Guerre en Ukraine : le train des sanctions tente de rattraper les chars russes

Actualités - Ce jeudi 24 février, la Russie a lancé une offensive militaire en Ukraine. Les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) réagissent avec de lourdes sanctions économiques. Cette stratégie va-t-elle payer à moyen et long terme ? Quel impact sur les marchés financiers ? Le point avec Le Courrier Financier.

Guerre en Ukraine : le train des sanctions tente de rattraper les chars russes

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

A Kiev, la capitale ukrainienne, les 3 millions d’habitants vivent désormais au son du canon. Ce jeudi 24 février, la Russie a lancé une offensive terrestre, aérienne et maritime contre l’Ukraine. L’armée ukrainienne a dû combattre sur trois fronts ce qui constitue la plus importante offensive militaire contre un Etat européen depuis la Seconde guerre mondiale, rapporte Reuters. Tout au long de cette première journée d’invasion, les missiles russes ont visé différentes cibles. Les autorités ukrainiennes ont aussi rapporté de l’entrée sur leur territoire de plusieurs colonnes depuis la Russie, mais aussi la Biélorussie — dans le nord et l’est — et de débarquements sur les côtes de la mer Noire et de la mer d’Azov, dans le sud du pays.

Les habitants de Kiev se sont réfugiés dans le métro pour fuir les bombardements, qui ont repris ce vendredi 25 février dès l’aube. Au nord de la ville, des échanges de tirs et des explosions ont également été entendus. L’ensemble des pays occidentaux condamnent la décision de Moscou, qui intervient après des semaines d’efforts diplomatiques de la communauté internationale pour tenter d’éviter un conflit armé. Vladimir Poutine a déclaré qu’il n’avait pas eu d’autre choix. Ce jeudi 24 février, le président français Emmanuel Macron a assuré que la France et ses alliés répondraient « sans faiblesse » à « l’acte de guerre » de la Russie à l’encontre de l’Ukraine. Boris Johnson, Premier ministre britannique, a qualifié le président russe de « dictateur ».

Chars et missiles contre sanctions

Les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) ont promis dès jeudi soir des sanctions économiques très sévères à l’égard du Kremlin. En réaction à une agression qu’elle juge « barbare », Bruxelles prévoit de geler des avoirs russes. Les banques russes ne pourront ainsi plus accéder aux marchés financiers européens. Josep Borrell, haut représentant de l’UE aux Affaires étrangères, parle du « paquet de sanctions le plus dur que nous ayons jamais mis en œuvre ». Le nouveau train de sanctions dévoilé ce jeudi 24 février vise notamment les secteurs financier, de l’énergie et des transports. Il renforce le contrôle des exportations et importations. « La Russie doit sentir que le prix de l’agression est élevé », a dit Janez Jansa, le Premier ministre slovène.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, s’est exprimée devant la presse ce vendredi 25 février pour commenter les sanctions économiques. Réunis en sommet extraordinaire, les 27 dirigeants de l’UE ont décider de cibler « 70 % du marché bancaire russe et des entreprises publiques majeures, dont dans le secteur de la défense ». Restreindre l’accès de la Russie aux marchés européens devrait accroître les coûts d’emprunts du Grand Ours russe et alimenter l’inflation dans le pays. Par ailleurs, l’Europe a décidé de barrer l’accès de Moscou à des secteurs technologiques clés, comme celui des semi-conducteurs. Vladimir Poutine « doit et va échouer », a martelé Ursula von der Leyen.

Faut-il acheter au son du canon ?

Côté marchés financiers, faut-il acheter au son du canon pour vendre au son du violon ? Après une chute spectaculaire en début de séance, la Bourse de New York a terminé en hausse (+1,5 % sur le S&P500) ce jeudi 24 février. La tendance se confirme ce vendredi 25 février dans les premiers échanges à Wall Street. Les bourses européennes se redressent (+2,1 % à Londres, +1,2 % à Francfort, +1,4 % à Paris) dans le sillage des Etats-Unis où les opérateurs ont placé leurs espoirs dans un changement de position de la Fed. « La position ferme adoptée par les Etats-Unis et l’Europe envoie un message fort aux marchés financiers », réagit Peter Cardillo, chef économiste de Spartan Capital Securities à New York.

Deux scénarios pourraient se concrétiser. Le premier implique un apaisement du conflit avec un cessez-le-feu, de quoi provoquer une hausse des différents actifs risqués. Le second scénario, moins favorable, serait celui d’une guerre qui se prolonge dans l’est de l’Europe. « C’est l’incertitude initiale qui constitue le plus grand risque pour les investisseurs. Lors de ces périodes d’incertitude, il convient de s’exposer aux métaux précieux et plus particulièrement à l’or. Ensuite, de nombreuses opportunités se présenteront, étant donné que la reprise des cours devrait être aussi vigoureuse que l’a été la baisse », commente Réda Aboutika, Chief Analyst chez X-Trade Brokers (XTB), contacté par Le Courrier Financier.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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