Marchés financiers : 2023, la prudence s’impose pour aborder l’année qui vient

Asset Management - Si les banques centrales ont commencé à ralentir le rythme de hausse des taux et que les marchés anticipent déjà le pivot des politiques monétaires, le momentum impose toujours une grande prudence dans les allocations de portefeuilles. La récession qui vient devrait entraîner un recul des bénéfices de 5 % à 10 % et fragiliser la tendance haussière récente des marchés actions. L'éclairage de Laurent Gonon, Directeur des Gestions de BFT Investment Managers.

Les politiques restrictives des grandes banques centrales devraient très vraisemblablement entraîner différents pays en récession au cours de l’année 2023. Largement anticipée puisque déclenchée par les politiques monétaires, cette récession s’accompagne pourtant d’une levée progressive des incertitudes.

Le risque géopolitique est en repli, la Chine prend la voie d’un assouplissement progressif de ses restrictions sanitaires et les banques centrales ont commencé à ralentir le rythme de hausse de taux. Pour autant, il faudra patienter encore un peu pour que les investisseurs retrouvent un appétit durable pour le risque, le temps de voir un momentum plus positif sur les fondamentaux économiques.

Si les marchés actions de la zone euro, portés par l’absence d’une crise de l’énergie tant redoutée, ont surperformé dans le mouvement de reprise d’octobre et de novembre, ils présentent encore une forte décote de valorisation par rapport aux actions américaines (PER plus faible d’environ 30 %) en raison d’un profil plus risqué — aléa géopolitique, divergence des politiques nationales de soutien, etc. En outre, la poursuite d’une politique monétaire restrictive par la BCE pourrait entraîner une nouvelle appréciation de l’euro, historiquement défavorable aux actions de la zone.

La valorisation très raisonnable du secteur de l’énergie

Si les perspectives économiques se sont déjà dégradées de manière notable, les chiffres d’affaires et les résultats des entreprises sont restés pour l’instant assez résilients mais on peut s’attendre à une érosion des profits dans les prochains mois. Le scénario le plus probable est d’assister à un recul des bénéfices de l’ordre de 5 à 10%. Dans ce contexte, nous conservons une approche prudente sur les marchés actions après le rebond récent.

Nous continuons à privilégier les secteurs de l’énergie, bénéficiant des prix élevés du pétrole et du gaz d’une part et d’un PER de moins de 6, soit une valorisation très raisonnable d’autre part. Nous apprécions aussi le secteur bancaire pour ses bilans solides et un rétablissement des marges, malgré une conjoncture qui ralentit. En outre, nous sommes investis de manière sélective sur le secteur de la santé, secteur défensif par excellence. A l’inverse, nous restons prudents sur les secteurs comme la distribution (pression sur les marges) et la chimie (secteur cyclique) qui devraient souffrir dans le contexte économique actuel.

Sur les marchés de taux et de crédit, nous maintenons également notre position défensive tout en restant flexibles sur la duration afin de pouvoir tirer parti de la volatilité sur les taux. Nous continuons de privilégier les maturités de court/moyen terme et poursuivons notre repli qualitatif en sélectionnant les émetteurs les mieux notés et les mieux armés pour préserver leurs marges.

Privilégier la qualité de l’émetteur sur le secteur

Sur le plan sectoriel, notre préférence se porte, comme pour les marchés actions, sur le secteur de l’énergie qui profite de l’inflation. Nous privilégions également le secteur de la défense dans ce contexte de tension géopolitique, les services aux collectivités et les télécoms. Inversement, nous restons prudents sur les secteurs sensibles à la remontée de l’inflation et au contexte de taux élevés. Cependant, la qualité de l’émetteur prime sur le secteur lui-même.

Laurent Gonon - BFT Investment Managers

Directeur des Gestions

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