Marchés financiers : la Russie a ouvert la boîte de Pandore…

Asset Management - La bourse suit de près la guerre en Ukraine. Comment le contexte géopolitique peut-il affecter l'économie mondiale ? Quel impact sur l'inflation et les marchés actions ? Les explications d'Olivier Guillou, Directeur de la gestion chez Ecofi.

L’Ukraine est au centre des attentions et des peurs. Ainsi, le conflit russo-ukrainien renforce-t-il notablement les risques de stagflation pour l’économie mondiale. L’escalade sans limite du conflit plonge le monde dans une situation de risques de conflit généralisé, bloc contre bloc, avec une menace nucléaire non dissimulée.

Les mesures de rétorsion de la communauté internationale vis-à-vis de la Russie et de ses intérêts économiques précipitent une flambée du prix de l’énergie et des matières premières. Cette situation risque de provoquer une onde de choc durable sur les marchés financiers.

Trois scénarios à envisager

A ce stade, il est difficile d’entrevoir une issue à la crise compte tenu des buts de guerre et des conditions demandées par la Russie pour un cessez-le-feu, qui nous semblent inacceptables pour la communauté internationale. Trois scénarios sont possibles :

  • la désescalade et l’ouverture de négociations ;
  • un conflit qui s’enlise mais reste confiné au territoire ukrainien ;
  • une crise frontale OTAN/ Russie.

Dans ce contexte, l’activité économique est passée au second plan, alors que la bonne santé de l’économie américaine se confirme avec le rapport de l’emploi. L’enquête auprès des entreprises a fait état de 678 000 créations nettes d’emplois en février, contre 423 000 attendues par le consensus (654 000 dans le seul secteur privé, contre 413 000 attendues). Au total, l’emploi reste inférieur de 1,4 % à son niveau de février 2020, soit un écart de 2,1 millions en nombre de personnes, dont 1,5 million dans le secteur de l’hospitalité.

Face à la hausse de l’inflation

La Fed — qui projette toujours de remonter ses taux — va être confrontée à un risque de récession si elle agit trop fortement. Il est néanmoins probable qu’elle augmente ses taux dès mars comme attendu, mais de 25 points de base (pbs) et non de 50 pbs. En Europe, la situation de guerre sur le continent rend l’équation difficile avec une hausse des prix via l’énergie et les matières premières qui va laminer le pouvoir d’achat des ménages.

L’estimation préliminaire de l’inflation en zone euro pour février a une nouvelle fois dépassé les attentes du consensus. L’inflation est remontée à 5,8 % en glissement annuel (après 5,1 % en janvier), alors que le consensus tablait sur une hausse à 5,6 %. L’inflation sous-jacente (hors alimentation, alcool, tabac et énergie) a également surpris à la hausse : 2,7 % en glissement annuel, après 2,3 % et contre 2,6 % attendu. La tendance ne va pas s’améliorer compte tenu de la situation en Ukraine.

Quel impact sur les marchés actions ?

Les marchés actions corrigent fortement (CAC40 -10 %), tous les secteurs étant en repli, dont le secteur financier. Les taux souverains ont baissé, avec le retour de l’aversion au risque. Le taux à 10 ans allemand est repassé en territoire négatif, à -0,07 %. Les prix des matières premières s’envolent : pétrole, gaz, or, blé, aluminium… L’incertitude est à son paroxysme, entre l’espoir d’un retour à la raison et la peur d’un débordement du conflit à l’ouest précipitant un conflit généralisé par le jeu des alliances.

Olivier Guillou - Ecofi

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