Energies renouvelables : le record discret

Responsabilité sociale - L'Agence Internationale de l’Energie (AIE) évalue dans son dernier rapport l'essor des énergies renouvelables. Quelles perspectives pour l'année 2022 et au-delà ? Les explications de François Lett, Directeur du département éthique et solidaire chez Ecofi.

Bonne nouvelle ! Selon le dernier rapport de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), 290 gigawatts (Gw) de capacités nouvelles en énergies renouvelables ont été installées en 2021 et la tendance va se poursuivre. D’ici cinq ans, les nouvelles installations devraient encore augmenter de 60 %, soit l’équivalent de l’électricité produite aujourd’hui par le nucléaire et les énergies fossiles.

L’énergie solaire photovoltaïque représente à elle seule plus de la moitié de la progression de l’énergie renouvelable en 2021. La Chine, qui s’est engagée à atteindre la neutralité carbone avant 2060, devrait rester leader pour les cinq prochaines années, avec 43 % de croissance de la capacité renouvelable mondiale.

Attractivité de l’éolien et du solaire

Selon les chercheurs de l’AIE, au cours de la période 2021-26, l’expansion de la capacité renouvelable aux États-Unis sera 65 % plus importante qu’au cours des cinq années précédentes. Cette progression résultera de l’attractivité économique de l’éolien et du solaire photovoltaïque, d’une ambition fédérale accrue, matérialisée notamment par la prolongation des crédits d’impôt fédéraux fin 2020, d’un marché de contrats d’achat d’électricité des entreprises en forte expansion et d’un soutien croissant à l’éolien offshore.

Dans une grande majorité de pays, le solaire photovoltaïque à l’échelle industrielle est l’option la moins coûteuse pour ajouter de nouvelles capacités électriques, en particulier dans un contexte de hausse des prix du gaz naturel et du charbon.

Par ailleurs, les implantations d’éoliennes terrestres jusqu’en 2026 devraient être supérieures de près de 25 % en moyenne à celles de la période 2015-2020 pour atteindre un niveau d’augmentation annuelle exceptionnelle de près de 110 Gw. La capacité totale d’éoliennes en mer devrait plus que tripler d’ici 2026, leur implantation devant représenter un cinquième du marché mondial de l’éolien.

Transition vers les énergies durables

L’expansion de l’hydroélectricité, de la bioénergie et de la géothermie ne représente que 11 % de l’expansion de la capacité renouvelable dans le monde entier. Les coûts relativement plus élevés et l’absence de soutien politique expliquent cette situation. Depuis début 2020, les prix du polysilicium, nécessaire au photovoltaïque ont plus que quadruplé, l’acier a augmenté de 50 %, l’aluminium de 80 %, le cuivre de 60 %, et les frais de transport ont été multipliés par six.

Environ 100 Gw de capacités contractuelles risquent d’être retardés par ces chocs sur les prix des matières premières. Mais, a contrario, la hausse des prix du gaz naturel et du charbon a amélioré la compétitivité de l’éolien et du solaire photovoltaïque. A ce jour, les énergies renouvelables — y compris l’électricité, la chaleur, les biocarburants et le biogaz — ne représentent que 11 % des dépenses de relance économique consacrées par les gouvernements aux énergies propres.

Pour relativiser ces bonnes nouvelles, l’accroissement annuel nécessaire des capacités d’énergie renouvelable jusqu’en 2026 dans le scénario « émissions nettes nulles d’ici à 2050 » de l’AIE est supérieur de 80 % aux principales prévisions de ce rapport. Pour l’énergie solaire photovoltaïque et l’énergie éolienne, la progression annuelle moyenne devrait être presque deux fois plus élevée que ce qui est prévu dans le scénario principal de l’AIE au cours des cinq prochaines années. Pour les biocarburants, elle devrait être quadruplée.

Objectif net zéro carbone d’ici 2050

Pour s’engager sur la voie d’un bilan « net zéro » d’ici 2050, les autorités publiques doivent absolument accroître leurs ambitions pour toutes les utilisations des énergies renouvelables. Elles peuvent profiter de l’élan des énergies solaire et éolienne, devenues très compétitives, mais pour l’AIE elles doivent surtout renforcer considérablement leurs efforts dans l’électricité renouvelable et son utilisation dans les bâtiments, l’industrie et les transports.

François Lett - Ecofi

Directeur du développement éthique et solidaire

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