Banques centrales : treize

Asset Management - En septembre 2023, les banques centrales continuent de lutter contre l'inflation. Quelles politiques monétaires ces institutions mettent-elles en place ? Quelles conséquences économiques ? Les équipes de gestion de Muzinich & Co. publient leur analyse de marché hebdomadaire.

La semaine dernière, les banques centrales ont occupé le devant de la scène – treize décisions relatives aux taux d’intérêts ont été annoncées à travers le monde. Trois banques centrales ont relevé leurs taux, une les a baissés et les neuf autres les ont laissés inchangés (voir le graphique ci-dessous). Signe des temps récents, ce sont les banques centrales ayant laissé leurs taux directeurs inchangés qui ont surpris les investisseurs. 

Banques centrales : treize
Banques centrales : treize
« 3 hausses, 1 baisse et 9 statu quo »
Source : Bloomberg, au 22 septembre 2023. À titre d’illustration uniquement.

Vers de nouvelles hausses de taux ?

Nous nous attendions à ce que la Banque d’Angleterre (BoE) relève ses taux directeurs, mais après une série de 14 hausses consécutives, le comité de politique monétaire (MPC) a choisi de maintenir son taux de référence inchangé à 5,25 %, à l’issue d’un vote à 5 voix contre 4, la voix du gouverneur de la Banque d’Angleterre étant prépondérante.

La Banque a invoqué l’affaiblissement récent des données d’activité et la tendance encourageante à la désinflation qui ressort des données d’inflation du mois d’août. En juillet, l’indicateur OIS (overnight interest rate swaps) a estimé que les taux directeurs atteindraient un maximum de 6,25 %. Le marché n’implique plus que 60 % de probabilité d’une nouvelle hausse de 25 points de base (pb) pour le cycle. 

Le FOMC (Federal Open Market Committee) américain a maintenu son statu quo (comme prévu), mais les investisseurs ont semblé surpris par les projections économiques optimistes du comité. La croissance a été considérablement revue à la hausse pour 2023, doublant à 2,1 % contre 1 % auparavant, et augmentant de 0,4 % à 1,5 % pour 2024. Dans le même temps, le taux de chômage a été revu à la baisse pour atteindre 4,1 % en 2024-2025.

Le comité a continué de prévoir une nouvelle hausse de 25 points de base pour le cycle, mais a considérablement réduit l’assouplissement monétaire prévu pour 2024 ; le taux directeur médian devrait terminer l’année 2024 à 5,1 %, une révision à la hausse par rapport à la projection de juin de 4,6 %, supprimant ainsi 50 points de base d’assouplissement en 2024. 

Rééquilibrage et resserrement monétaire

Parmi les autres banques centrales présentant un intérêt significatif, citons la Banque nationale suisse (BNS), qui a laissé ses taux directeurs inchangés, alors que le consensus Bloomberg prévoyait une hausse de 25 points de base, à l’instar de la Banque centrale européenne (BCE) la semaine précédente.

Selon nous, le président de la BNS, Thomas Jordon, a résumé les pensées de nombreux banquiers centraux en déclarant que « le resserrement significatif de notre politique monétaire au cours des derniers trimestres permet de contrer les pressions inflationnistes qui subsistent » rapporte Bloomberg News (en anglais).

La Banque centrale de la République de Turquie a poursuivi le rééquilibrage de sa politique monétaire orthodoxe, en augmentant son taux directeur à une semaine de 5 % pour le porter à 30 %. Avec une inflation de 59 %, nous pensons qu’un nouveau resserrement sera nécessaire pour amener les taux directeurs en territoire restrictif (taux réels positifs).

Toutefois, nous commençons à voir des signes encourageants indiquant que la politique mise en place depuis l’élection commence à fonctionner, la croissance des prêts étant tombée d’un pic de 110 % en avril à 31 % en septembre (source : Morgan Stanley, Turkey Economics).

Entre risques de récession et inflation

La seule banque centrale à avoir réduit ses taux directeurs a été la Banque centrale du Brésil (BCB), qui a voté à l’unanimité une réduction de 50 points de base de ses taux directeurs, à 12,75 %. L’inflation devrait se situer confortablement dans la fourchette cible de la Banque l’année prochaine. Les taux directeurs devraient également continuer à être ajustés à la baisse par paliers de 50 points de base jusqu’à ce que les taux neutres à long terme soient atteints (les taux neutres au Brésil sont centrés sur des taux réels à 4,5 %).

La principale contrainte citée par la BCB est l’exécution des objectifs budgétaires — un avertissement à destination du gouvernement pour qu’il équilibre son budget en 2024. Alors que la poussière retombe après une semaine mouvementée pour les investisseurs, il semble qu’il ait été difficile de générer de la performance. Quelles conclusions peut-on en tirer ?

Selon nous, un resserrement de la politique monétaire orthodoxe agressive était l’approche la plus efficace pour lutter contre les pressions inflationnistes accumulées, comme en témoignent le succès au Brésil et le revirement de la politique monétaire en Turquie. Le consensus croissant des banques centrales semble être que le resserrement de la politique monétaire déjà en place est suffisant pour maintenir les tendances désinflationnistes sur la bonne voie.

En Europe, le risque de récession semble désormais l’emporter sur les craintes d’inflation, et les effets à court terme des prix de l’énergie pourraient être négligés. À l’avenir, les banques centrales occidentales espèrent pouvoir revenir à leur position préférée, à savoir le maintien de la politique monétaire, actuellement annoncée comme « des taux plus élevés pendant plus longtemps ». 

Les équipes de Muzinich & Co. - Muzinich & Co.

Voir tous les articles de Les équipes de