Inondations : comment protéger son patrimoine face au risque de crue ?

Actualités - Les Hauts-de-France commencent l'année 2024 les pieds dans l'eau. Ce vendredi 5 janvier, la décrue s'amorce dans le Pas-de-Calais. Le département repasse en vigilance orange. Comment expliquer ce phénomène extrême ? Quelles mesures prendre pour protéger son patrimoine ? Le point avec Le Courrier Financier.

Pas-de-Calais : inondations, comment protéger son patrimoine face au risque de crue ?

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

Bis repetita. Après les crues historiques de novembre, les Hauts-de-France ont de nouveau les pieds dans l’eau. Ce vendredi 5 janvier, le département du Pas-de-Calais repasse en vigilance crue orange d’après le bulletin de Météo France. La préfecture du Pas-de-Calais recense 191 communes et 2 768 habitations touchées « au plus fort de l’événement ». Les autorités ont procédé à plus de 700 évacuations. Outre le réseau routier perturbé, les habitants sont encore confrontés aux coupures d’électricité et aux restrictions d’accès à l’eau potable.

Publié le 12 décembre dernier au Journal Officiel, un arrêté interministériel (Ministère de l’Économie et des Finances et Ministère de l’Intérieur) daté du 30 novembre 2023 reconnaît l’état de catastrophe naturelle pour 348 communes du Nord et du Pas-de-Calais. « Il ne fait aucun doute que l’Etat va de nouveau reconnaître l’état de catastrophe naturelle. Reste à savoir dans quel délai — et si l’arrêté précédent sera simplement prolongé », assure Françoise Pallu, directrice Indemnisation de BPCE Assurances IARD, contactée par Le Courrier Financier.

Pas-de-Calais et risque d’inondation

Aujourd’hui, près d’un Français sur quatre est confronté au risque d’inondation par débordement de cours d’eau — soit 17 millions de personnes, d’après les chiffres du Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des territoires. Et le Pas-de-Calais est particulièrement exposé au risque d’inondation. Le climat y est océanique, c’est-à-dire frais et humide en automne et en hiver. D’après Météo France, il est tombé 800 millimètres de pluie dans le Pas-de-Calais entre le 15 octobre et le 2 janvier. C’est 2,5 fois le volume normal des précipitations à cette période.

Par ailleurs, le Pas-de-Calais présente des sols plats et argileux — avec des zones de marais et de canaux qui servent à évacuer l’eau vers la mer (wateringues). Ce système n’a pas suffit à protéger les habitations, ce qui pose la question de sa vétusté et plus largement de son entretien. Dans un rapport daté de septembre 2023, la Cour des comptes soulignait que les « canaux à transférer (les wateringues) sont globalement en mauvais état. Un nombre limité d’entre eux est susceptible de déborder et de créer des inondations ».

Comment protéger son patrimoine ?

Dans une situation comme celle-ci, les communes touchées demandent une reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle. Le Gouvernement reconnaît cette situation par un arrêté interministériel, « qui détermine les zones et les périodes où s’est située la catastrophe ainsi que la nature des dommages résultant de celle-ci couverts par la garantie [contre les effets des catastrophes naturelles] » (article L125-1 du Code des assurances). La parution de l’arrêté au Journal Officiel permet d’être indemnisé, mais sous conditions.

Pour être indemnisé, les biens endommagés doivent être couverts par un contrat d’assurance « dommages aux biens » ou « perte d’exploitation ». Les particuliers disposent d’une garantie « dommages aux biens » dans leur contrat d’assurance habitation et leur assurance auto. « C’est une garantie légale, qui est acquise de droit dès que l’arrêté interministériel est publié. C’est une garantie exceptionnelle pour un risque exceptionnel », explique Françoise Pallu. Une fois l’arrêté publié, le particulier dispose de 30 jours pour faire sa déclaration de sinistre.

Avec le changement climatique, les épisodes extrêmes — inondations, sécheresse, etc. — vont se multiplier. Le risque d’inondation devrait être davantage pris en compte par les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) dans leurs stratégies de prévoyance. « Aujourd’hui, le risque d’inondation n’est pas assez pris en compte par les particuliers. Pour protéger le patrimoine immobilier, nous conseillons de miser sur les mesures prévention. Par exemple, éviter les maisons de plain-pied, et ne pas hésiter à installer des batardeaux », conclut Françoise Pallu.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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