Marchés financiers : attribution du Nobel

Asset Management - Quelle stratégie pour la Réserve fédérale américaine (Fed) face à l'inflation ? Quelles perspectives pour les marchés financiers à horizon 2023 ? L'éclairage de César Perez Ruiz, Responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management.

L’attribution du prix Nobel d’économie à l’ancien président de la Fed, Ben Bernanke, a rappelé que les banques centrales jouaient un rôle essentiel dans le maintien de la stabilité financière. L’action de la Banque d’Angleterre visant à inverser les « Trussonomics » — autrement dit, à contraindre la Première ministre, Liz Truss, à abandonner son projet de baisse d’impôts (et son chancelier de l’Echiquier par la même occasion) — en est une preuve éclatante.

Alors que les banques centrales renchérissent le coût de la dette, les dirigeants en quête de nouvelles sources de revenus garderont en tête les événements survenus au Royaume-Uni. Cependant, les gouvernements doivent également faire face au mécontentement croissant de la population face à la forte hausse du coût de la vie, comme le montrent les grèves (et les menaces de grève) en France.

La Fed agressive face à l’inflation

Après les chiffres concernant le mois de septembre, le niveau obstinément élevé de l’inflation contraint la Fed à rester agressive, ce qui accroît la probabilité d’une récession. Même si Lael Brainard, vice-présidente de la banque centrale, a adopté un ton moins ferme la semaine dernière, un changement de politique ne semble pas à l’ordre du jour. Le recul de l’inflation au niveau des biens n’a pas suffi à compenser la hausse de l’inflation au niveau des services.

Une hausse de 75 pb semble désormais certaine lors de la prochaine réunion de la Fed, prévue début novembre, d’autant que le gouverneur Christopher Waller a minimisé les risques liés aux liquidités découlant du resserrement de la politique monétaire. A l’instar de Lael Brainard, la secrétaire du Trésor, Janet Yellen, s’est montrée pragmatique lors de la réunion annuelle du Fonds monétaire international à Washington, mais l’ambiance générale était morose et peu de solutions concrètes ont été proposées.

La semaine dernière, les obligations d’Etat japonaises (JGB), dont les rendements sont plafonnés par la Banque du Japon, n’ont pas été négociées pendant quatre séances consécutives. Nous sous-pondérons les JGB.

Chine et Europe à la croisée des chemins

Alors que les Etats-Unis ont imposé des sanctions d’ampleur sur les exportations de semi-conducteurs afin d’entraver les progrès technologiques de la Chine, le président Xi Jinping a déclaré au début du Congrès du Parti communiste que le pays ne changerait pas de cap, même s’il devait affronter des « tempêtes dangereuses » dans un monde plus hostile. Après les nouvelles nominations au Bureau politique, nous suivrons de près l’équilibre du pouvoir entre Xi Jinping et les réformistes, déterminant pour la trajectoire de la Chine.

Perçu comme un avantage injuste accordé à l’Allemagne par rapport au reste de l’Europe, le programme de subventions énergétiques (EUR 200 mia) à l’attention des entreprises et des ménages du chancelier Olaf Scholz a été vivement critiqué. Selon nous, l’Europe devrait envisager une solution fondée sur l’émission conjointe de dette en euros, dont le produit permettrait d’offrir des prêts à tous les pays.

Alors que la saison de publication des résultats du troisième trimestre a commencé, les résultats des banques sont meilleurs qu’anticipé grâce aux revenus nets d’intérêts. Nous surveillerons attentivement les indications prospectives pour l’année prochaine. Nous continuons de sous-pondérer les actions.

César Pérez Ruiz - Pictet Wealth Management

Directeur des investissements & CIO

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