[ETUDE] Baromètre CPR AM – investissement responsable : des conseillers de plus en plus investis

La finance durable prend racine dans le paysage de l’épargne. Ce jeudi 27 janvier, CPR Asset Management (CPR AM) et le cabinet Insight AM, avec OpinionWay et Spoking Polls, ont publié les résultats du dernier Baromètre « Les épargnants et l’investissement responsable ». D’après cette troisième édition, six épargnants sur dix (64 %) accordent ainsi autant d’importance aux performances qu’à l’aspect extra-financier de leur épargne. De leur côté, sept conseillers sur dix (71 %) se disent « tout à fait à l’aise » pour évoquer ce sujet avec leur client. L’investissement responsable en France devient donc un marché de l’offre.

Le climat, première demande des clients

En 2021, l’investissement responsable reste gage de confiance pour une majorité d’épargnants (65 %). Plus d’un tiers d’entre eux (35 %) se disent même prêts à investir dans les prochains mois. En 2019, les marches pour le climat avaient marqué l’actualité. Deux ans plus tard, les préoccupations écologiques servent toujours de fil conducteur. En 2021, les épargnants citent « le respect et la protection de l’environnement » (88 %) mais aussi « la lutte contre le réchauffement climatique » (86 %) en tête de leurs préoccupations. La planète arrive loin devant « le respect des droits de l’homme » (37 %), l’emploi (21 %) ou même les conditions de travail (11 %).

Dans les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), c’est donc l’environnement qui domine. en 2021, les conseillers proposent donc en priorité à leurs clients des fonds à thématiques environnementales (80 %) et des fonds diversifiés et/ou flexibles ISR ou à composantes ESG (64 %). Pour les distributeurs, l’ISR n’est plus tant vu comme un « effet de mode » (19 % en 2021 contre 24 % l’année précédente) mais comme un produit « de conviction » (42 % contre 30 % l’an passé). Du point de vue des conseillers financiers, l’accélération de la demande s’explique exclusivement par une prise de conscience des enjeux climatiques (73 %).

Les conseillers financiers s’adaptent

Les conseillers financiers s’emparent du sujet. 61 % d’entre eux proposent des produits d’investissement responsable à tous leurs clients en 2021. Signe d’une croissance rapide, ils étaient trois fois moins nombreux (19 %) en 2019. Désormais, les professionnels ne ménagent pas leurs efforts pour prendre des parts de ce marché. Plus de huit conseillers sur dix investissent dans la recherche pour sélectionner les produits (84 %) et ils sont presque aussi nombreux à faire confiance aux labels (83 %). En revanche, plus de la moitié des épargnants (51 %) considère que le label ne les incite pas à investir (contre 40 % en 2020).

Ce désamour n’étonne pas Joseph Choueifaty, cofondateur de Goodvest. Fondée en 2020, sa plateforme propose des portefeuilles compatibles avec l’Accord de Paris. « Nous pouvons très bien retrouver des géants des énergies fossiles dans un fonds labellisé ISR. Les épargnants sont donc méfiants vis-à-vis de ce label. Quand nous savons que seulement 0,2 % de tous les fonds d’investissement (labellisés ou non) sont compatibles avec l’Accord de Paris, nous voyons qu’il y a un problème. C’est pour cela que de nouveaux labels répondant à des exigences plus strictes se sont créés, comme le label Greenfin », explique-t-il au Courrier Financier. 

L’impact investing, piste à développer ?

D’après l’ONG Global Impact Investing Network (GIIN) créée en 2009 aux Etats-Unis, l’investissement à impact (impact investing) consiste à générer, en plus de la traditionnelle performance financière, un impact social et environnemental positif. C’est un domaine qui reste à explorer, puisque plus d’un épargnant français sur deux (56 %) affirme n’en avoir jamais entendu parler ! 46% des épargnants interrogés réclament des indicateurs explicites en matière environnementale et 39 % expriment la même demande pour les indicateurs sociaux ; 44% souhaitent connaître l’évolution de l’impact de leurs placements sur les trois dernières années.

L’investissement responsable « s’affirme comme une composante incontournable du conseil en gestion et de l’épargne des Français (…) L’édition 2021 introduit enfin la notion d’impact investing », indique CPR AM à propos de son baromètre. Les professionnels ont besoin de davantage de formation à ce sujet. Près d’un conseiller sur deux (49 %) estime pouvoir « apporter les premières informations utiles », mais seul un tiers des conseillers (31 %) estime être parfaitement à l’aise dans ce domaine. En toute logique, les fonds à impact restent très minoritaires (6 %) dans leurs recommandations de produits d’investissement responsable.

Le 30 septembre dernier, CPR AM revendiquait gérer les trois quarts de ses encours de façon responsable — dont 52 % d’actions, 36 % de produits de taux et 12 % de produits diversifiés. Le gérant mentionne « une forte dynamique de collecte sur les solutions impact », qui double en 2021 pour atteindre 4,3 milliards d’euros. « L’investissement responsable s’impose dans la sélection des produits au même titre que la performance. C’est par le biais de l’impact investing, plébiscité par les épargnants et les conseillers, qu’il devrait parvenir à véritablement se généraliser », conclut Arnaud Faller, directeur général délégué de CPR AM, en charge des investissements.