Private Equity : les investisseurs privés confiants malgré le risque de récession

Private Equity - En 2023, le Private Equity (PE) prend de plus en plus de place dans les stratégies d'investissement des particuliers. Dans une récente étude, Moonfare examine cette tendance chez les investisseurs privés. Quels réflexes adoptent-ils ? Plus de détails avec Le Courrier Financier.

2023 s’ouvre sur un contexte macroéconomique compliqué. Ce jeudi 19 janvier, la crainte d’une récession aux Etats-Uni fait chuter les principales bourses européennes. D’après Reuters, la forte détérioration des indicateurs aux Etats-Unis — notamment celui des ventes au détail — a ravivé les inquiétudes sur un atterrissage brutal (hard landing) de l’économie américaine. Les banques centrales, Réserve fédérale (Fed) et Banque centrale européenne (BCE) en tête, maintiennent leurs politiques de resserrement monétaire contre l’inflation. Christine Lagarde, présidente de la BCE, l’a réaffirmé ce jeudi au Forum de Davos.

L’attractivité du Private Equity

Malgré cette morosité, les investisseurs privés restent confiants sur le Private Equity (capital-investissement) d’après une récente étude publiée par Moonfare. La grande majorité (83 %) des investisseurs privés interrogés envisagent de nouvelles allocations dans cette classe d’actifs en 2023. Trois investisseurs sur quatre (77 %) estiment que leurs placements en Private Equity seront à la hauteur de leurs attentes, et 8 % s’attendent même à ce qu’ils les dépassent. Créée en 2016, Moonfare gère à ce jour plus de 2 milliards d’euros. La plateforme digitale spécialiste du Private Equity compte aujourd’hui plus de 3 500 clients.

La conjoncture renforce l’attractivité du Private Equity. « Dans des périodes de grande incertitude économique, les investisseurs savent reconnaître les avantages du Private Equity. Beaucoup d’entre eux, réfléchissent même à augmenter leur exposition aux marchés privés pour renforcer la résilience de leurs portefeuilles. Le processus de due diligence de Moonfare permet de proposer à nos investisseurs les fonds les plus convaincants des grands GPs tels que KKR, Carlyle, EQT. Moins de 5 % des fonds analysés parviennent à passer ce processus extrêmement rigoureux », déclare Steffen Pauls, Fondateur et PDG de Moonfare.

Priorité aux entreprises matures

Les investisseurs choisissent en priorité les fonds de buyout capital (capital-transmission), perçus comme plus adaptés aux conditions économiques actuelles — devant les fonds d’infrastructures, le marché secondaire et la dette privée. Pour rappel, ce segment du Private Equity consiste à reprendre des entreprises non cotées déjà arrivées à maturité. Ces placements de long-terme sont jugés moins volatils et plus résilients en cas de crise. Après l’éclatement de la bulle internet en 2001, les buyouts ont généré un taux de rentabilité interne (TRI) médian de 40 % en 2002. Après la crise financière de 2009, ce TRI atteignait 24 %.

Les opérations de capital-transmission reposent sur le Leverage Buy Out (LBO) ou « effet de levier » en français. « Depuis mars 2022, le conflit en Ukraine provoque une forte inflation. Les banques centrales ont fait leur travail en augmentant les taux d’intérêt, ce qui augmente mécaniquement le coût de l’emprunt. En 2023, il faut s’attendre à la réduction de l’effet de levier. Nos clients restent positifs, ils misent sur le scénario du soft landing de l’économie américaine. Historiquement, le Private Equity surperforme en cas de récession », explique Karim Boussetta, Directeur B2C et gérant France chez Moonfare, contacté par Le Courrier Financier.

Private Equity : les investisseurs privés confiants malgré le risque de récession
« Le capital-transmission reste le segment préféré des investisseurs,
pendant que les stratégies résilientes face à la récession sont mises en avant »

Source : Moonfare, étude « Patience et persistence » (2022)

L’inconnu géopolitique en 2023

Les investisseurs restent confiants, malgré le risque de récession et l’inflation — 9,2 % sur un an en décembre dernier dans la zone euro, d’après Eurostat. L’année 2023 devrait profiter au secteur du non coté. La force des fonds de buyout capital tient à leurs fondamentaux, à savoir « actionnariat actif, valeur ajoutée et flexibilité dans le déploiement du capital », souligne Moonfare dans son étude. « Ces dernières années, les fonds de Private Equity ont levé beaucoup de cash. Ils disposent aujourd’hui d’un dry powder (capital-réserve) conséquent. Cet argent sera réinvesti en 2023 », précise Karim Boussetta.

Outre les risques macroéconomiques, la véritable inconnue reste géopolitique. « Nous ne sommes pas à l’abri d’un cygne noir en 2023. Après la guerre en Ukraine, nous pourrions voir un regain des tensions entre la Chine et Taïwan. Ce facteur-là n’est pas pricé », relève Karim Bousetta. Pour créer des portefeuilles résilients, Moonfare mise sur la diversification géographique et sectorielle — mais également sur la liquidité. La plateforme a signé un partenariat exclusif avec Lexington Partners. Objectif, créer un marché secondaire pour ses investisseurs. « Nous ouvrons des fenêtres de liquidité anticipée deux fois par an », conclut Karim Boussetta.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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