Etats-Unis : les actions complaisantes face aux risques liés au plafond de la dette ?

Asset Management - Aux Etats-Unis, le plafond de la dette se rapproche. Le pays sera-t-il en défaut de paiement dès le mois de juin ? Quelles conséquences sur les marchés actions ? L'éclairage de Ben Laidler, Global Markets Strategist pour eToro.

L’échéance du plafond de la dette américaine, la « date X », pourrait être plus proche que prévu. Le compte courant de la Fed s’assèche, ce qui rend le gouvernement plus dépendant des rentrées fiscales pour payer ses factures. Ces rentrées sont plus faibles que prévu après la récente échéance annuelle, ce qui pourrait accélérer la date X dès le mois de juin par rapport au mois d’août supposé, et exercer une pression supplémentaire sur les marchés.

Les obligations à court terme et les CDS intègrent désormais le prix d’une impasse politique plus précoce et beaucoup plus préoccupante (voir graphique ci-dessous). Mais les actions semblent se reposer sur leurs lauriers. La volatilité du VIX est inférieure à la moyenne, l’apport de liquidités provenant de la baisse du compte général du Trésor s’estompe, tandis que le S&P 500 a chuté de 15 % lors de l’épreuve de force de 2011. La volatilité favoriserait les rendements des obligations à long terme, le dollar et l’or, qui sont des valeurs refuges.

Etats-Unis : les actions complaisantes face aux risques liés au plafond de la dette ?
« Indicateurs de stress du plafond de la dette américaine (15 ans) »
Source : eToro

Signes clairs d’inquiétude

Nous avons commencé à voir des signes clairs d’inquiétude sur les marchés. C’est déjà plus que l’épreuve de force de 2011, elle-même la plus éprouvante des temps modernes. Le coût de l’assurance contre un défaut de paiement des États-Unis a fortement augmenté.

Les prix des CDS sont supérieurs de plus de 50 % à ceux de l’épreuve de force de 2011, tandis que la prime de rendement exigée par les détenteurs de bons d’État à trois mois, qui sont à cheval sur la période de défaillance potentielle, est supérieure de 1,5 % à celle des bons à un mois, ce qui constitue un record.

Le Congrès pourrait augmenter, étendre ou suspendre la limite de la dette. Les républicains de la Chambre des représentants pourraient adopter leur propre projet de loi sur le plafond de la dette cette semaine, mais une grande partie de son contenu sera rejetée par les démocrates. Avec un Congrès fortement divisé et l’élection présidentielle de 2024 à l’horizon, la scène est de plus en plus préparée pour une lutte acharnée à la X-date. 

Turbulences sur les marchés

Cette situation survient après que les États-Unis ont atteint le plafond de leur dette de 31 400 milliards de dollars en janvier. Les marchés craignent de revivre la situation de 2011, année où les États-Unis n’ont jamais été aussi proches d’un défaut de paiement. L’indice S&P 500 avait alors fortement chuté, Standard & Poors avait abaissé la note de crédit AAA des États-Unis et les obligations à long terme s’étaient envolées de 10 %.

Une répétition de ces turbulences sur les marchés, et en fin de compte un ralentissement de la croissance des dépenses, resserreront encore les conditions financières, déjà confrontées à des taux d’intérêt de la Fed de 5 % et à un ralentissement des prêts bancaires.

Ben Laidler - eToro

Global Markets Strategist

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