Fed : l’horizon des baisses de taux recule encore

Actualités - Ce mercredi 31 janvier, la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé à l'issue de sa réunion de politique monétaire que ses taux demeuraient inchangés. L'échéance des baisses de taux — très attendue par les marchés — recule bien au-delà du mois de mars 2024. Quelles perspectives pour les investisseurs ? Le point avec Le Courrier Financier.

Fed : l'horizon des baisses de taux recule encore

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

L’attente se prolonge. Ce mercredi 31 janvier, la Réserve fédérale (Fed) a annoncé à l’issue de sa dernière réunion qu’elle maintenait l’objectif des taux des « fed funds » entre 5,25 % et 5,50 %. C’est la quatrième fois consécutive que la banque centrale américaine annonce une telle décision de politique monétaire. Dans un communiqué publié ce même jour, l’institution précise que ce choix a été fait « à l’unanimité ». En d’autres termes, l’éventualité d’une baisse des taux aux Etats-Unis recule encore de plusieurs mois.

Des marchés trop optimistes ?

C’est un dur retour à la réalité pour les investisseurs les plus optimistes. Mi-décembre dernier, la Fed annonçait qu’elle prévoyait plusieurs baisses des taux en 2024. Toutefois, elle ne confond pas vitesse et précipitation. « La Fed a averti qu’elle avait besoin de plus de preuves selon lesquelles l’inflation se rapproche de 2 % avant de pouvoir réduire les taux. Cette déclaration réduit les chances d’une réduction des taux en mars », commente Paul Mielczarski, Head of Global Macro Strategy chez Brandywine Global — filiale de Franklin Templeton.

Jerome Powell, président de la Fed, reconnaît lui-même qu’il n’y aura sans doute pas de baisse des taux en mars prochain. Un son de cloche qui contraste avec l’optimisme des marchés au T4 2023, en plein rallye du Père Noël. Cette vision doit se réajuster. « Les marchés sont trop agressifs sur l’enveloppe de baisse des taux. D’autre part, selon notre calibrage de la fonction de réaction de la Fed, l’atterrissage à fin 2025 sur le taux directeur se situerait à 4,5 % », confirme Christophe Morel, chef économiste chez Groupama AM.

Etats-Unis, la résilience économique

Quelles perspectives pour l’économie américaine ? Trois ans après la crise sanitaire, plusieurs indicateurs pointent vers la normalisation de l’inflation et des marchés du travail aux Etats-Unis. « L’économie américaine se rapproche de l’équilibre, à savoir une croissance du PIB réel d’environ 2 % et une inflation de 2 %. En réduisant petit à petit le taux directeur en réponse à la baisse de l’inflation de base, la Fed devrait être en mesure de normaliser avec succès les paramètres restrictifs de la politique monétaire », ajoute Paul Mielczarski.

Aux Etats-Unis, le pic de l’inflation a été atteint mi-2022. Dans un récent scénario économique, BNP Paribas estime que l’économie américaine devrait échapper à la récession (même technique), mais pas à une contraction ponctuelle de son PIB au T2 2024. « Six mois de bons chiffres sur l’inflation ne sont pas suffisants pour que le FOMC crie victoire. Cette désinflation presque indolore est en grande partie due à la réduction des engorgements provoqués par les pandémies », explique Paolo Zanghieri, Economiste senior chez Generali Investments.

Et maintenant, où allons-nous ?

« Nous pensons que, d’ici la réunion de mai, la Fed aura suffisamment de preuves pour commencer à réduire les taux, et nous prévoyons un assouplissement total de 100 points de base cette année. L’évolution du resserrement quantitatif sera discutée lors de la prochaine réunion. Nous pensons que la liquidation du bilan se terminera au début de l’année prochaine », conclut Paolo Zanghieri.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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