Climat : quel bilan tirer du « One Ocean Summit » ?

Responsabilité sociale - Investir pour le climat doit passer par la protection des océans, alerte l'association Ocean Risk and Resilience Action Alliance (ORRAA). Quelles recommandations retenir après le « One Ocean Summit » ?L'analyse de François Lett, Directeur du département éthique et solidaire chez Ecofi.

Selon la Ocean Risk and Resilience Action Alliance (ORRAA), une organisation d’acteurs financiers, moins de 1 % des financements pour le climat concernent les océans. Si l’ambition de ce sommet était de sensibiliser la communauté financière à l’importance de la préservation des ressources marines, celle-ci peine encore à se saisir d’un sujet aussi complexe.

Grâce à la photosynthèse et à la consommation du carbone organique présent dans l’eau, le phytoplancton fournit la moitié de l’oxygène que nous respirons. 93 % du carbone de la planète est contenu dans les océans qui fournissent 15 % de l’apport calorique mondial et permettent de nourrir 3,5 milliards d’êtres humains.

Les coraux et le plastique

Les trois premiers mètres de l’océan stockent autant de chaleur que notre atmosphère mais la saturation approche car l’activité humaine y déverse la moitié du carbone produit. Les coraux n’y résistent pas : 14 % ont disparu depuis 2009. Bien que les récifs ne couvrent que 0,2 % des fonds marins, ils abritent un quart de la totalité des espèces marines et facilitent la protection côtière et la sécurité alimentaire et économique de centaines de millions de personnes.

Entre 2010 et 2019, la quantité d’algues a augmenté de 20 % et contribué à la diminution de 9 % des colonies mondiales de coraux. Péril encore supérieur, en 2050, le volume de plastique pourrait être plus important que celui des poissons dans les océans. Il s’en déverse chaque année entre 8 et 12 millions de tonnes, soit 17 tonnes chaque minute.

Ce « septième continent » contient déjà près de 150 millions de tonnes de plastiques, l’équivalent de 1,5 million de baleines bleues. Pire, ce matériau synthétique met jusqu’à 400 ans pour disparaître et on en retrouve jusque dans la fosse des Mariannes, le lieu le plus profond de la planète. Le WWF estime que le plastique provoque la mort de 100 000 mammifères marins et d’un million d’oiseaux chaque année.

Quatre thèmes principaux

Au regard de ces constatations, après trois jours d’échanges et de négociations souvent tendues, le One Ocean Summit, première déclinaison maritime du Congrès mondial de la nature, a enfanté d’une multiplicité d’annonces et de bonnes intentions sur la protection des océans sur quatre thèmes principaux :

  • La protection des écosystèmes marins et la promotion de la pêche durable : L’objectif de 30 % des espaces marins protégés d’ici 2030 a ainsi été fixé. 14 pays participant au Sommet se sont engagés à renforcer la lutte contre la pêche illégale et plusieurs Etats membres de l’Union européenne (UE) à mobiliser leur marine d’Etat pour renforcer la surveillance de la pêche illégale ;
  • Des engagements pour lutter contre la pollution plastique : Conscients des enjeux, de nombreux Etats ont appelé à l’adoption d’un traité juridiquement contraignant sur la pollution plastique. Le lancement de ces négociations sera examiné lors de la cinquième Assemblée des Nations-Unies pour l’Environnement qui se déroulera du 28 février au 2 mars à Nairobi (Kenya).
  • De multiples solutions face au changement climatique : Alors que les Etats insulaires (Fidji, Tonga, etc.) ont rappelé les conséquences dramatiques de l’élévation du niveau de la mer et des événements extrêmes sur leurs modes de vie et de cultures, la restauration et la conservation des écosystèmes côtiers ont été mis en avant comme mesures nécessaires pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. L’enjeu de décarbonation et de « verdissement » des activités maritimes a également été un élément central.
  • Favoriser la science et la gouvernance de l’océan : Argumentant qu’on « ne peut pas protéger ce qu’on ne connaît pas », Emmanuel Macron a affirmé l’intention de la France de lancer de grandes missions scientifiques d’exploration des fonds marins, ainsi que la création d’une fondation pour les pôles afin de mieux en comprendre les évolutions. Les 27 Etats membres de l’UE ainsi que 16 Etats tiers ont également annoncé le lancement de la « Coalition de la Haute ambition pour un traité de la Haute Mer ».

François Lett - Ecofi

Directeur du développement éthique et solidaire

Voir tous les articles de François