Inflation : Lost in transition

Asset Management - L'inflation poursuit une tendance haussière. La pression s'accentue sur la Réserve fédérale américaine (Fed) qui envisage le tapering, tandis que la BCE tarde à clarifier sa politique monétaire. Dans ce contexte d'incertitude, reste-il des leviers de performance ? Le point avec Olivier Guillou, Directeur de la gestion chez Ecofi.

L’actualité économique de la semaine a été dominée par la publication des chiffres d’inflation pour novembre aux États-Unis. Parallèlement, les dernières études d’impact sur le variant Omicron semblent confirmer une contagiosité plus élevée que le variant delta mais une moindre nocivité.

La tendance sur l’inflation (headline) aux USA se confirme avec une publication à 6,8 % en novembre — comme attendu par le consensus contre 6,2 % le mois passé. Ce chiffre constitue un record de près de 40 ans. Pour autant, cette tendance haussière est proche du pic selon nous et la décrue devrait s’amorcer au 1er semestre 2022. L’indice core s’établit à 4,9 %.

Pression sur la banque centrale américaine

Dans le détail, les « usual suspects », les composantes habituelles (énergie, loyer, voitures neuves et occasions) contribuent le plus, de même que les composantes liées à la réouverture et la mobilité. La diffusion plus large et plus durable s’explique également par des ruptures d’approvisionnement qui ne permettent pas d’équilibrer l’offre par rapport à la demande, même si les goulets d’étranglements, notamment dans le transport, se résorbent progressivement.

Cette évolution est conforme aux attentes des analystes, mais elle met un peu plus de pression sur la Réserve fédérale (Fed) qui se réunit cette semaine, et dont la communication attachée au statut transitoire de l’inflation se heurte à un niveau moyen plus élevé. Elle devrait donc anticiper son tapering (calendrier, amplitude) et son resserrement monétaire.

Mais anticiper n’est pas accélérer — le tapering n’est pas le tightening. D’ailleurs, sur le long terme, les taux d’intérêt restent sous contrôle avec des taux réels durablement négatifs en raison de l’ancrage d’inflation à moyen terme, mais surtout en raison du stock détenu par la Banque centrale.

Zone euro, l’incertitude liée au variant Omicron

Dans la zone euro, les statistiques devraient décevoir avec l’incertitude liée au Covid. Lors des réunions des banques centrales, nous nous attendons à ce que la BCE mette fin au PEPP en mars, mais visons une baisse progressive des achats.

Nous serons attentifs à la prise de fonction du chancelier Olaf Scholz alors que l’inflation allemande est à plus de 5 %. La question énergétique est majeure pour la zone dans l’analyse de l’inflation et des revenus disponibles pour évaluer le potentiel de croissance économique, qui restera supérieur au potentiel en 2022.

Au total, sur la semaine, la baisse de l’aversion à Omicron soutient la progression des actifs risqués (MSCI World +3,3 %, S&P 500 +3,8 %, Eurostoxx +2,6 %) et la volatilité baisse (VIX 18,69 %). Les valeurs Growth surperforment les valeurs Value. A noter le rebond du pétrole Brent à 75 dollars par baril.

Quels leviers de performance possibles ?

Pour 2022, les perspectives restent solides une fois ces incertitudes de court terme passées. Nous identifions deux leviers : d’une part la reconstitution des stocks et les rattrapages de consommation, auquel s’ajoute la hausse des investissements (plans US et Europe), et d’autre part une revalorisation des perspectives bénéficiaires pour l’exercice à venir.

Olivier Guillou - Ecofi

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