géant de l'électricité EDF ?

Energie : la France surveille la flambée des prix du gaz et de l'électricité

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

La flambée des prix de l’énergie ? Bercy la surveille comme du lait sur le feu. « Le choc gazier est comparable au choc pétrolier de 1973 », a déclaré Bruno Le Maire, ministre de l’économie, ce mercredi 26 janvier. La hausse des prix du gaz s’est répercutée sur les prix de l’électricité. Trois mois avant la présidentielle, le Gouvernement veut éviter « une crise sociale et économique ». Pour cela, il entend maintenir maintenir la hausse du prix réglementé de l’électricité en dessous de 4 % en 2022, dans le cadre du bouclier tarifaire — contre +44 % si la hausse des prix des marchés était répercutée sur les tarifs.

Limiter la facture d’électricité

Le Gouvernement a annoncé le 13 janvier dernier augmenter les volumes d’électricité qu’EDF doit céder à ses concurrents, dans le cadre du dispositif « accès régulé à l’électricité nucléaire historique » (Arenh) en place depuis 2010. Objectif, limiter la facture des ménages. Cette décision devrait coûter environ 8 milliards d’euros en 2022 à EDF, selon les calculs du groupe, qui pourrait lancer une augmentation de capital. Après l’annonce du 13 janvier, le cours d’EDF a plongé de 23 % en une seule séance. Une réaction « assez violente » mais prévisible, a expliqué Nicolas Bouthors, analyste chez Alphavalue, à l’AFP.

L’entreprise travaille une période difficile, entre un endettement record (plus de 40 milliards d’euros) et la nécessité d’investir pour moderniser un parc nucléaire vieillissant. Aujourd’hui, le géant de l’électricité compte dix réacteurs à l’arrêt pour maintenance, soit 20 % de ses capacités de production d’après l’AFP. Les prévisions de production ont été revues à la baisse pour 2022. En interne, les salariés et les syndicats ne cachent pas leur inquiétude sur l’avenir de l’entreprise. Ce mercredi 26 janvier, près d’un salarié sur quatre (37 %) était en grève en réaction à la demande de l’Etat-actionnaire qui détient 83,9 % d’EDF.

Face à une crise européenne

La crise énergétique frappe toute l’Europe. De quoi démontrer les limites de l’interconnexion électrique ? Depuis 2006, le marché français de l’électricité a été couplé avec la plupart des marchés d’Europe. Les prix de l’électricité s’indexent sur les derniers mégawattheures mis à disposition sur le réseau. En France, l’électricité est en général produite à faible coût par les centrales nucléaires. Mais en période de forte demande, il faut recourir à d’autres fournisseurs, comme les centrales à gaz aux coût de production très élevés. « Le marché européen de l’électricité est devenu obsolète », déplore Bercy ce mercredi.

Changer les règles européennes pourrait s’avérer long et compliqué. Mais le dispositif Arenh doit prendre fin en 2025, et la France doit vite trouver des alternatives. Dans ce cadre, faut-il envisager la renationalisation d’EDF ? Bercy dément envisager actuellement un tel scénario, affirmant que « ce n’est pas le sujet du moment ». Plusieurs candidats à la présidentielle et certains parlementaires l’envisagent néanmoins. En cause, les faibles performances boursières d’EDF et le peu d’intérêt des investisseurs. Selon les analystes, indemniser les actionnaires minoritaires d’EDF coûterait environ 5 milliards d’euros. A suivre…

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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