Label Relance : un illustre inconnu auprès des épargnants français

Responsabilité sociale - Ce lundi 21 février, une étude de l'UFF réalisée avec l'IFOP révèle que le Label Relance reste méconnu des Français. Pourtant, les épargnants sont désireux d'investir dans le rebond de l'économie locale. Comment les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) peuvent-ils s'emparer de ce créneau ? Le point avec Le Courrier Financier.

Le Label Relance peine à sortir de l’anonymat. D’après une récente étude de l’Union Financière de France (UFF) — banque conseil en gestion de patrimoine — réalisée avec l’IFOP, plus de huit Français sur dix (84 %) affirme n’en avoir jamais entendu parler. Et pour les épargnants qui sont déjà dans le secret des dieux (16 %), seuls 5 % disent savoir précisément de quoi il s’agit. Sans surprise, seul un épargnant sur dix (10 %) se dit aujourd’hui « bien informé » sur les fonds Label Relance. Ce manque flagrant de notoriété nuit aux investissements dont le pays a besoin en 2022, notamment pour soutenir l’économie locale. En revanche, c’est un terrain à explorer pour les conseillers en gestion de patrimoine (CGP).

Un label qui cherche son public

Lancé le 19 octobre 2020, le Label Relance vise à « reconnaître les fonds qui s’engagent à mobiliser rapidement des ressources nouvelles pour soutenir les fonds propres et quasi-fonds propres des entreprises françaises (PME et ETI) cotés ou non » indique le site officiel de la Direction du Trésor. Début octobre dernier, Bercy faisait état de plus de 200 fonds labellisés. Plus de 110 sociétés de gestion disposaient à cette date d’au moins un fonds labellisé. Ils peuvent être souscrits dans le cadre des supports d’épargne usuels comme le PEA, PEA-PME, l’épargne et l’épargne salariale ou encore l’assurance vie. Un tiers des fonds labellisés accessibles début octobre dernier l’étaient en sous-jacent d’unités de compte (UC).

Malgré ce large choix, nos compatriotes boudent le Label Relance. Près d’un Français sur trois (29 %) a placé de l’argent depuis le début de la crise sanitaire. Les fonds Label Relance ne représentent qu’une faible part (16 %) de ces investissements, même si cette proportion double (32 %) chez les moins de 35 ans. Les Français sont traditionnellement plutôt réticents au risque en dépit de rendements plus faibles. Cette tendance se vérifie chez ceux qui n’ont pas investi dans les fonds Label Relance. Ils ont privilégié les fonds euros (30 %) et les placements en actions (29 %). En 2021, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a relevé une hausse significative du nombre d’investisseurs particuliers en bourse.

Label Relance : un illustre inconnu auprès des épargnants français
« Les Français et les investissements en faveur de la relance et de l’économie locale »
Source : sondage Ifop pour l’UFF

Un boulevard pour les CGP

Le terrain d’évangélisation reste très large. Parmi ceux qui ont déjà investi dans les fonds Label Relance, un Français sur trois (33 %) déclare s’être informé par ses propres moyens. 28 % de ces investisseurs ont eu l’idée grâce à l’intervention d’un conseiller, mais il s’agit deux fois plus souvent de leur conseiller bancaire (19 %) que de leur CGP (9 %). Le besoin de conseil sur les produits d’épargne et les investissements en faveur de la relance et de l’économie locale reste fort. Plus d’un Français sur trois (34 %) aimerait être conseillé sur le sujet. Cette appétence augmente (45 %) chez les moins de 35 ans et chez les plus fortunés, à savoir la classe moyenne supérieure (39 %) et la classe aisée (49 %).

L’étude souligne « le besoin de pédagogie qui subsiste en France pour sensibiliser l’ensemble des particuliers aux débouchés possibles pour leur épargne », d’après ses auteurs. L’investissement en faveur de la reprise peut aisément se diriger vers l’économie locale. Près d’un Français sur quatre (23 %) l’a déjà fait ou envisage de le faire afin de diversifier leur épargne. Un Français sur deux (47 %) estime également qu’il est important d’investir son épargne en faveur de la relance et de l’économie locale. Cette préoccupation est très présente chez les classes moyennes supérieures (54 %) et les classes aisées (67 %), qui bénéficient de davantage de liquidités et veulent donner du sens à leur épargne.

Label Relance : un illustre inconnu auprès des épargnants français
« Les Français et les investissements en faveur de la relance et de l’économie locale »
Source : sondage Ifop pour l’UFF

« Le manque de notoriété et de recours des Français aux placements du Label Relance ne doit pas être analysé comme un échec, car certains types de produits ont besoin de davantage de temps, ainsi que de pédagogie, pour s’installer dans le paysage patrimonial. Je pense notamment à l’investissement socialement responsable, très peu sollicité il y a encore quelques années en France, qui connait désormais un fort engouement auprès des épargnants. La priorité est donc d’informer et de bien conseiller les épargnants », conclut Stéphanie Allory, Directrice de l’offre financière et des études patrimoniales de l’UFF.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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