Marchés financiers : euphorie après le signal de pivot de la Fed

Asset Management - Face au recul de l'inflation, la Réserve fédérale américaine (Fed) prévoit des baisses de taux en 2024. Ce pivot de la Fed déclenche une euphorie sur les marchés. Quelles perspectives pour les investisseurs ? L'éclairage de Jeanne Asseraf-Bitton, Responsable de la Recherche et Stratégie de BFT IM.

Le rallye obligataire s’intensifie et le taux 10 ans tombe à environ 3,9 % aux Etats-Unis, 2 % en Allemagne et 2,6 % en France. Le différentiel de politique monétaire attendu pénalise le dollar qui perd environ 2 % (€/$ ≈ 1,10 et $/¥ ≈ 142).

Quel resserrement monétaire ?

Les marchés actions progressent, notamment les petites valeurs. Les titres US, tirés par les valeurs cycliques, surperforment l’Eurozone freinée par les valeurs défensives. Le Japon pâtit de la hausse du yen et la Chine subit la désaffection des investisseurs. Les spreads de crédit se compressent davantage (le cash high yield en euros perd environ -20 pdb).

La Fed maintient son taux directeur mais envisage le desserrement monétaire. Satisfaite des progrès sur le front de l’inflation, le Fed revoit en baisse les risques pour 2024 et laisse présager 75 à 100 points de base (pdb) de baisses de taux.

Et ce, malgré des données qui montrent une inflation à 3,1 % au total et 4 % en « cœur » en novembre. L’inflation « supercoeur » (services hors alimentation, énergie et logement) atteint 5,2 % sur 3 mois annualisé. La hausse médiane des salaires est ferme à 5,2 % l’an. Les PME prévoient des hausses de salaires.

La question des salaires

La lutte contre l’inflation n’est pas terminée selon la BCE. Les taux (4 % dépôt) sont jugés appropriés si maintenus suffisamment pour ramener l’inflation vers 2 %. La BCE ne baisse pas sa garde face à une inflation des salaires, qu’elle revoit en hausse malgré une croissance revue en baisse. La réduction du bilan s’accentuera dès le S2 2024 (50 % des tombées PEPP réinvesties puis 0 % fin 2024). Les enquêtes PMI de décembre confirment l’atonie de l’activité.

La banque d’Angleterre maintient le cap face à l’inflation salariale. Le taux bancaire est inchangé à 5,25 %, la politique devra être suffisamment restrictive pendant suffisamment longtemps. L’emploi s’infléchit avec de modestes destructions d’emploi en novembre et une détente des salaires à 7,3 % l’an.

Le Japon affiche un solide momentum d’activité. Le climat des affaires (Tankan) marque une avancée inattendue au quatrième trimestre, sur un plus haut dans les services, avec des besoins record de main d’œuvre, de bon augure pour l’emploi et les salaires. La Chine affiche des signes d’activité mitigés. L’immobilier est toujours en berne mais l’impulsion de crédit s’améliore et la consommation reprend.

Jeanne Asseraf-Bitton - BFT Investment Managers

Responsable de la recherche et de la stratégie

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