Assurance : les Français mal préparés face au risque d’inondation par ruissellement

Actualités - Cette semaine, la décrue s'amorce dans le Pas-de-Calais. Ce mercredi 15 novembre, un arrêté publié au Journal officiel a reconnu l'état de catastrophe naturelle dans le département. Comment les assureurs peuvent-ils accompagner les Français face au risque d'inondation ? Le point avec Le Courrier Financier.

Assurance : les Français mal préparés face au risque d'inondation par ruissellement

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

La décrue s’amorce après les inondations qui ont frappé la France. En déplacement dans le Pas-de-Calais (Hauts-de-France) ce mardi 14 novembre, Emmanuel Macron a promis un « fonds de soutien » de 50 millions d’euros aux collectivités du département. Un « fonds exceptionnel de soutien » doit également être déployé pour les agriculteurs — y compris ceux de Bretagne et Normandie, touchés par les tempêtes. Ce mercredi 15 novembre, un arrêté publié au Journal officiel a reconnu l’état de catastrophe naturelle dans le Pas-de-Calais. L’alerte vigilance crue repasse en jaune dans le Nord et l’Est de la France, ce vendredi 17 novembre.

En France, près de 17 millions d’habitants sont exposés au risque d’inondation par débordement de cours d’eau — et 1,4 million sont exposés au risque de submersion marine, d’après les chiffres du Ministère de la Transition Ecologique et de la Cohésion des territoires. Il existe quatre facteurs de risque principaux, qui peuvent déclencher une inondation : le débordement d’un cours d’eau, une remontée de nappe phréatique, une submersion marine ou le ruissellement urbain. Ce dernier phénomène se produit dans les zones urbanisées, lorsque le sol n’absorbe plus des précipitations trop abondantes, à cause de l’artificialisation des sols.

Des Français qui sous-estiment le risque…

Les Français sont mal préparés au risque d’inondation par ruissellement, à en croire une étude publiée le 12 octobre dernier par Assurance prévention, l’association de France assureurs. Près de sept Français sur dix (69 %) ont déjà entendu parler du ruissellement des eaux pluviales en zone urbaine. Mais seul un Français sur trois (35 %) sait précisément de quoi il s’agit. Pour nos concitoyens, le mot « ruissellement » évoque un petit ruisseau, lent et sans danger. Cette erreur peut être fatale. En 2015, sept personnes sont mortes noyées dans un parking souterrain à Mandelieu-la-Napoule près de Cannes (Alpes-Maritimes) suite à une inondation brutale.

Le risque d’inondation par ruissellement concerne l’ensemble du territoire français. Pourtant, seuls quatre Français sur dix (41 %) se sont renseignés sur les risques naturels près de chez eux. Et seul un Français sur quatre (25 %) a aménagé son logement de façon préventive — dispositif anti-inondation, renforcement des fondations, etc. « Le phénomène de ruissellement est mal connu des Français et surtout fortement sous-évalué (…) il est essentiel de mieux informer nos concitoyens sur ce phénomène et de les inciter à s’y préparer », réagit Alain-Marc Chesnier, Président de la commission Accidents de la vie courante d’Assurance Prévention.

…et des assureurs face au changement climatique

Avec le changement climatique, les phénomènes météorologiques extrêmes risquent de se multiplier — une tendance bien documentée par les travaux du GIEC. L’année dernière, les catastrophes naturelles ont coûté 10 milliards d’euros aux assureurs en France. Les tempêtes Ciaran et Domingos, qui ont traversé la France entre le 1er et le 5 novembre 2023, ont déjà coûté 1,3 milliard d’euros rapporte France Assureurs. « Les assureurs sont pleinement engagés sur le terrain aux côtés des pouvoirs publics afin d’accompagner les sinistrés face aux conséquences de ces tempêtes », commente Florence Lustman, présidente de France Assureurs.

Depuis le 1er novembre, l’assureur MMA (marque du Groupe Covéa) — qui couvre 3,1 millions de clients et emploie plus de 4 700 courtiers, d’après son rapport d’activité 2022 — affirme ainsi avoir enregistré près de 15 000 dossiers, dont 1 000 qui concernent les professionnels et les entreprises. Pour accompagner ses sociétaires touchés par ces intempéries, le Groupe a activé une cellule de crise exceptionnelle. « MMA, rappelle à ses assurés qu’ils disposent d’un délai élargi de 30 jours pour déclarer les sinistres dus aux tempêtes Ciaran et Domingos », déclare l’assureur dans un communiqué publié ce jeudi 16 novembre.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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