EXCLUSIF / Paver l’ISR de bonnes intentions : la grande erreur

Responsabilité sociale - Le développement de l'ISR pose la question de l'efficacité des critères ESG. Comment s'assurer qu'ils aient un réel impact sur le climat et l’énergie ? Comment concilier critères extra-financiers et rendement du portefeuille ? Les explications d'Éric Blain, Président de Chloé in the sky, société de Conseil en Investissement Financier et de courtage en assurance spécialisée.

Vouloir un placement qui ait de l’impact sur l’énergie et le climat : une intention louable, mais un parcours qui peut se révéler semé d’embûches. Et les embûches, une fois n’est pas coutume, ne sont pas dues à un manque de volonté, mais à un empilement de bonnes volontés qui finissent par diluer l’efficacité du placement.

On ne peut pas être bon partout

Une évidence qui s’applique aussi aux entreprises, aussi vertueuses soient-elles. Les labels ISR s’appuient sur les critères ESG : l’Environnement, le Social et la Gouvernance. Trois thématiques essentielles, mais non-hiérarchisées. Une entreprise de sacs à main qui présente une gestion des relations humaines (RH) exemplaire et des engagements forts dans les droits humains peut avoir un excellent score ESG.

Mais cette entreprise, aussi vertueuse soit-elle, a-t-elle un impact direct sur les enjeux énergie et climat ? Elle a certainement un impact indirect, en se positionnant contre les modèles les plus polluants et destructeurs de l’hyper fast-fashion. Mais est-ce que cela suffit à l’investisseur soucieux de l’impact réel de son placement ?

3 critères pour un placement efficace

Pour avoir un véritable impact sur le climat et l’énergie, un placement ne peut faire l’économie des critères suivants :

1) il propose une vision globale et systémique de nos enjeux industriels. L’énergie et le climat engagent des sujets aussi stratégiques que l’agriculture, les aciéries, les mines de cuivre, l’eau potable…

2) il hiérarchise les critères ESG et il positionne l’environnement en première position. Si le climat s’emballe et si nous continuons à malmener notre biodiversité, notre économie sera emportée. Les politiques sociales ambitieuses et humaines ont besoin d’économies stables pour se développer. Sans environnement, pas d’économie. Sans économie, pas de financement du social et de la gouvernance.

3) il ne se contente pas des bons scores : il questionne la pertinence des secteurs engagés. Nous avons besoin de nous nourrir, de nous chauffer, de nous loger, de nous déplacer, de nous soigner, de nous éduquer, etc. Rien d’essentiel ne doit être oublié, sinon, l’action financière « durable » est bancale.

Le placement à impact doit être exigeant pour être efficace. Un travail d’analyse et de sélection rigoureuse doit être réalisé. Et en amont, il est indispensable de développer une réelle vision financière. Une vision qui répond aux enjeux sociaux et industriels soulevés par l’indispensable transition vers une économie bas carbone.

Éric Blain - Chloé in the sky

Président

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