EXCLUSIF / Energies renouvelables : un climat d’investissement changeant

Responsabilité sociale - Alors que la plupart des pays du monde se remettent de la pandémie de Covid, les pressions sur les prix s'intensifient. Dans ce contexte, ce sont aussi les prix de l’énergie qui font les gros titres. Pendant que la France se tourne davantage vers le nucléaire et l'Allemagne vers le gaz naturel, la transition énergétique l’échelle locale en Asie représente une opportunité évidente. L'éclairage de Nick Parsons, responsable de la recherche et de la politique ESG de ThomasLloyd Group.

Les principaux pays du monde se remettant rapidement et de manière synchronisée de la pandémie de Covid, le Fonds Monétaire International (FMI) prévoit une croissance de l’économie mondiale de 5,9 % en 2021 et de 4,9 % en 2022 ; soit le taux de croissance le plus rapide sur deux ans depuis plus de 50 ans.

En parallèle, alors que les banques centrales des pays du G7 poursuivent leurs politiques monétaires très expansionnistes, il n’est pas surprenant que les pressions sur les prix s’intensifient partout. Aux États-Unis, l’inflation des prix à la consommation est passée d’un taux annuel de seulement 0,1 % au plus fort de la crise du Covid à 5,4 % aujourd’hui.

Au Royaume-Uni, l’inflation de l’IPC est de 3,1 % et dans la zone euro, elle a atteint 3,4 %, son plus haut niveau depuis 13 ans. Les problèmes liés aux chaînes d’approvisionnement mondiales, à l’acheminement du fret et aux pénuries de main-d’œuvre maintiendront les prix sous pression pendant de nombreux mois, voire des années, à venir.

Transition et prix de l’énergie

Dans ce contexte, ce sont aussi les prix de l’énergie qui font les gros titres du monde entier. Aux États-Unis, le prix du pétrole brut (WTI) a atteint 82,28 USD le baril, son plus haut niveau depuis 2014 et en hausse de 70 % depuis le début de 2021. Au Royaume-Uni, le prix du gaz naturel à terme a plus que triplé, passant de 56,40 GBP au début de l’année à 233,51 GBP.

En Europe, le prix du charbon a plus que doublé, passant de 69,50 USD par tonne pour culminer à 190 USD par tonne début octobre. Il en va de même pour les marchés de gros de l’électricité qui ne peuvent rester à l’écart de ces évolutions. Au Royaume-Uni, le prix de l’électricité de base est passé de 67,75 GBP/MWh à un nouveau record de 282,00 GBP/MWh, et en Allemagne, de 49,78 EUR/MWh à un pic de 159,50 EUR/MWh. 

La hausse des prix des combustibles fossiles va certainement accélérer la transition vers les énergies renouvelables. Un transition aussi encouragée par une politique du « reconstruire en mieux », qui signifie non seulement renforcer les économies nationales, mais aussi réduire la dépendance à l’égard des importations, notamment en matière d’énergie. 

Enjeux de sécurité énergétique

Mais comme nous l’avons vu en Europe, la production locale d’énergies renouvelables reste à la merci des conditions météorologiques. En septembre, un temps particulièrement doux a fortement affecté l’efficacité de l’énergie éolienne, obligeant les pays à combler le déficit en recourant au gaz et au charbon.

Aux Philippines, où les importations de pétrole brut ont fortement diminué au cours des deux dernières années, mais se situent toujours autour de 90 000 barils par jour, tandis que les importations de charbon ont atteint près de 30 millions de tonnes l’an dernier, nous montre aussi la difficulté de s’émanciper des énergies fossiles. 

Cependant, en Asie, la sécurité énergétique, la résilience des systèmes et la réduction de la dépendance à l’égard des importations coûteuses de pétrole restent les principaux moteurs de la politique énergétique. De surcroît, la flambée des prix du pétrole, du gaz et du charbon rend l’offre d’énergie renouvelable non seulement nécessaire mais encore plus attrayante puisqu’elle pourrait même augmenter les marges d’exploitation des producteurs d’énergies renouvelables.

Le monde d’après la COP26

Et les pays d’Asie ont un atout de taille, des conditions climatiques très favorables qui font que la compétitivité des coûts des énergies renouvelables ne fera qu’augmenter. En Inde, le soleil est assuré de briller 12 heures par jour, tandis qu’aux Philippines, les déchets de canne à sucre qui alimentent les centrales à biomasse sont disponibles à chaque récolte.

La bonne technologie, le bon emplacement et les développeurs les plus expérimentés restent bien placés pour profiter des récentes turbulences des prix de l’énergie. Il en va de même pour leurs investisseurs et les communautés dans lesquelles ils opèrent.

Alors que la France se tourne davantage vers le nucléaire et l’Allemagne vers le gaz naturel, il est clair que le climat d’investissement post-COP26 a considérablement changé. La transition vers les énergies renouvelables à l’échelle locale en Asie représente une opportunité évidente de faire une réelle différence pour l’ensemble de la planète. Bénéfique à la fois pour le climat, la population et pour l’économie.  

Nick Parsons - ThomasLloyd Group

Responsable de la recherche et de la politique ESG

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