Le billet mensuel du Docteur Leber

Asset Management - Des routes et des aéroports sont bloqués par des activistes climatiques qui se collent les mains sur le bitume et le tarmac. C’est agaçant, tout comme Greta Thunberg peut l’être. Mais sur le fond, ces protestataires ont raison, car ce ne sont pas les politiques actuelles qui permettront de maîtriser le changement climatique. D’ailleurs, nous ne maîtrisons pas non plus d’autres thématiques environnementales extrêmement importantes, notamment celle de la destruction de la biodiversité.

Des routes et des aéroports sont bloqués par des activistes climatiques qui se collent les mains sur le bitume et le tarmac. C’est agaçant, tout comme Greta Thunberg peut l’être. Mais sur le fond, ces protestataires ont raison, car ce ne sont pas les politiques actuelles qui permettront de maîtriser le changement climatique. D’ailleurs, nous ne maîtrisons pas non plus d’autres thématiques environnementales extrêmement importantes, notamment celle de la destruction de la biodiversité.

Le réflexe typiquement allemand est d’en appeler à la responsabilité individuelle avec le leitmotiv du « retrait dans sa coquille ». Concrètement, cela se traduit par un appel au renoncement à consommer (raccourcir la durée des douches, moins utiliser sa voiture, se nourrir de produits locaux) ou par des invitations à adopter des alternatives (prendre le RER au lieu de la voiture, utiliser des Tupperware ou des sacs en toile de jute au lieu de plastique).

Chacun est sommé de balayer devant sa porte, et qui ne renonce pas à son projet de voyage dans un pays lointain n’a aucun sens moral.
Ceci posé, les grands problèmes ne peuvent se résoudre que sur une grande échelle, et les solutions se trouvent dans la recherche et la technique et non dans les valeurs morales.

  • Ce n’est pas l’essence qui pose un problème, mais les émissions de CO2 qu’elle génère.
  • Ce ne sont pas les déchets plastiques qui posent un problème, mais l’insuffisance d’infrastructures de collecte et de recyclage.
  • Ce n’est pas la production d’énergie qui pose un problème, mais l’utilisation inefficace du transport et du stockage.


L’équipe d’investissement d’ACATIS s’est rendue en France, à grand renfort de kérosène, pour découvrir trois
technologies d’avenir dans des installations pilotes. Et c’est là que la boucle se ferme entre notre mission en tant
qu’investisseur, les jeunes entreprises industrielles, une bonne régulation par l’État et des consommateurs exigeants.

Commençons par la jeune entreprise Carbios, qui n’est pas encore au seuil de rentabilité, et dont nous avons visité
l’installation de démonstration. Carbios utilise le génie génétique le plus moderne pour fabriquer sur mesure des enzymes qui recyclent le plastique. Actuellement, elle traite le polyéthylène, mais d’autres types de plastique viendront s’ajouter.

L’enzyme développée par Carbios est capable de décomposer le polyéthylène, à presque 100 %, en 24 heures et à
65 degrés dans une citerne d’eau. L’enzyme coupe avec grande précision les polymères à longue chaîne et produit deux monomères (une poudre blanche et un liquide clair) qui peuvent être réutilisés pour produire du polyéthylène vierge.

En tant qu’investisseurs, nous avons été très bien accueillis et la raison est évidente : de gros investissements seront nécessaires dans les années à venir et nos capitaux sont les bienvenus. Et la solution pourrait donc être : un recyclage à 100 % et sans incinération. Le résultat serait nettement supérieur à celui d’une réduction de consommation, à hauteur de 10 %, par chaque consommateur. L’industrie fournit des solutions qui, dans le cas présent, sont élaborées à l’aide du génie génétique. Ces solutions sont très rentables, car les déchets de polyéthylène et l’enzyme ne coûtent pas très cher.

La deuxième étape du voyage nous a conduit chez Hoffmann Green Cement, où nous avons pu voir comment est produit le ciment de l’avenir, à faible émission de CO2, et pourquoi le commerce des droits d’émission de l’UE joue un rôle important. L’industrie du ciment classique est l’un des principaux pollueurs en raison de la chimie du ciment. Le ciment vert de Hoffmann repose sur des procédés de fabrication entièrement nouveaux et est plus cher que le ciment conventionnel. L’égalité des chances est obtenue uniquement parce que les producteurs de ciment conventionnel doivent acheter des droits d’émission coûteux et que Hoffmann Green Cement vend de manière lucrative les droits d’émission dont il n’a pas besoin. Ainsi, l’échange de quotas d’émission crée des conditions d’égalité sur le marché du ciment, et au final l’air est moins pollué. Là encore, d’énormes investissements sont prévus dans les années à venir, et notre argent est le bienvenu.

Notre troisième visite était consacrée à la société Afyren où nous avons pu voir comment des acides organiques sont produits par la fermentation de n’importe quel déchet organique. Les déchets de betteraves sucrières peuvent par exemple être utilisés pour la production d’arômes, là où le pétrole brut était jusqu’à présent utilisé.

Par conséquent, l’avenir est déjà là ! Il est important d’accepter sans réserve l’industrie comme partenaire de solutions et d’insister pour que les politiques établissent des paramètres cadres stables permettant de planifier les grands investissements. Quant aux consommateurs, ils doivent être prêts à payer un peu plus pour les futurs produits, car les investissements doivent également être payés. Mais la voie est praticable.

Espérons que Greta, la jeune génération et notre ministre de l’Économie allemande comprendront tout cela rapidement.

Hendrik Leber - ACATIS Investment

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