Marchés financiers : l’optimisme perdure

Asset Management - L'année 2021 démarre en fanfare, entre pandémie de Covid-19 et prise du Capitole aux Etats-Unis. Pourtant, les marchés financiers demeurent optimistes. Quelles perspectives s'ouvrent en 2021 ? Les explications de Sebastian Paris Horvitz, Stratégiste chez La Banque Postale Asset Management (LBPAM).

L’état d’urgence a été décrété à Londres compte tenu de la progression de la pandémie. La situation semble hors de contrôle et les hôpitaux submergés. La situation à Londres est alarmante.Lors de la première vague en mars-avril dernier, rien de pareil n’était arrivé. Quoi qu’il en soit, cette situation explique la décision de confinement total qui a été mise en œuvre.

Marchés financiers : l’optimisme perdure

Il faut attendre un effet très visible sur la mobilité et vraisemblablement sur l’activité au Royaume-Uni pour le mois de janvier et peut être au-delà. Cette détérioration est aussi visible dans d’autres pays européens, mais aussi aux Etats-Unis où le nombre de décès atteint des records, mais la situation de crise semble moins dramatique en relation à outre-Manche.

En même temps, les campagnes de vaccination continuent à s’accélérer. Déjà plus de 23 millions de doses ont été inoculées dans le monde. Néanmoins, hors Israël, il faudra attendre l’été ou au-delà pour voir un effet très significatif du vaccin sur l’évolution de la pandémie. Ceci en faisant l’hypothèse, comme l’indiquent les scientifiques, que les vaccins restent efficaces contre les nouvelles variantes du virus.

USA, la blessure du Capitole

Comme nous l’indiquions, le premier trimestre risque de ne pas être le symbole du rebond économique durable attendu. Il devrait s’avérer assez faible. Aux Etats-Unis la blessure du Capitole envahi domine la vie politique. Néanmoins, la prise de contrôle des deux Chambres du parlement par les démocrates, alimente la spéculation sur un plan de soutien supplémentaire à brève échéance.

Un plan de plus de 700 milliards de dollars pourrait être adopté assez rapidement afin d’offrir un plus fort soutien à l’économie américaine. Dans ce plan, des aides directes, via notamment des nouveaux chèques au ménages américains, seraient envisagées. Ce plan devrait certes aider encore davantage l’économie américaine à court terme, mais il ne semble pas être le moyen le plus adapté pour relancer l’économie.

Des mesures plus ciblés pour les populations les plus touchées par la crise seraient plus judicieuses associées à des mesures visant davantage à relancer l’économie, notamment l’investissement. Mais, apparemment, les démocrates veulent agir vite. Sur les marchés les événements du Capitole ainsi que la dégradation de la conjoncture pour cause de pandémie ont eu peu de prise sur le pari relationniste.

Crise et chômage, morne plaine

La crise politique engendrée par l’invasion du Capitole par les supporters de Donald Trump n’a pas vraiment affecté le sentiment sur les marchés. Le départ assuré de Trump et le fait qu’il n’y ait pas d’échéance électorale proche, font que ces événements sont considérés comme ne changeant en rien la donne quant à la direction de l’économie américaine en 2021.

Il en va de même pour les mauvais chiffres de l’emploi pour le mois de décembre. La destruction nette de 140 mille emplois pendant le mois, alors que le consensus attendait 50 000 créations n’a pas été traitée comme changeant les anticipations pour les trimestres à venir.

Les destructions d’emploi se sont concentrées sur les secteur des restaurants, affectés fortement par les nouvelles mesures de confinement. Ce secteur a certes récupéré une partie des emplois perdus — notamment des emplois peu qualifiés — au cours des derniers mois, mais on est encore très loin du niveau qui prévalait avant la crise.

Marchés financiers : l’optimisme perdure

2021, les raisons de l’optimisme

Quoi qu’il en soit, le marché continue à se focaliser sur l’avenir, espérant que la croissance va s’accélérer rapidement du fait du programme de vaccination et du soutien budgétaire. C’est sûrement ce dernier élément qui a poussé le taux à 10 ans vers le plus haut niveau connu depuis mars dernier, en dépassant les 1,11 %.

Bref, le pari relationniste reste très vivace. A court terme, il est difficile de voir celui-ci perdre de sa robustesse. Les chiffres d’inflation de cette semaine pourraient lui donner encore un petit coup de pouce. Dans la foulée de l’optimisme ambiant, nous avons vu les bourses continuer à gagner du terrain, avec notamment des positions spéculatives toujours croissantes.

Marchés financiers : l’optimisme perdure

Il est clair que parmi les plus grands dangers pour le marché en 2021, seraient une frayeur sur l’inflation, poussant les taux longs bien plus haut, mais surtout une poursuite de la montée euphorique d’aujourd’hui qui viendrait fragiliser ce mouvement haussier et qui aboutirait à une correction inéluctable.

Sebastian Paris-Horvitz - La Banque Postale Asset Management

Economiste et stratégiste chez La Banque Postale Asset Management

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