Guerre Israël-Hamas : quel impact économique sur les marchés ?

Actualités - Au lendemain de l'offensive menée par le Hamas, l'Etat d'Israël est entré officiellement en guerre le 8 octobre dernier. Quelles seront les conséquences sur son économie ? Quel impact sur les marchés financiers ? Le point avec Le Courrier Financier.

Guerre Israël-Hamas : quel impact économique sur les marchés ?

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

Du sang et des larmes. Le conflit israélo-palestinien revient avec fracas sur la scène internationale. Samedi 7 octobre, le Hamas lançait sur Israël l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » depuis la bande de Gaza. Ses miliciens armés ont fait au moins 1 300 morts civils, d’après les médias israéliens. L’armée israélienne recense plus de 2 700 blessés et de nombreux otages, rapporte l’agence Reuters. L’Etat hébreu confirme l’identité de 97 d’entre eux. Mais ils pourraient être plus de 150 au total, assurent nos confrères du Monde. En représailles, Tsahal mène d’intenses frappes aériennes sur l’enclave palestinienne.

L’impact économique de la guerre…

Au-delà du bilan humain, quelles seront les conséquences économiques du conflit ? Ce jeudi 12 octobre, Israël a instauré un gouvernement d’urgence nationale. L’attaque du Hamas a provoqué de nombreuses destructions matérielles (habitations, infrastructures, espaces agricoles, etc.) sur une zone d’une dizaine de kilomètres de large. Cette ligne de front est devenue un no man’s land inhabitable. La riposte terrestre d’Israël serait imminente. Des dizaines de chars blindés se dirigent actuellement vers la bande de Gaza. « L’armée se prépare à la prochaine étape de la guerre », confirme un porte-parole de l’armée israélienne.

Dans ce cadre, Israël a déjà rappelé plus de 300 000 réservistes — avec à la clé, pénuries de main d’œuvre et fermetures d’établissements scolaires. Plusieurs secteurs économiques vont être touchés de plein fouet. C’est le cas de la haute technologie (cybersécurité, fintechs, etc.). qui représente aujourd’hui 18 % du PIB israélien, et attire massivement les investissements étrangers. Sans surprise, il faut aussi s’attendre à un arrêt quasi-complet du tourisme (2 % du PIB). La chute des rentrées de devises étrangères sur le territoire pourrait accentuer l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, d’après le ministère des finances israélien.

Le shekel a perdu plus de 2 % depuis le début du conflit. La monnaie nationale israélienne s’échange désormais autour de 3,95 dollars américain — son niveau le plus bas depuis plus de sept ans, rapporte The Times of Israel ce jeudi. Afin de limiter les fluctuations brutales du taux de change, la Banque d’Israël a annoncé un plan qui vise à vendre jusqu’à 30 milliards de devises. Objectif, « modérer la volatilité du taux de change du shekel et fournir les liquidités nécessaires au bon fonctionnement des marchés » indique l’institution. Son gouverneur, Amir Yaron, va prolonger son mandat jusqu’à la fin de la période d’urgence.

…et des marchés qui s’adaptent

Par ailleurs, la Banque d’Israël a promis de fournir des liquidités en dollars au marché par le biais de mécanismes SWAP à hauteur de 15 milliards de dollars. De leur côté, les investisseurs s’inquiètent des conséquences à long terme du conflit. Résultat, le coût pour assurer les obligations israéliennes contre un éventuel défaut de paiement d’Israël (credit default swap ou CDS) s’envole cette semaine. Il grimpe de 45 points de base cette semaine pour atteindre 104, son niveau le plus élevé depuis près d’une décennie, d’après Bloomberg. Ce vendredi 13 octobre, Moody’s doit publier un nouveau rapport sur Israël.

Certains spéculent sur une baisse de la notation A1 de l’Etat hébreu. En avril dernier, Moody’s avait déjà abaissé la perspective de la note de positive à stable, à cause d’une « détérioration de la gouvernance d’Israël ». Ce mercredi 11 octobre, l’agence de notation américaine publiait une mise en garde : « Dans le passé, le crédit souverain d’Israël a fait preuve de résilience face aux attaques terroristes et aux actions militaires, mais un conflit prolongé porterait atteinte à l’activité économique. C’est pourquoi, la manière dont ce conflit influencera le risque de crédit financier dépendra de son ampleur et de sa durée ».

Sun Tzu le disait déjà au VIe siècle avant notre ère, dans L’Art de la guerre : « La guerre est semblable au feu. Lorsqu’elle se prolonge, elle met en péril ceux qui l’on provoquée ». Le 10 octobre dernier, la banque Hapoalim estimait que la guerre entre Israël et le Hamas coûterait au moins 27 milliards de shekels à l’Etat hébreu. Mais les conséquences à long terme sont incalculables.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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