Finance durable : alerte sur le charbon

Responsabilité sociale - Dans son rapport « Coal 2021 » publié en décembre dernier, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) pointe l'augmentation de l'utilisation du charbon thermique. Cet usage entraîne des émissions de CO2 record pour la production d'électricité. L'éclairage de Cesare Vitali, Responsable de l'ISR chez Ecofi.

Les centrales à charbon ont tourné à plein régime en 2021 : c’est l’inquiétante conclusion du rapport « Coal 2021 » publié récemment par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Le charbon, qui est considéré comme la source la plus polluante parmi les énergies fossiles, a satisfait plus de la moitié de la hausse de la demande d’électricité en 2021.

Le charbon a ainsi eu en 2021 la hausse la plus importante en pourcentage depuis 2010. En valeur absolue (plus de 1 500 térawattheures), l’augmentation de l’année dernière est la plus forte jamais enregistrée, selon les calculs de l’AIE. Au total, la production mondiale d’électricité en 2021 a reposé à 62 % sur les énergies fossiles, dont 36 % pour le seul charbon, à 28 % sur les énergies renouvelables et à environ 10 % sur l’énergie nucléaire.

Plus d’électricité à base de charbon thermique

Selon les chercheurs de l’AIE, l’électricité produite à partir du charbon a augmenté de 9 % en 2021. Cette tendance a été soutenue par trois facteurs principaux :

  • la reprise économique, qui a augmenté de 6 % la demande mondiale d’électricité et qui dont la rapidité n’a pas permis qu’elle soir alimentée par les seules sources d’énergie bas carbone ;
  • les conditions météorologiques qui ont été plus extrêmes en 2021 qu’en 2020, avec notamment un hiver plus froid que la moyenne ;
  • le rôle important joué par les prix élevés du gaz naturel, qui ont aidé à privilégier le charbon et à le rendre plus compétitif économiquement.

Le pays le plus exposé au charbon reste la Chine, où la consommation électrique a augmenté de 10 % par rapport à 2020. La Chine compte pour la moitié du charbon brûlé dans le monde ; avec l’Inde, la proportion monte à deux tiers.

Croissance de la demande en électricité

La production d’énergie du charbon a ainsi augmenté plus fortement que la production d’électricité d’origine renouvelable (+6 % par rapport à 2020) pour la première fois depuis 2013 : cette production d’énergie renouvelable n’a pas suffi à répondre à la demande galopante d’énergie. La production nucléaire, quant à elle, a augmenté d’environ 3,5 % en 2021 par rapport à 2020 ; la production mondiale des centrales à gaz a vu une croissance d’environ 2 %.

Selon les estimations de l’AIE pour 2022-2024, il y aura une croissance de la demande d’électricité de 2,7 % par an en moyenne, soit la hausse annuelle moyenne lors des 10 années ayant précédé la pandémie de Covid-19. Les énergies renouvelables devraient croître de 8 % par an en moyenne, répondant à plus de 90 % de la croissance nette de la demande d’énergie au cours de cette période. Toujours selon les calculs de l’AIE, la production à base de combustibles fossiles devrait stagner dans les années à venir, la production de charbon diminuant légèrement et la production de gaz devant croître d’environ 1 % par an.

Réduire les émissions mondiales de CO2

Cette forte sollicitation du charbon a entraîné bien-sûr des émissions de CO2 record pour la production d’électricité, après avoir diminué les deux années précédentes en raison de la pandémie de Covid-19. En particulier, en 2021, les émissions mondiales de CO2 liées au secteur électrique ont augmenté de 7 % par rapport à 2020.

Selon l’AIE les émissions provenant de l’électricité doivent diminuer de 55 % d’ici 2030 pour pouvoir atteindre le scénario d’émissions nettes nulles d’ici 2050. Pour y réussir, l’AIE souligne « la nécessité d’actions politiques rapides et fortes ».

Cesare Vitali - Ecofi

Responsable ISR

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