Marchés financiers : la première semaine

Asset Management - L'année 2024 a débuté sous le signe d'un retour à la normale, après le traditionnel rallye du Père Noël en fin d'année. Quelles perspectives se dessinent pour les mois à venir ? Les équipes de Muzinich & Co. présentent leur commentaire de marché hebdomadaire.

Le début de l’année 2024 a été difficile pour les marchés, en raison de la combinaison d’un retour à la moyenne après le fort rallye de novembre et décembre et d’une montée de l’incertitude sur le front géopolitique. Les rendements des obligations d’État ont augmenté, les spreads de crédit se sont écartés et les matières premières (à l’exception du pétrole) ont baissé.

Le dollar américain s’est apprécié par rapport aux devises mondiales. Même si une semaine ne permet pas d’établir une tendance, il semble que les principaux détracteurs macroéconomiques aient été pleinement présents la semaine dernière et sont susceptibles d’être les éléments moteurs de la dynamique de marché tout au long de la période 2024.

Enjeux politiques et géopolitiques

Tout d’abord, nous sommes confrontés à l’incertitude concernant le calendrier de l’assouplissement des politiques monétaires et le type d’atterrissage économique qui en résultera. Les conclusions du Comité fédéral de l’open market (FOMC) de décembre, publiées la semaine dernière, n’indiquent pas que l’assouplissement de la politique monétaire est imminent.

Le Comité a déclaré « qu’il serait approprié que la politique reste restrictive pendant un certain temps jusqu’à ce que l’inflation diminue clairement de manière durable ». Dans le même temps, les données sur l’emploi publiées au cours de la semaine ont continué à dresser le tableau d’une économie américaine résiliente.

Le deuxième facteur d’incertitude peut être attribué à la politique et la géopolitique. Le calendrier électoral est chargé pour 2024 et débute le 13 janvier avec les élections taïwanaises où le candidat sortant du Parti démocrate progressiste détient actuellement une légère avance dans les sondages.

Parallèlement, sur le front géopolitique, le conflit entre la Russie et l’Ukraine devrait se poursuivre jusqu’en 2024 et les tensions au Moyen-Orient devraient s’étendre au deuxième trimestre. Enfin, bien que les relations entre la Chine et les États-Unis se soient améliorées au second semestre 2023, les tensions semblent devoir persister en raison de l’année électorale aux États-Unis.

Le retour des marchés émergents ?

Au cours de la première semaine de 2024, le crédit des marchés émergents a surperformé. Cela nous amène à la première discussion de l’année sur l’allocation : après deux années de décollecte, 2024 sera-t-elle l’année du retour des marchés émergents ? D’un point de vue top-down, le différentiel de croissance devrait se creuser en faveur des pays émergents en 2024, à mesure que les économies développées ralentissent.

La désinflation est en bonne voie et la plupart des banques centrales ont abandonné leurs préoccupations en matière d’inflation au profit de la préservation de la croissance. Dans le même temps, les marchés locaux sont revenus à une politique orthodoxe, comme dans le cas de l’Argentine, de la Turquie et du Nigéria. La Chine a décidé de soutenir la croissance par un assouplissement monétaire et réglementaire, ainsi que par un soutien budgétaire proactif et un soutien direct à l’immobilier.

Le processus d’assouplissement chinois a été lent par rapport aux normes occidentales et les décalages sont difficiles à estimer, mais une impulsion positive pourrait être sous-estimée. Le dollar américain devrait s’affaiblir progressivement en 2024, sous l’effet de l’assouplissement des politiques, des largesses budgétaires, de l’incertitude des élections et des différentiels de croissance. Les prix des matières premières se sont normalisés et devraient se situer dans une fourchette moyenne : métaux précieux en légère hausse, métaux industriels en légère baisse, pétrole dans une fourchette moyenne.

Croissance ralentie dans les pays développés

Nous considérons également qu’El Nino, la géopolitique et les contraintes d’approvisionnement pourraient compenser le ralentissement de la croissance dans les économies développées. D’un point de vue bottom-up, l’effet de levier a légèrement augmenté par rapport à des niveaux très bas, mais les fondamentaux du crédit n’en restent pas moins solides : augmentation de l’EBITDA (bénéfices avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement), univers sain (les dégradations et les défauts ont atteint leur maximum, les « rising stars » sont en hausse, et faible effet de levier.

Les investisseurs sont vraisemblablement sous-pondérés aux marchés émergents, car les investisseurs locaux (qui ont tendance à être des détenteurs « tenaces ») constituent désormais le plus grand groupe d’acheteurs et l’offre nette devrait être négative. D’un point de vue technique, il sera beaucoup plus difficile d’acheter des titres lorsque la demande reprendra. Du point de vue de la valorisation, nous pensons que les rendements sont attrayants avec des indices dont le prix est inférieur à 100.

Bien que les spreads de crédit se soient ajustés aux solides fondamentaux, si l’on tient également compte de la valeur, il peut être difficile de perdre de l’argent dans le crédit EM – surtout si l’on suppose que le resserrement de la politique de la banque centrale est terminé et que les taux sont donc susceptibles de surperformer les liquidités — sans la volatilité des actions. Cela nous amène à la question que se posent tous les investisseurs : quand les liquidités excédentaires qui dorment dans les fonds du marché monétaire seront-elles déployées ?

Les équipes de Muzinich & Co. - Muzinich & Co.

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