GFI : 5 critères pour investir en forêt

Responsabilité sociale - Cette semaine, MeilleurGF.com revient sur les caractéristiques d'un groupement forestier d'investissement (GFI). Comment évaluer cet actif tangible qu'est la forêt ? Quels critères l'épargnant doit-il retenir pour investir ? Le point avec Le Courrier Financier.

Promenons-nous dans les bois… pour y investir ? Après la crise sanitaire, les Français veulent diversifier leur épargne. C’est l’occasion de s’intéresser à une classe d’actifs décorrélée des marchés : les bois et forêts. Acheter des parts de groupement forestier d’investissement (GFI) permet d’en devenir associé, sur le modèle d’une SCPI. D’après un webinaire ce jeudi 10 juin, MeilleurGF.com — en partenariat avec Forestry — indique que les GF et GFI en France représentent plus de 395 millions d’euros de capitalisation. Ils détiennent plus de 165 massifs différents, de quoi varier les essences et les stratégies d’exploitation. Quels critères retenir pour investir ?

1) Comprendre la capitalisation

Silence, ça pousse ! La forêt est un investissement durable de très long terme. Le montant investi — à partir de 1 000 euros — donne droit à une déduction fiscale, mais sous condition d’une conservation minimale de 5 ans et demi à 7 ans. Il faut pas avoir besoin de liquidités immédiates… ni être pressé pour obtenir des résultats. « La gestion d’un massif forestier se pense à horizon 70 ans, si ce n’est à l’échelle d’un siècle. C’est l’affaire de plusieurs générations », rappelle Jonathan Dhiver, fondateur de MeilleurGF.com. Gardez à l’esprit que les groupements forestiers n’entrent pas dans la catégorie des placements garantis.

Pour comprendre ce que vous achetez, il faut comparer les offres de GFI — et notamment le niveau de frais, qui atteint « environ 10 % pour un groupement à capital variable ». Cette moyenne prend en compte les montants des droits d’entrée de frais de constitution du groupement, ainsi que les frais de gérance et de gestion technique. Pour ce prix, un GFI offre l’avantage de la mutualisation des risques. Il peut ainsi investir dans une surface importante. « Une forêt de 50 hectares est un minimum », précise Jonathan Dhiver. En 2021, les groupements forestiers en France rassemblent plus de 25 000 hectares de surface.

2) Localisation et diversité

En immobilier, l’emplacement reste clé. De même, la localisation d’une forêt détermine la stratégie d’exploitation. La variété régionale des parcelles est donc essentielle. Prenons l’exemple du GFI France Valley Patrimoine, lancé en novembre 2019 par France Valley. Au premier semestre 2020, il comptait 35 forêts différentes réparties dans 6 régions de France — pour une surface totale de 5 700 hectares. Notez que la localisation détermine la station forestière, qui influence le potentiel d’une parcelle : composition du sol, pluviométrie, historique des températures, facilité d’accès, dénivelé de la pente, exposition, etc.

Soyez attentifs à l’indice de diversification (indice de Shannon) du GFI. Où trouver ces informations ? La gestion intégrale d’un GFI est assurée par une société de gestion agréée par l’Autorité des marchés financiers (AMF). C’est ce gérant qui s’occupe de rédiger le plan simple de gestion (PSG). Cet outil d’analyse est obligatoire, dès que le total des parcelles de forêt détenues dépasse les 25 hectares. Objectif, permettre au propriétaire forestier de connaître et d’entretenir sa forêt. La société de gestion s’occupe de la vie du groupement et de son exploitation : droits de chasse, travaux forestiers, vente et coupe de bois, etc.

3) La composition des forêts

« Ne pas mettre tous ses œufs dans un même panier ». Comment se composent les parcelles du GFI qui vous intéressent ? La composition des forêts fait référence au type d’essences qui la composent. En France métropolitaine, les arbres se répartissent en deux grandes familles : les feuillus et les résineux. D’après l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), les feuillus représentent 67 % de la superficie forestière dans l’Hexagone (9,9 millions d’hectares). L’inventaire forestier national inventorie 194 espèces d’arbres, dont 142 feuillus. La répartition des essences assure une diversité régionale.

Ainsi, les forêts du Nord-Est de la France et du Massif central sont-elles les plus diversifiées. À l’opposé, le massif landais représente un peuplement pur de pin maritime (une seule essence). La composition détermine un profil de gestion forestière : à majorité de feuillus, plus prudent et équilibré ; à majorité de résineux, plus risqué avec un potentiel de rendement plus important. En tant qu’actif tangible, la forêt est exposée aux risques naturels : tempêtes, incendies, crises sanitaires (invasions d’organismes lignivores), gel des plantations ou neiges lourdes qui cassent les cimes. Le GFI comporte un risque de perte en capital.

GFI : 5 critères pour investir en forêt
Les essences forestières en France métropolitaine
Source : IGN (capture d’écran – juin 2021)

4) Certifications environnementales

A l’image de son sous-jacent forestier, l’univers des GFI peut sembler touffu. En forêt, le promeneur peut se repérer en observant la mousse sur les arbres ; l’épargnant, lui, peut se fier aux labels environnementaux. Depuis 2015, le label français Greenfin — lancé par le Ministère de l’écologie — garantit la qualité verte des fonds. Les pouvoirs publics sont propriétaires du label, mais ne le délivrent pas eux-mêmes. C’est l’affaire des labellisateurs, qui assurent l’audit des fonds — actuellement, Novethic, EY France et Afnor certification sont les seuls organismes qui peuvent délivrer le label Greenfin. France Valley a ainsi fait labelliser Greenfin toute sa gamme de GFI entre juillet et novembre 2020.

GFI : 5 critères pour investir en forêt
Le logo du label Greenfin
Source : ecologie.gouv.fr

5) Maturité des essences

Penchez-vous enfin sur la maturité des essences. La majorité des forêts françaises sont hétérogènes, c’est-à-dire que les peuplements incluent des arbres d’âges et de tailles différentes. C’est ici qu’intervient la filière bois française, qui représente aujourd’hui 440 000 emplois non délocalisables. L’entretien d’un massif se mesure en décennies. D’après les chiffres de l’Office National des forêts, les 10 premières années sont celles des semis. Il faut alors sélectionner et protéger les jeunes plants. Entre 10 et 25 ou 35 ans (selon l’essence), interviennent les premières coupes.

Le matériau obtenu fournira la filière bois-énergie. Près de 7 millions de Français se chauffent aujourd’hui au bois, d’après MeilleurGF.com. Par ailleurs, l’espace dégagé permettra aux plus beaux arbres de s’épanouir. Les arbres arrivés à maturité (25 ans en moyenne pour les résineux, 35 ans pour les feuillus) gagnent en diamètre et en qualité. Ils serviront à l’industrie ou à la construction. « Pendant une longue période, le rendement d’un GFI peut être proche de zéro » selon la maturité des essences, prévient Jonathan Dhiver. Entre temps, l’épargnant bénéficie d’avantages fiscaux non négligeables (voir ci-dessous)… et d’un bel ombrage pour se promener !

GFI : 5 critères pour investir en forêt
Source : MeilleurGF.com

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le guide des Groupements Forestiers (GF) que Meilleur-GF.com a élaboré pour les investisseurs. 

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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