BCE : baisses de taux, Christine Lagarde ne change pas de refrain

Actualités - A quand la prochaine baisse des taux directeurs européens ? Ce jeudi 25 janvier, la Banque centrale européenne (BCE) annonçait garder le cap de sa politique monétaire. Mais la suite du calendrier reste incertain. Le point avec Le Courrier Financier.

BCE : hausse des taux, Christine Lagarde ne change pas de refrain

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

Garder le cap. Ce jeudi 25 janvier, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé à l’issue de sa dernière réunion à Francfort (Allemagne) que ses taux directeurs resteront inchangés. C’est la troisième fois d’affilée que l’institution prolonge sa pause dans le cycle de hausse des taux d’intérêt. Toujours pas de baisse, donc. « La BCE confirme que davantage d’informations sont nécessaires pour modifier ses perspectives d’inflation à moyen terme », relève Patrick Barbe, Head of European Investment Grade Fixed Income chez Neuberger Berman.

Données salariales à surveiller

Christine Lagarde, présidente de la BCE, fait le pari de la prudence face à la désinflation qui s’amorce dans la zone euro. Après plus d’un an de resserrement monétaire, l’inflation annuelle dans la zone euro atteint 2,9 % en décembre 2023 — contre 2,4 % le mois précédent. Un an auparavant, ce même taux d’inflation atteignait 9,2 % d’après Eurostat. « La formulation sur l’inflation a indiqué une plus grande confiance dans la trajectoire baissière que lors de la dernière réunion », relève Martin Wolburg, économiste senior chez Generali Investments.

Pourtant, la BCE est encore loin de son taux cible de 2 %. « La hausse des salaires se répercute principalement sur les bénéfices et non sur l’inflation. Cependant, la présidente Lagarde a également prévenu que des données plus rassurantes sur l’inflation étaient nécessaires et que les réductions de taux n’ont pas été un sujet aujourd’hui. Les données salariales à venir dans le cadre des projections macroéconomiques mises à jour lors de la réunion du 7 mars seront déterminantes pour le calendrier de la baisse des taux », explique Martin Wolburg.

La nouvelle a été bien accueillie sur les marchés financiers. « Le maintien des taux annoncé par la BCE aujourd’hui n’est pas une surprise, d’autant plus que ses porte-parole ont été clairs sur leur besoin d’avoir plus d’éléments pour confirmer que l’inflation se rapproche durablement de son objectif. Les prochaines données sur l’évolution des salaires en Europe nous semblent être la donnée à surveiller désormais », abonde Olivier Dubs, gérant sénior chez J.P. Morgan Private Bank.

Vers une baisse des taux en avril ?

S’agit-il d’un biais de confirmation ? D’après Bloomberg, 80 % des traders misent désormais sur un desserrement monétaire d’ici avril prochain contre 60 % avant la réunion de la BCE. « Nous continuons de penser que la BCE pourrait s’orienter vers des baisses de taux dès la fin du printemps, si la désinflation persiste et si les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, liées à la géopolitique, ne s’aggravent pas davantage », confirme Gurpreet Gill, Macro Strategist Global Fixed Income chez Goldman Sachs Asset Management.

Christine Lagarde a pourtant soigneusement évité de s’engager sur un éventuel agenda de baisse des taux, lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion. Pour la présidente de la BCE, il serait « prématuré de discuter de réductions de taux maintenant ». Ainsi a-t-elle cité une batterie d’indicateurs qui seront disponibles dans les prochains mois — mais donner de dates précises. Elle s’est aussi appuyée sur une présentation du chef économiste de la BCE, Philip Lane… qui utilise des données sur les salaires qui ne seront disponibles qu’en juin !

Le flou artistique entretenu par Christine Lagarde rappelle une de ses déclaration à l’agence Bloomberg en marge du Forum de Davos — dans laquelle elle jugeait « possible » une baisse des taux directeurs européens… mais l’été prochain. « Les anticipations des marchés sur les baisses de taux directeurs nous semblent toujours trop agressives. A ce stade, nous maintenons notre scénario que la BCE ne devrait pas démarrer de cycle d’assouplissement monétaire en 2024 ou seulement en toute fin d’année », conclut Christophe Morel, Chief economist chez Groupama AM.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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