BCE : plus sensible à la dégradation économique en zone euro ?

Asset Management - En zone euro, la normalisation monétaire menée par la Banque centrale européenne (BCE) commence à se faire sentir. Que faut-il attendre de la prochaine réunion de la BCE, ce jeudi 26 octobre ? L'éclairage d'Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France.

La série de chiffres macro publiée cette semaine pour la zone euro confirment que la transmission du durcissement monétaire par le canal bancaire est rapide et efficace… Mais aussi que les conséquences économiques de cette normalisation monétaire se font de plus en plus sentir. Les indicateurs avancés PMI pour la zone euro publiés ce mardi 24 octobre montrent que l’activité manufacturière est restée contractée en octobre.

Contraction économique

C’est le seizième mois consécutif de contraction, et que la contraction s’est également prolongée dans le secteur des services pour le troisième mois consécutif…non seulement les indices PMI sont ressortis inférieurs au mois précédent mais ils sont également ressortis inférieurs au consensus. D’après la Bundesbank, l’économie allemande s’est de nouveau contractée au troisième trimestre.

Sur le front du crédit, les mois se suivent et se ressemblent : la croissance des prêts aux ménages et aux entreprises de la zone euro ne cessent de ralentir. Au point de fleurter avec la contraction en ce qui concerne les prêts aux entreprises : seulement 0,2 % de croissance en septembre soit la plus faible progression depuis septembre 2015. Pour les crédits aux ménages, la croissance chute à 0,8 % en donnée annuelle, plus faible croissance depuis juillet 2015.

Les chiffres publiés par la BCE ce mercredi 25 octobre au matin montrent que la masse monétaire M3 en zone euro s’est contractée pour le troisième mois consécutif (en donnée annuelle) soit -1,2 % en septembre après -1,3 % en août et -0,5 % en juillet. C’est la première fois qu’une telle contraction de la masse monétaire M3 est observée depuis la création de la zone euro (!)

Vent debout face à l’inflation

L’inflation en zone euro est retombée à 4,3 % en septembre — son plus bas niveau en près de deux ans — alors qu’elle évoluait à près de 11 % il y a tout juste un an. Les progrès sont donc considérables, même si l’inflation reste encore à ce stade plus de deux fois supérieure à l’objectif.

Nous devrions donc assister à une communication relativement équilibrée de la BCE ce jeudi 26 octobre, ni faucon, ni colombe. Une communication qui acte que les risques d’en faire trop par rapport aux risques de ne pas en faire assez sont désormais bien équilibrés. Une BCE qui est également forcément attentive à l’évolution des écarts entre les taux souverains de la zone euro, notamment entre l’Italie et l’Allemagne.

Une BCE qui actera aussi les progrès réalisés dans la réduction de son bilan, un bilan qui évoluait à près de 9 000 milliards d’euros mi-2022 et qui est redescendu poche des 7 000 milliards d’euros, surtout sous l’effet des remboursements de LTRO de la part des banques. Ce qui représente plus de 40 % de normalisation du bilan par rapport à ce qui a été ajouté post-Covid.

Risques géopolitiques

La BCE devrait également souligner les risques pour l’économie liés à l’instabilité de la situation au Proche-Orient et à l’activité modérée en Chine. Il est donc très probable que la BCE laisse ses taux inchangés demain, un statu quo qui devrait être accompagné d’un discours de vigilance maintenue par rapport à l’inflation, qui est toujours assez loin de l’objectif, mais d’un discours dans lequel les risques pour l’économie seront un peu plus mis en avant par rapport aux réunions précédentes.

Alexandre Baradez - IG France

Responsable Analyses Marchés

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