Faillite bancaire : la politique monétaire remise en question

Asset Management - La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) va-t-elle remettre en question la politique monétaire des banques centrales contre l'inflation ? Quelles statistiques les investisseurs devront-ils surveiller cette semaine ? L'éclairage de Vincent Boy, Analyste marchés chez IG France.

Il y a deux semaines, les marchés étaient confiants dans la poursuite du processus de désinflation et voyaient la fin progressive du resserrement de la politique monétaire. Ainsi, les investisseurs, anticipaient-ils deux hausses de 25 points de base du taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), avant une potentielle pause.

Par la suite, les données de l’inflation ont amené les marchés à se poser des questions sur le processus de baisse de l’inflation. C’est le discours de Jerome Powell devant le congrès la semaine dernière, qui a conduit les investisseurs à anticiper trois hausses de taux de 25 pdb, voir une hausse de 50 pdb lors du prochain FOMC, le 22 mars.

Banques en faillite, l’effet domino ?

Puis, ce lundi 13 mars, tout a changé en l’espace de quelques heures. La faillite d’une seconde banque durant le weekend, puis la saisie d’une troisième par le gouvernement américain, a mené les investisseurs à anticiper seulement une hausse de 25 pdb, voire une pause du resserrement de la politique monétaire, avant 50 pdb de baisse d’ici septembre.

Certains même, comme Nomura depuis ce mardi 14 mars au matin, anticipent une baisse de taux de 25 pdb et un arrêt de la réduction du bilan dès la semaine prochaine. La mise en place immédiate d’un fond de soutien pour assurer tous les dépôts des banques en faillite, ressemble à un nouveau sauvetage des banques et est synonyme d’un pivot réalisé prématurément par la Fed.

Ces statistiques à suivre de près

D’ici là, nous surveillerons la publication de l’indice des prix à la consommation (IPC) ce mardi, avant la réunion de politique monétaire de la Fed la semaine prochaine. D’ici là, les membres de la réserve fédérale sont dans leur période de silence, comme toujours, durant la semaine avant chaque FOMC. Cela devrait permettre aux marchés de se conforter dans l’idée d’une politique monétaire plus accommodante à venir.

Ainsi, l’IPC aujourd’hui sera-t-il plus que jamais déterminant dans l’évolution des marchés à court terme. Celui-ci est attendu en baisse, passant de 6,4 % à 6 % en glissement annuel et en très légère baisse, passant de 5,6 % à 5,5 % concernant l’inflation sous-jacente, pour le mois de février. En revanche, les investisseurs devraient rester prudents, compte tenu des chiffres ressortis au-delà du consensus lors de la précédente publication.

Au-delà de l’inflation, de nombreuses statistiques devraient être surveillées par les investisseurs durant la semaine. A commencer par les données sur les salaires et l’emploi au Royaume-Uni ce matin, avant le rapport mensuel de l’OPEP cet après-midi. Ce mercredi 15 mars, nous surveillerons, la production industrielle, le taux de chômage et les ventes au détail en Chine, avant les prix de gros en Allemagne et l’IPC en France, attendue à nouveau en hausse. L’après-midi, nous regarderons les prix à la production et les ventes au détail aux Etats-Unis.

Surveiller les marchés obligataires

Ce jeudi 16 mars, nous serons attentifs aux inscriptions hebdomadaires au chômage aux US, avant la décision de politique monétaire de la BCE en début d’après-midi. Christine Lagarde devrait continuer de relever les taux de 50 pdb comme prévu et conserver un discours hawkish, sans se prononcer sur les prochaines hausses de taux ou l’évolution du bilan, dans l’attente de plus de visibilité sur la crise actuelle.

Ce vendredi 17 mars, l’IPC définitif de février en zone euro sera publié et devrait confirmer une légère baisse au niveau global et une poursuite de la hausse de l’inflation sous-jacente. Ailleurs sur les marchés, les obligations seront suivies avec beaucoup d’attention par les investisseurs — alors que les faillites bancaires ont conduit à la plus forte chute des taux obligataires, notamment aux US, depuis 35 ans.

L’anticipation d’une pause, voire d’une baisse de taux de la Fed, a remis immédiatement en question la force du dollar et la récente hausse des taux obligataires.

Vincent Boy - IG France

Analyste

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