Hausses des taux, baisse des cryptos et marchés en bear market… on fait le point

Asset Management - L'actualité macroéconomique est riche. Elle est toutefois dominée par le spectre de la récession. Les éclairages de Philippe de Gouville, CEO et cofondateur d’ISMO.

La semaine a été totalement dominée par les actions des banques centrales. Après des chiffres d’inflation mauvais, la Fed a appuyé sur l’accélérateur en montant les taux de 0,75%. Cette hausse est la plus forte depuis 28 ans.  Et ce n’est pas fini, en dépit du fait que l’économie est maintenant proche de la récession. La banque centrale de Suisse a remonté ses taux sans prévenir de -0,75% à -0,25%. Elle ouvre aussi la porte à la réduction de son portefeuille d’actions américaines dont elle détient près de 180 milliards de dollars envoyant les marchés au tapis. La banque d’Angleterre poursuit sa hausse alors que la croissance s’effondre.

La BCE s’efforce d’empêcher la fragmentation

La banque qui s’apprête à monter les taux à son tour a tenu à rassurer les investisseurs sur sa volonté d’empêcher l’envolée des taux des pays les plus endettés comme l’Italie. Elle travaille sur de nouveaux « outils » de gestion de crise et s’apprête à réinvestir les revenus des actifs qu’elle détient dans la dette de ces pays. Les taux italiens se sont fortement repliés après ces annonces.

La Banque du Japon résiste encore et toujours

La banque du Japon est la seule des pays développés à ne pas adhérer à une politique de hausse des taux. Elle défend bec et ongle son programme de contrôle de la courbe des taux en achetant toutes les obligations dont le rendement dépasse les limites fixées. Le revers de la médaille, on en a souvent parlé ici, est l’effondrement du yen qui renchérit les prix des matières importées.

La baisse des cryptos s’intensifie

Le gel des retraits des fonds de la plateforme Celsius a un goût de 2008. La crise de liquidité couve sur les cryptos envoyant le Bitcoin sous les 20 000$. La crise de confiance en la DeFI (finance décentralisée) se répand car finalement, ces structures sont obscures pour la plupart.

La plupart des marchés en « Bear Market »

Après une semaine noire qui a vu l’ensemble des marchés baisser fortement, le MSCI AC World perd encore 5,7%. On appelle « Bear Market » un marché qui a perdu plus de 20% par rapport à son plus haut. La plupart des grands indices mondiaux y sont nettement entrés : le S&P (-23%) et le Nasdaq (-33%) , l’Eurostoxx (-22%)  pour ne citer qu’eux.

Le prix de gaz s’envole à nouveau en Europe

Une véritable loi de Murphy : les US ne peuvent presque plus exporter de gaz liquéfié vers l’Europe car le terminal du Texas est fermé à la suite d’un incendie ; les centrales nucléaires françaises sont à moitié à l’arrêt empêchant EDF de fournir de l’électricité en substitut à nos voisins ; et les Russes ont fermé le gazoduc Nord Stream 1.

Rien d’étonnant alors à ce que le gaz s’envole de 20% en Europe. La France ne reçoit plus de gaz russe et les stocks sont à 50% de leur capacité. L’hiver risque d’être rude en Europe qui cherche désespérément d’autres fournisseurs. Par ailleurs, le Qatar entre en négociation historique avec la Chine qui pourrait bien lui damer le pion.

C’est parti pour un mois de soldes d’été !

L’inflation et la perte du pouvoir d’achat devrait faire de ces soldes un bon cru. Les commerçants s’attendent à de très fortes ventes. Rappelons que les stocks sont très élevés car les ventes n’ont pas été bonnes au premier semestre.  Beaucoup doivent absolument écouler leurs marchandises.

Philippe de Gouville - ISMO

CEO et cofondateur

Voir tous les articles de Philippe