Marchés financiers : léger vent d’optimisme

Asset Management - Cette semaine, le revirement de Donald Trump sur le soutien à l'économie américaine semble rassurer les marchés financiers. Comment évoluent les indices boursiers ? Pourquoi les investisseurs favorisent-ils la prise de risque ? Les explications de Karamo Kaba, Directeur de la recherche économique chez Ecofi.

Donald Trump a fait du protectionnisme un marqueur de sa politique. Et sans doute comptait-il sur une amélioration du déficit commercial américain pour regagner les faveurs des électeurs. Or, à moins de trois semaines des élections générales du 3 novembre, c’est tout le contraire qui s’est produit. Le solde commercial a enregistré sa pire performance depuis 2006 avec un déficit de 67,1 milliards de dollars au mois d’août.

Certes, le Président Trump pourra toujours arguer que le déficit avec la
Chine est moins défavorable mais il y a fort à parier qu’il en faudra plus pour convaincre les « cols bleus » dans les Etats de la « ceinture industrielle » : Ohio, Pennsylvanie, Wisconsin, Michigan, etc. C’est peut-être ce qui explique le revirement présidentiel dans les négociations avec le Congrès.

Soutenir l’économie

Après avoir annoncé dans un premier temps qu’il mettait fin aux négociations avec les démocrates du Congrès sur un nouveau plan de soutien à l’économie, Donald Trump s’est finalement ravisé et demande de poursuivre des négociations qui iront au-delà de l’offre de 1 600 milliards de dollars proposée par le camp républicain pour aider les ménages et les entreprises.

Vu l’évolution des indices boursiers sur la semaine (+ 3,84 % pour le S&P 500, à 3 477 points), les investisseurs semblent croire que ces aides, cruciales notamment pour le secteur aérien, finiront par arriver. En l’état, le marché du travail ne montre pas de signe d’accélération. Même si le nombre de bénéficiaires de l’allocation-chômage est ressorti en baisse de 1 003 179 à la fin de la semaine du 26 septembre, il restait encore plus 25,5 millions de personnes recevant des allocations.

L’emploi dans le rouge

Dans le même temps, le nombre de postes vacants a diminué (-204 000 en août, pour s’établir à 6,5 millions) pendant que les crédits à la consommation baissaient (- 7,2 Mds$ en août après + 16,9 Mds$ en juin et + 14,9 Mds$ en juillet). Autrement dit, nous nous attendons à un ralentissement de l’apport de la consommation dès le quatrième trimestre, ce qui explique les révisions à la baisse du rythme de progression du PIB.

Ce constat est également valable pour la zone euro où la bonne orientation de la consommation (+ 4,4 % pour les ventes au détail en août) devrait être remise en cause par la mauvaise passe du marché de l’emploi. Ainsi, selon Eurostat, 29,6 millions de personnes étaient-elles à la recherche d’un travail ou en chômage partiel, soit 14 % de la population active.

L’heure de la prise de risques ?

Ces statistiques difficiles du marché de l’emploi ont contrasté avec le rebond de l’indice ISM dans les services (+0,9 point, à 57,8 en septembre) en hausse pour le quatrième mois consécutif. Pour rappel, cet indice résulte d’une enquête auprès de 400 entreprises portant sur des données telles que : indicateurs sur les nouvelles commandes, production, emploi, délais de livraison, prix, stock, commandes à l’export et l’import, etc.

Ce chiffre a favorisé la prise de risques, ce qui s’est traduit par une remontée des rendements sur les marchés obligataires. Nous avons ainsi vu le rendement des emprunts d’Etat américain ressortir en hausse de 8 points de base (pbs) à 0,78 % pour le 10 ans américain, en total décalage avec les évolutions en Italie (- 6 pbs, à – 0,73 %) et en France (- 1 pb, à – 0,27 %). Il semble à la lecture des sondages, que les investisseurs se préparent à voir le programme très expansionniste de Joe Biden être bientôt mis en œuvre.

Impact sur le marché des devises

Dans ces conditions, il n’est donc pas étonnant que la baisse de l’aversion au risque ait joué en défaveur du dollar qui s’est déprécié contre toutes les monnaies (- 0,84 %, à 93,09 points pour son taux de change effectif). Par effet mécanique, la baisse du dollar a profité à l’euro, en hausse de 0,87 % sur la semaine, revenu au-dessus du seuil de 1,18 dollar.

De leur côté, les devises liées aux matières ont profité de la hausse de ces dernières, notamment du bond du pétrole (+ 9,66 %, à 40,63$ pour le WTI et + 8,71 %, à 42,69$ pour le Brent), aidé par les conséquences de l’ouragan Delta dans le golfe du Mexique.

Karamo Kaba

Directeur des études économiques

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