Gagnants sur le plan géopolitique

Asset Management - En 2023, la multiplication des tensions et des zones de conflit permet à certains pays de se positionner en « gagnants d'influence ». Comment le Brésil et le Japon tirent-ils ainsi leur épingle du jeu ? Les explications de Sofiya Matrosova, Responsable des partenariats, Dubaï, chez Lynceus Partners.

Les tensions entre les États-Unis et la Chine, ainsi que l’instabilité en Ukraine, accélèrent les changements géopolitiques alors que de nombreux pays cherchent à se positionner pour maximiser leurs gains dans la compétition entre les grandes puissances et faire face aux éventuelles répercussions militaires. Certains pays ont décidé de rester en dehors du conflit et de se positionner en défense en diversifiant leurs exportations loin de la Chine et de la Russie.

D’autres ont renforcé leurs relations avec les États-Unis sous la forme d’accords de défense. Le monde a pu observer les conséquences de l’exclusion de grands acteurs (Chine et Russie) du commerce : le Brent se négocie à ses plus hauts niveaux depuis 2014 et il y a une crise du gaz naturel. La dédollarisation et l’expansion de l’OPEP sont devenus des sujets brûlants en 2023. Cependant, certains pays sont devenus des « gagnants d’influence » — ceux qui ont accru leur influence géopolitique, notamment le Brésil et le Japon.

Petróleo Brasileiro S.A.

Petróleo Brasileiro S.A. (PBR UN), communément appelé Petrobras, est une société énergétique brésilienne multinationale et l’une des plus grandes compagnies pétrolières et gazières au monde. Le conseil d’administration de l’entreprise a approuvé une nouvelle politique de rémunération des actionnaires qui réduira son dividende substantiel et permettra le rachat d’actions. Selon cette nouvelle stratégie, le dividende trimestriel de Petrobras doit représenter au moins 45 % de sa trésorerie disponible, contre 60 % actuellement.

Cependant, l’entreprise génère beaucoup de flux de trésorerie libre positifs. Son taux de croissance sur trois ans est de 211,1 %, ce qui est certainement impressionnant, et ces chiffres peuvent soutenir une future réduction des dividendes. La marge nette de l’entreprise pour le trimestre se terminant en mars était de 27,42 %, se classant mieux que 79,07 % des 965 entreprises du secteur pétrolier et gazier. Elle a également largement surpassé ses homologues américaines et européennes sur les marchés.

L’entreprise a résolu ses problèmes politiques internes et bénéficie également d’une croissance brésilienne plus forte que prévu ; le PIB a augmenté de 1,9 % par rapport au trimestre précédent et même de 4 % par rapport au premier trimestre de l’année dernière. Sur un an, l’économie brésilienne a augmenté de 3,3 %, bien plus que ce que les économistes avaient prédit. Le consensus des analystes est de 25 % à l’achat et de 75 % à la conservation, avec un objectif de prix de 18,30 $ contre un cours actuel de 14 $ (un potentiel de hausse de 25 %).

Mitsubishi Motors Corporation

Mitsubishi Motors Corporation (7211 JT) est un constructeur automobile multinational japonais dont le siège est à Tokyo. La société a noté que la forte consommation des particuliers aux États-Unis permet de maintenir le rythme des ventes sur place, tandis qu’au Canada, les ventes se redressent fortement. Les ventes aux professionnels ont également augmenté, et la direction a déclaré que les expéditions en Amérique du Nord pourraient être supérieures aux attentes initiales sur l’ensemble de l’année.

Le constructeur japonais a enregistré une croissance du volume de ses ventes mondiales à deux chiffres, en avril et mai grâce à la reprise de la production. Alors que ses concurrents japonais accusent un retard dans l’électrification de leur gamme, Mitsubishi a lancé cette année ses premiers modèles 100 % électriques au Japon. Ces véhicules aux caractéristiques uniques capturent désormais près de 40 % du marché japonais.

Les dirigeants notent que les moteurs électriques offrent également une solution à la disparition rapide des stations-service dans les zones rurales du pays. En raison du déclin démographique, le nombre de stations a été réduit de moitié entre 1995 et 2021, passant à moins de 30 000.

Sofiya Matrosova - Lynceus Partners

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